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INTERVIEW : BNQT

Le soir du lundi 30 Octobre, le Café de la Danse à Paris accueillait le projet fou d’Eric Pulido : BNQT. Hydre à cinq têtes, alliage étonnant mais homogène entre Midlake et les chanteurs de Travis, Grandaddy, Band of Horses et Franz Ferdinand. Nous avons eu la chance de les rencontrer avant leur concert.

BNQT, ou Banquet, que représente ce nom de formation? Le banquet représente souvent la profusion et le débordement, est-ce que ça peut en être une définition ?

Eric : C’est juste la définition littérale de « Banquet », rassembler du monde, manger, boire et faire de la musique ensemble. C’est l’idée romantique qu’on se fait d’un banquet.

Fran : C’est comme un buffet à volonté à Pizza Hut quoi.

Eric : Oui c’est ça, comme un buffet. C’est là d’où ça vient, et le fait d’en faire une abréviation, c’est parce qu’on voulait éviter de copier le nom d’un autre groupe, on voulait pas avoir d’ennuis. Et puis ça rend le nom plus sympa je trouve.

Est-ce que tous les membres qui sont sur le disque font partie du lineup en concert ?

Eric : Non, ça dépend. Jason, Fran et moi sommes présents sur toutes les dates, Alex est là de temps en temps, Ben aussi, et puis il y a d’autres chanteurs qui sont invités sur certaines dates. Certains seront sur le prochain album, d’autres sont juste des potes.

Eric, Au départ comment s’est fait ta sélection d’artistes pour ce projet ?

Eric : Quand on a commencé, on avait déjà une liste de potes, et on a pensé qu’ils bosseraient bien ensemble, et d’autres avec qui ont avait tourné auparavant. Mais aucun avec qui on avait vraiment fait de la musique. Ça s’est fait assez rapidement. On a vu des amis à Berlin pour un concert de Midlake, on avait fait des concerts avec Jason, avec Band of Horses, et c’est là qu’on en a parlé. Mais à l’époque il nous manquait un quatrième membre parce que McKenzie était en tournée avec d’autres groupes, alors on a …

Jason : cherché sur MySpace. Eric : Ouais… Sur Grindr aussi. Jason : True Story.

Eric : J’essayais pas forcément d’aller vers ces groupes là, mais je pense que ça s’est fait tout seul. C’est juste qu’on adore ces gars, on adore leur musique et on les respecte beaucoup… Ils auraient très bien pu dire « non, on ne veut pas faire ça ». On a juste essayé, et… ça a marché !

Ca a été facile de travailler tous ensemble? Beaucoup de choses se sont faites à distance non?

Eric : (montre Jason et Fran) Avec eux non, ils étaient là tout le long.

Fran : Non, c’était très facile. Moi je suis dans un groupe écossais, et on a toujours regardé vers l’autre côté de l’Atlantique. Il y a tous ces groupes américains que j’écoutais quand j’étais petit. Les américains travaillent d’une manière très différente de la notre. Ils sont plus professionnels, musicalement parlant, ce sont de meilleurs musiciens. Les groupes britanniques sont plus bruts, toujours en train d’apprendre, mais peut-être que ça vient de moi. Donc c’est très bizarre de passer d’un groupe britannique à un groupe américain. De manière générale, je n’avais jamais joué avec un autre groupe que le mien. C’est un peu comme si tu étais marié quand t’es dans un groupe, et quand tu vas avec être un autre groupe, c’est un peu… être infidèle. Et imagine si tu es infidèle et qu’ils sont vraiment bons (rires). T’es là genre « Oh mon Dieu, ces mecs sont vraiment chauds ! » (rires)

Eric : On parle toujours de musique là ?

Fran : Bref, pour rester sérieux, ça a été une superbe expérience. Quand tu as fait la même chose pendant des années, que tu étais aspiré là dedans, ça fait du bien de développer de nouvelles amitiés, de produire quelque chose de frais. C’était vraiment sympa.

Volume 1 signifie une suite évidemment. Tu envisages de poursuivre avec d’autres artistes, ou les mêmes?

Eric : Ce sera avec des nouveaux membres, d’autres potes. Il y en a déjà deux de confirmé, je pense qu’il y en aura cinq en tout. Mais l’idée c’est que quand BNQT fera la prochaine tournée, il pourra y avoir des featurings d’artistes du premier album.

Sur l’ensemble de l’album il y a une influence certaine des années 60 et 70 dans les compositions, Beatles, Fleetwood Mac,…

Eric : Qui ça ? (rires)
Ça a été un fil conducteur, ou c’est le plus grand des hasards?

