Le trio britannique Alt-J sonne son retour, cinq ans pile poil après Relaxer. Ce quatrième et nouvel opus du combo de Leeds est baptisé The Dream mais, disons-le tout de go, il n’y a pas de quoi rêver! Cet album met en lumière le cruel manque d’inspiration de Joe Newman (chanteur et guitariste) et de ses acolytes, complètement aux antipodes des premiers disques que furent An Awesome Wave et This Is All Yours pour lesquels la critique positive avait été unanime. « Le réel est parfois plus inquiétant ou exaltant que la fiction » disent les membres d’Alt-J, force est de constater qu’on ne va pas les contredire sur ce coup-là! Comment rêver à l’écoute d’un tel album lorsque, sur la plupart des morceaux, la voix de Joe Newman se révèle sombre et caverneuse, une obscurité qui caractérise d’ailleurs ce quatrième album. Citons par exemple Bane, le morceau d’ouverture, beaucoup trop long pour si peu de réussite. Cela démarrait pourtant bien avec des synthés et une petite chorale jusqu’à ce que, d’un coup d’un seul, tout tourne en vrille! Sans mauvais jeu de mots, osons même dire que Bane est parti en live! La voix de Joe tremble sur ses fondations, certainement à cause des machines électroniques bref, c’est sombre! Les meilleurs morceaux sont les singles déjà dévoilés : Get Better, U And Me, The Actor et surtout Hard Drive Gold, le plus rock et tranchant de cet album. Ce morceau entraînant évoque un jeune trader désœuvré qui trafique des crypto-monnaies et qui, après maintes réprimandes de son professeur, se lance dans d’innombrables recherches sur le néolibéralisme. Musicalement, Hard Drive Gold vaut la peine et on y retrouve un peu le lustre d’antan d’Alt-J : bonnes guitares, incroyables beats de batterie ainsi que voix dynamique et criarde de Joe Newman, comme au bon vieux temps d’An Awesome Wave avec, notamment, Breezebocks. L’autre grand temps fort de The Dream est, sans conteste, Get Better. Triste et lugubre pourtant, son interprétation guitare/voix n’en est pas moins obscurcie, comme le sont Bane, When You’re Gone ou encore Chicago. Get Better aborde le Covid 19 et plus justement la compagne d’un homme qui en est décédée. Pourtant, Joe Newman a fait le bon choix de l’égayer par sa simple voix sans trucages et un magnifique son de guitare. On peut faire des morceaux longue durée mais sans que ça tourne en rond, à l’image de Bane et des six minutes vingt-neuf de Walk A Mile. U And Me et The Actor sont passables, s’écoutent gentiment et sans en être barbé, mais n’offrent rien de révolutionnaire. The Actor raconte l’histoire d’un jeune comédien en devenir qui, pour se faire reconnaître, écume les auditions à n’en plus finir. The Actor est également le dernier single en date d’Alt-J qui, en dépit de ce fade album, aura au moins eu un mérite, celui de sortir les meilleurs morceaux en singles! The Dream, à l’inverse de ses trois prédécesseurs, ne laissera pas une grosse empreinte parmi les albums de l’année et d’une manière générale. On l’oubliera bien vite jusqu’au prochain opus d’Alt-J qui, espérons-le pour les Britanniques de Leeds, sera un peu plus enjoué, à l’instar de Hard Drive Gold. The Dream ou le rêve qui tourne court et dont on se remet sans encombres!
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