The Vintage Caravan – Portals
L’Islande n’est pas que le pays des ballades et de la folk (Ásgeir, Björk, Kaleo, Árny Margrét) : c’est aussi une terre de gros rock. The Vintage Caravan, trio mené depuis 2006 par Oskar Logi Agustsson, en apporte une preuve éclatante. Co-fondateur, Guðjón Reynisson a quitté l’aventure en 2015 ; il a été remplacé à la batterie par Stefan Ari Stefansson, qui forme aujourd’hui le trio avec Agustsson et le bassiste Alexander Orn Numason.
Paru le 26 septembre via Napalm Records, Portals est le sixième album du groupe, après The Vintage Caravan (2011), Voyage (2012), Arrival (2015), Gateways (2018) et Moments (2021). L’album s’articule aussi autour de cinq courts interludes instrumentaux, Portal I à V, disséminés dans le tracklisting.
Du rock progressif/psyché au blues-rock
L’ADN du groupe baigne dans un progressif psyché à la Yes/King Crimson, avec le goût des formats amples. Sur Gateways (2018), le somptueux « On The Run » en était l’exemple le plus parlant — paradoxalement plus abouti en studio que sur scène.
Sur Portals, psychédélisme et ballades sont légion : « Philosopher » (feat à vérifier), « Current », très Deep Purple, ou l’excellent « Alone » où l’orgue Hammond de Tomas Jonsson dialogue avec guitares et batterie.
« Alone » s’impose comme l’une des pierres angulaires du disque, mélodieux et entêtant, au même titre que le fulgurant « Days Go By » et la belle ballade folk « My Aurora », qui n’est pas sans évoquer Bon Jovi.
Citons encore, dans le même élan, les décapants « Riot », qui fait rugir les guitares, « Here You Come Again » et ses incessants changements de tempo, sans oublier le plus bluesy « Electrified », aux allures presque pop. « Crossroads », avec la présence d’Ingi Gunnlaugsson, s’avère tout aussi électrique.
Une large incursion dans le blues-rock
Portals est aussi l’occasion d’une large incursion dans le blues-rock : le détonant « Freedom », le tempétueux « This Road » en forme d’épilogue, le lent « Electrified », et surtout le décoiffant « Give And Take », où le trio tutoie le paroxysme à la manière des Californiens de Rival Sons.
Les chœurs (signés Valdis Eriksdottir) apportent une vraie respiration de douceur — « My Aurora » et « Current » en témoignent.
Deep Purple ou Rival Sons, version islandaise
Oskar Logi Agustsson et sa clique n’ont d’islandais que la nationalité tant leur musique agrège les influences : Deep Purple (« Alone », « Days Go By », « Here You Come Again », « Current »), Rival Sons (« Give And Take », « Freedom », « This Road ») ou même Bon Jovi (« My Aurora »).
Six albums déjà, et un groupe qui demeure, à notre goût, encore trop peu identifié par les programmateurs — alors que « On The Run » avait bien cartonné à l’époque de Gateways.
Toujours mené de main de maître par son auteur-compositeur et chanteur Oskar Logi Agustsson, le trio assure, sans baisse de régime : « Alone », « Freedom » ou « Days Go By » en sont des preuves nettes.
Conclusion
Avec Portals, The Vintage Caravan signe sans doute son album le plus accompli. Tel le bon vin, la bande d’Agustsson se bonifie d’un disque à l’autre — sans tomber dans l’image facile. L’expérience s’accumule ; on attend désormais la consécration.
Notre sélection : « My Aurora », « Alone », « Days Go By », « Here You Come Again ».