Eric : Oui, je pense que c’est évidemment dans notre ADN, voler ce genre d’influence, ou les utiliser. Mais je dirai que les chansons en soi… Enfin c’est quelque chose que chacun a apporté dans le groupe. Si on s’était tous posés et qu’on avait passé nos playlists perso, on aurait eu beaucoup de choses en commun. On était pas très inquiets à propos de ça, je ne suis même pas sûr d’avoir parlé de ça avec les autres mecs. Une fois que tu as une chanson et que quelqu’un commence à la chanter, il faut que ce soit naturel, que ça vienne tout seul. C’est comme ça que je voulais que ça marche.

L’idée était aussi de demander à tes collègues de sortir un peu de leurs zone de confort ?

Eric : En fait, je voulais surtout pas qu’on se sente obligés de… Je voulais qu’ils sentent qu’il y avait une certaine souplesse, beaucoup de liberté. De laisser les choses se faire, et voir comment ça évoluait. Je ne voulais surtout pas les diriger, leur mettre la pression du style « Mmmh, j’aurais sûrement pas fait ça comme ça, ça sonne trop Grandaddy, etc.. ». Je voulais qu’ils se sentent tranquille et qu’ils s’amusent. Si c’était pas cool, pourquoi on le ferait ? (rires)

Fran : On aurait pu appeler le groupe « Comfort Zone » d’ailleurs.

Eric : Oui, on va réfléchir à ça.

Il y a l’arrivée des cordes et des cuivres sur pas mal de morceaux, donnant un coté cinématographique à ce projet. Tu peux nous en parler ?

Eric : Oui, absolument. Je voulais que le son soit riche. Les groupes dont on parlait tout à l’heure avaient ce genre de production : les chœurs, les cordes, les cuivres… On avait la chance d’avoir des musiciens très talentueux qui nous ont aidés à réarranger les chansons. Je trouvais que ça marchait pas mal.

Eric, Restart est la chanson la plus rock de l’album, un coté Tame Impala par ailleurs… Je trouve qu’elle fait un peu bande à part sur l’album non ?

Fran : Tu sais quoi, j’ai jamais écouté Tame Impala. J’ai peut-être entendu deux-trois trucs…

Eric : Je pense que c’est une sorte de mélange, de rock psyché et de reverb. Oui, j’ai bien conscience que ça existe, et qu’il faut toujours faire des références, mais je sais aussi que d’autres groupes l’ont fait. Avec Midlake, on a une chanson comme ça, qu’on joue en concert mais qu’on a jamais enregistré, et… Je sais pas, on a juste bossé dessus ensemble, et ça sonnait bien. Je sais pas si c’est rassurant, mais les gens aiment ranger ce que tu fais dans des cases. Je comprends tout à fait, je le fais aussi, et j’adore parler de mes références musicales. Mais en tout cas Tame Impala n’en faisait vraiment pas partie (rires).

Vous êtes content du résultat final de ce premier album, ou y a t’il des regrets, des choses que vous auriez mieux faites, ou explorée ?

Eric : Oui oui, vraiment. Ça a dépassé toutes nos attentes. Il y a juste une chose, ce n’est pas un regret, mais j’avais une certaine vision du projet à la base, qu’il aurait été dur de réaliser. Ç’aurait été d’avoir tout le monde en même temps ici.

Fran : Oui, ça aurait été vraiment cool.

Eric : Mais aussi d’avoir plus collaboré sur les chansons, qu’il y ait plus de chacun d’entre nous sur toutes les chansons. Il n’y a qu’une chanson où on est tous présents au final. Mais ça aurait été dur de le faire, parce qu’à un moment donné on a tous bossé un peu chacun dans notre coin, et quand on se retrouvait c’était dur de tous trouver notre place. C’était un peu comme une cour de récré.

Fran : Il m’a envoyé Real Love, et m’a demandé de faire quelque chose dessus. Et j’avais compris qu’il me demandait d’écrire un couplet ou quelque chose comme ça. Je lui ai écrit un truc complet et le lui ai envoyé, et il m’a fait « Mmmmh, en fait elle est terminée, tu peux juste chanter dessus ? ». J’étais là « Ah oui, désolé ».

Eric : Oui, t’avais bossé tellement dur là-dessus (rires).

Fran : Ouais !

Eric : En fait c’est une chanson à propos de ma femme, donc bon…

Bob, mon collègue dans Sensation rock et grand fan de Nada Surf, trouve que Matthews Caws de Nada surf s’intègrerait bien à ce projet, tu en penses quoi ?

Eric : Ce serait cool. Fran : J’en serais aussi !

Eric : Ils sont géniaux, j’adore leurs chansons, donc oui, pourquoi pas… J’adorerais ne plus avoir à inviter les gens maintenant, qu’ils viennent juste frapper à ma porte et me disent « Hey, il y a un buffet ici ? » « Ouais, viens, il y a de la pizza ! » (rires). C’est là dessus qu’on finit l’interview ?

 

-Noémie

 

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