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The Murder Capital, Gigi’s Recovery

Le quintet irlandais The Murder Capital fait de nouveau parler de lui, quatre ans après son premier opus When I Have Fears. On parlait alors d’un représentant supplémentaire de cette mouvance post-punk que constituaient déjà Idles, Shame et autres Life. Le sulfureux “More Is Less fut” la tête de gondole de cet album, faisant de The Murder Capital la révélation du genre. Le quintet de Dublin, emmené par son stratège James McGovern, pouvait ainsi se targuer d’avoir toutes les radios et organisateurs de festivals à ses pieds, de Grande-Bretagne s’entend.

Quatre ans plus tard donc, nos cinq meurtriers irlandais reviennent avec Gigi’s Recovery, leur nouvel effort distribué via Human Season Records.

Une longue période d’absence qui, pour The Murder Capital, n’a pas été pour autant de tout repos puisque, deux ans et demi durant, le groupe s’est attelé à la préparation de ce second album, profitant malgré tout des divers confinements et de l’éloignement avec leurs proches.

“A Thousand Lives”, premier single dévoilé de Gigi’s Recovery, fut l’occasion de multiples interrogations au sujet de The Murder Capital : « qu’est-ce qui arrive donc à ces petits gars pourtant adeptes du post-punk ? » Ou encore : « où sont passées la colère et la révolte de The Murder Capital ? » En sommeil, il faut le croire, puisqu’”A Thousand Lives” s’apparente davantage à une chanson d’amour qu’à une diatribe contestataire. « Mille vies avec toi », n’est-ce pas poétique ? En tous cas, de la part du quintet dublinois, il y a de quoi être surpris, voire même dérouté pour les fans de la première heure. En outre, sur le plan musical, “A Thousand Lives” se veut plus électro, tourné vers Massive Attack.

Un virage à 180 degrés confirmé et amplifié avec “Ethel”. Cette ballade façon Fontaines D.C. marque l’assagissement de The Murder Capital, la voix de James McGovern se faisant chaude et grave, à l’image de celle de Grian Chatten sur un morceau planant des Fontaines.

Le quintet irlandais, par ces deux premiers singles, a peut-être perdu en route de nombreux partisans mais, en compensation, semble en avoir gagné d’autres, à savoir les amateurs du style adopté par Fontaines D.C. depuis l’album A Hero’s Death.

« Chasser le naturel, il revient au galop ! » “Return My Head” sonne pour The murder Capital le retour à la colère et aux dénonciations, un courroux du groupe essentiellement motivé par la gestion des confinements et plus généralement la politique désastreuse des décideurs. D’après le sens des paroles de “Return My Head”, The murder Capital exige avec véhémence que les choses changent et, si possible, très rapidement. Pas de pitié ni de répit pour les politiques !

Avec “Return My Head”, les mordus de post-punk retrouvent leur quintet chéri comme en 2019 sur When I Have Fears, un James McGovern au meilleur de sa forme et prêt à en découdre avec tout ce qui lui tombe sous la main. Un retour à la contestation qui n’était que passager, la parution de Gigi’s Recovery va s’attacher à le démontrer. Outre “Ethel”, Gigi’s Recovery accorde une large place aux ballades, qu’elles soient peu orchestrées ou riches en instruments. Parmi celles-ci, il y a “The Lie Becomes The Self”, se résumant principalement à un duo guitare/voix dont l’interprétation serait allée comme un gant à l’autre formation irlandaise, Fontaines D.C. pour ne pas la citer. Guitare/voix certes mais le piano et la batterie sont aussi de la partie.

We Had To Disappear” et l’éponyme “Gigi’s Recovery” sont deux ballades mais qui, cependant, font parfois ressortir le The Murder Capital de Return My Head. Des intonations rock qui justement ressurgissent sur le vivace et fringuant Only Good Things, sans évidemment égaler More Is Less de 2019.

La plus somptueuse d’entre les ballades est indéniablement Belonging sur laquelle de caressantes nappes de clavier accompagnent la voix de baryton suave de James.

Des boucles synthétiques également très présentes dans “The Stars Will Leave Their Stage”, tout comme sur “Crying” et “A Thousand Lives”.

Avec Gigi’s Recovery, The Murder Capital ont prouvé à leurs détracteurs qu’ils pouvaient aussi faire dans le soft et même le sentimental (Belonging, A Thousand Lives) tout en prenant le risque, par extension, de froisser leurs fans les plus fidèles. Un changement de cap qui n’est pas pour nous déplaire, le quintet dublinois nous laissant enfin voir son visage humain. Désolé pour ceux qui ont tant adoré “When I Have Fears” et “More Is Less”, mais ce second album de The Murder Capital fait partie des grands coups de cœur de cette rentrée et nous laisse augurer de formidables moments de musique.

Gigi’s Recovery : l’incroyable métamorphose d’un groupe résolument classé dans la veine post-punk !

Notre sélection : Belonging, Return My Head, The Lie Becomes The Self, Ethel.

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