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MARC DESSE, Nuit Noire

Bordeaux Rock/Differ-Ant/2014

Marc Desse ou le nouveau-né du rock à textes français. D’inspiration très Téléphone : une voix à la Jean-Louis Aubert, une guitare aux accords post-punk glacials et poétiques, des mélodies à la fois tristes et entraînantes, le charismatique Parisien dévoile un nouvel album sombre, plein d’amour et d’amertume. 

Jeune ambassadeur de la pop française, Marc Desse, 26 ans, s’est d’abord fait connaître aux Etats-Unis en publiant en 2011 son premier single, Petite Anne, sur le label Bleeding Gold, une maison de disques indépendante californienne spécialisée dans l’édition en vinyle et K7 d’artistes shoegaze ou new-wave. L’année suivante, le Frenchy rencontre un batteur américain, David Graw, issu de la scène punk de Detroit, qui donne à ses chansons une touche plus brute. Et Marc Desse finit enfin par se faire remarquer en France, où il assure notamment les premières parties de R. Stevie Moore et Aline.Ce qui fait la spécificité de Marc Desse c’est son profond anachronisme : gominé, affublé d’un blouson noir tout droit sorti des années 60, le jeune artiste chante à la façon de Jean-Louis Aubert, des textes peints en noir que Mallarmé ou Baudelaire eux-mêmes auraient pu composer en leurs temps.
Nuit Noire, dix morceaux qui sont autant d’étoiles perdues disséminées dans un ciel cruellement ténébreux. Marc Desse y tisse son spleen en faisant l’apologie de moments nocturnes qui, à l’orée du jour, ne sont déjà plus. Quarante minutes entre nostalgie, remord et regret. De ces sinistres nuits jaillissent des souvenirs douçâtres de ce qui fut. Souvenirs pleins de cruauté et d’effroi dans Ma fiancé, dans laquelle on devine que la nuit fut le théâtre d’un meurtre sordide. Souvenirs voluptueux d’une chevelure de femme quasi mallarméenne dans Nuit noire. Souvenirs d’une longue nuit d’hiver, où l’on suit l’artiste dans ses déambulations urbaines, à écumer les bars en quête d’une âme sœur, ou simplement d’un peu de chaleur dans Henri et Elsa.
S’en suit l’évocation désabusée d’un flirt l’espace d’Un Instant Heureux. Les nuits sont des prétextes à la plainte, des occasions en or en faveur de l’aurore. Comme dans Ho Babe – C’était Si Bien, ballade suave et langoureuse aux sons synthé glaciaux et aux pleurs de guitare. Le jeune homme y laisse tomber l’armure et dévoile un cœur fragile et tendre, en proie à une passion dévorante pour une femme avec qui il vient de passer la nuit.
Blouson noir d’accord, mais poète blessé, désabusé et sensible avant tout. Il nous fait peu à peu le rapport blasé de ses nuits, comme dans  Chanson pour Olive  qui parle d’un second rendez-vous qui n’ira sans doute pas plus loin “On s’est dit au revoir, comme la dernière fois “.
Fait divers dénote avec le reste de l’album de par son rythme plus soutenu, sa guitare et sa batterie en furie. Marc Desse y traite d’un certain vampirisme amoureux. Il est question de “liaisons dangereuses” et de “se faire sucer le sang“. Gyverny tout en pleurs électriques, évoque une rencontre érotique, instant plein de grâce et de passion, de poésie aussi : «  contempler tes lys, quel délice ». Tandis que Larme fait l’apologie des douleurs d’un cœur torturé.
Nuit Noire, c’est donc cette nuit brumeuse qui n’en finit pas, froide et impitoyable, que l’on rencontre sous un réverbère, au détour d’une ruelle enneigée et qui ne nous laisse jamais indemne.

 

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