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CLOUD NOTHINGS, Life without sound

Vous aimez les Pixies, Nada Surf et puis Blink-182 ? Ça tombe bien, Life without sound, le nouveau Cloud Nothings, est taillé pour vous ! Tel un couteau suisse réunissant ces entités, ce disque des teigneux de l’Ohio enregistré en trois semaines avec John Goodmanson (aux manettes également pour Death Cab for Cutie et … Nada Surf, tiens donc ?!) renferme la rage d’un Francis Black, une ribambelle de tubes à la Popular, le tout sur des rythmes punk enlevés. Amateurs de rock US, cette galette est pour vous.

 

Un lissage de surface …

Si vous avez raté un épisode, voici un retour rapide sur ce groupe désormais incontournable. Après un premier album éponyme franchement lo-fi, la formation indie issue de la scène de Cleveland fit le buzz en 2012 avec Attack on memory. Choisissant Steve Albini derrière la console, Cloud Nothings accoucha d’un opus sombre en rouvrant le grand livre du grunge des années 90 (à écouter absolument Wasted Days et son chant nirvanesque). Trois ans plus tard, avec un nouveau producteur, Dylan Baldi et sa bande pondirent un disque hétéroclite, Here and Nowhere else, mêlant voix punkcore (No thoughts), murs de son et balbutiements pop indie. Finalement, ce sont ses dernières pousses, sombres mais porteuses de mélodies qui ont germé en 2017, aboutissant à Life without sound. Une fois encore, un nouveau producteur avait été mis à contribution (d’où une discographie à la trajection biscornue).

Ainsi, avec ce 9-pistes plus fouillé et plus lumineux mélodiquement que ces prédécesseurs, Dylan Baldi et ses acolytes ont développé une aptitude réelle pour composer des singles pêchus et ensoleillés – je sais Cleveland n’est pas dans la Sun Belt étatsunienne … – rapidement repris comme hymnes par des teenagers névrosés, à l’instar de Internal world ou Things are right with you. Cloud Nothings s’est donc approprié la recette élaborée dans les années 90 et perpétuée durant la décennie suivante par Nada Surf et consorts. Aux précédents titres évoqués, rajoutons Sight unseen. Cette trilogie délivre une puissance indéniable reposant sur l’usage répétitif de riffs efficaces, d’un thème musical simple (vous souvenez-vous de Popular ?) avec des guitares contenues sur les couplets grâce des dead notes mettant l’auditeur sous pression (idem sur Enter entirely), d’une voix singeant celle de Matthew Caws et d’imparables refrains, libérateurs de saturation et chantés en chœur (Modern act). En un mot (ou plus), la bande-son parfaite des radios de campus universitaires (Up to the surface), de blockbusters pour ados ou de spots de sports extrêmes.

 

… pour une trame restée rebelle.

À côté de cette facette résolument plus homogène et indie pop, le groupe a gardé une forte identité punk et une propension à l’éparpillement. Puisant depuis 2011 son énergie dans un copieux tonneau punk, une filiation avec les cultissimes Buzzcocks est patente, notamment dans l’énergie folle dépensée – mention spéciale pour le véloce et bourrin Jason Gerycz officiant derrière des fûts éprouvés, notamment sur Realize my fate. Des liens avec les Blink-182 sont aussi perceptibles, en particulier avec l’album Enema of the State. Sur le pont de Sight unseen, la basse de T.J. Duke sonne comme celle de Mark Hoppus ; idem pour l’intermittent piano, tenu par le nouveau-venu Chris Brown, et qui renvoie à 2002, précisément au single Adam song. D’autres clins d’œil en direction du passé sont notables avec le clashien Darkened rings, grâce à une voix plus brute, presque vomie sur certaines syllabes à la Joe Strummer. De même avec la curienne Modern act. Tout y est : le rythme, le chorus même le motif joué ! Enfin, quand il est question d’hurler, notamment à l’issue de ces 38 minutes, le leader à lunettes est à la conjonction d’un Kurt Cobain et d’un Franck Black. Sur l’excellente Strange year aux relents shoegaze, le chanteur devient peu soucieux de la justesse vocale. Seule la furie compte à ses yeux. Il en est de même pour l’ultime et chaotique Realize my fate, qui conclue l’album dans un torrent de larsens. Comme si après 7 titres, le groupe lâchait enfin la bride et revenait à ses premiers amours.

 

Actuellement, Cloud Nothings est un groupe majeur sur la scène rock indie. Agrégeant les éléments les plus efficaces d’un rock made in USA afin de créer ce quatrième LP, la formation est en passe d’accroître sa notoriété en ratissant sur les terres d’un punk mainstream. N’en déplaise, cet album est frais, un brin teenager, prompt à être vénéré par de jeunes skaters et également apprécié par les amoureux du style alternatif et noisy.

  • Benoît GILBERT

Artiste : CLOUD NOTHINGS
Album : Life without sound
Label/distribution : Carpark Records
Date de sortie : 27/01/2017
Genre : indie rock / pop punk / noisy rock
Catégorie : Album rock

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