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BEACH HOUSE, 7

Trois longues années après la double ration Depression Cherry Thank Your Lucky Stars, le binôme de Baltimore nous revient avec un septième album, le bien nommé 7. Creusant encore un peu plus le sillon d’une dream pop reconnaissable entre mille, Victoria Legrand et Alex Scally offre une oeuvre à la mélancolie douce et enveloppante.

 

Formé durant l’année 2004 dans les lointaines contrées du Maryland, au Nord-Est des États-Unis, le duo Beach House peut-être considéré comme le porte-étendard actuel et mondial de la dream pop. Ce sous-genre « atmosphérique » du rock alternatif (que l’on peut clairement rapprocher du shoegaze de Slowdive ou encore du space rock de Duster) est caractérisé, entre autres, par un chant murmuré et éloigné mais aussi par une guitare faisant la part belle aux « murs de sons ». Deux caractéristiques que la bande de Baltimore, biberonnée aux Galaxie 500 et autres Cocteau Twins, s’échine à introduire dans ses compositions. Deux caractéristiques que l’on retrouve bien évidemment dans leur dernier effort, sobrement et simplement intitulé 7.

 

Un septième album donc. Un septième album d’une discographie qui totalise pas moins de 77 morceaux. Les raisons de donner ce nom à ce nouveau disque sont multiples mais, selon les deux intéressés, une seule est vraiment valable : la singularité. Une singularité qui permet à ce nouveau chapitre de ne pas exercer d’influence initiale sur le consommateur potentiel. L’auditeur est ainsi invité à se plonger dans l’univers nostalgique et embrumé de Beach House, afin de se faire une idée précise du contenu.

L’album démarre en trombe avec Dark Spring, un premier titre où l’aspect mid-tempo, si fidèle au tandem, est grandement mis de côté pour laisser la place à une partie rythmique soutenue et accrocheuse. Un mid-tempo guidé par une batterie enveloppante qui fera son apparition dés le second titre Pay No Mind, pour ne plus nous quitter jusqu’à la fin de l’album.

Les boucles utilisées habituellement par le groupe depuis ses débuts peuvent être discernées sur un titre comme Lemon Glow, où la guitare électrique donne même dans la saturation. Enfin, une forme de saturation. Le binôme américain se permet même une incursion française dans L’inconnue, où Victoria Legrand chante un refrain sous forme de comptine pour adulte.

Si les parties rythmiques développées par Beach House sont souvent d’une simplicité oubliant tout aspects « groovy », le titre Woo sera là pour vous prouver le contraire. La diversité de la batterie et la mélodie en font sûrement la chanson la plus entêtante de 7. Girl of the Year renoue avec le côté mélancolique habituel de la formation, les claviers et la voix accentuant cette impression. On ressent une certaine amertume et la nostalgie d’un temps désormais révolu.

On peut également retrouver certains sons de guitares acoustiques sur des morceaux comme Drink in LA ou encore Lose Your Smile. Cependant, le groupe n’oublie jamais de nous embrasser langoureusement les tympans avec une reverb’ toujours bienvenue.  

Sur Dive, on croit entendre, sur les trois premières secondes de la chanson, l’introduction du final Slow Savage issu du dernier album furieux et brutal des anglais d’Idles. Loin du post-punk distillé par la bande à Joe Talbot, les deux musiciens de Baltimore offrent des compositions denses et rêveuses où les différentes couches sonores s’assemblent pour ne former qu’un tout cotonneux et apaisant. Une richesse musicale et progressive que l’on peut retrouver sur Black Car ou le somptueux Last Ride qui clôt l’album. Si la plupart des morceaux s’étendent sur quatre minutes, ce dernier titre s’allonge pour atteindre les sept minutes. Sept minutes où le groupe peut donner la pleine mesure de son talent en superposant étape par étape différentes nappes sonores. Illustration parfaite du génie créatif des deux comparses.    

        

Au final, 7 s’avère être un album d’une diversité et d’une densité rare. Même si la formule musicale proposée par le groupe depuis un peu moins de quinze ans peut lasser, il est difficile de ne pas succomber à la beauté singulière de leurs compositions. Des compositions chaleureuses toujours marquée par une tristesse optimiste, symbole des sentiments ambivalents que peuvent provoquer de tels morceaux. Ces derniers s’enchaînent, se ressemblent mais forment une globalité d’une cohérence sans faille que l’on avait plus entendu depuis Bloom. Victoria Legrand et Alex Scally viennent de frapper un grand coup avec 7, un album sublime et abouti. Sûrement leur meilleur.

 

Hugo COUILLARD

Artiste : Beach House
Album : 7
Label : Sub Pop
Date de sortie : 11/05/2018
Genre : Dream pop
Catégorie : Album rock

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