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DAVID GILMOUR, Rattle That Lock

David Gilmour, guitariste et voix mythique des Pink Floyd, revient avec un sixième album, Rattle That Lock, sorti ce 18 septembre dernier chez Columbia et co-produit par Phil Manzanera et lui-même. Un album qui a fait dernièrement parler de lui pour l’utilisation du jingle de la SNCF dans le titre éponyme. On retrouve un Gilmour liberé des Floyd qui n’a rien perdu de sa superbe à soixante-neuf ans passé.

On ne comprend pas toujours l’engouement pour un concept qui fait le buzz. Pour la petite histoire voilà quelques mois que nous entendons parler dans les médias de l’idée déroutante de Gilmour qui, au cours d’un arrêt à la gare d’Aix en Provence, a décidé de s’emparer du jingle de la SNCF pour le répéter à profusion dans le deuxième titre de son tout dernier album. L’anecdote est amusante, certes. En 1971, les Pink Floyd faisaient chanter un chien dans un micro dans leur magistral live à Pompéi. Aujourd’hui Gilmour utilise la SNCF, soit.

Le risque avec ces anecdotes qui circulent et fondent d’une certaine manière l’histoire d’une œuvre musicale est d’apparenter Rattle That Lock aux quatre notes do sol la mi du jingle et de se perdre en délaissant le reste de l’album. Car cet album dénote complètement avec ce morceau dont tout le monde parle et qui, finalement, agace.

Ce dernier opus de l’œuvre de Gilmour est marqué par une magnifique introduction instrumentale, 5AM, où on semble déceler des cris d’oiseaux survolant un orchestre de chambre accompagné du style inimitable du guitariste qui alterne entre guitares acoustiques et électriques. Une très forte ressemblance avec Wish you were here.

Difficile de ne pas penser à une invitation au voyage où l’heure du départ est cinq heures du matin sur le quai d’une gare. Au fil du voyage, nous croisons quelques fantômes de la vie de l’artiste : sa mère souffrant de troubles psychiques dans Face of Stone, un des deux morceaux où le texte a été composé par lui-même. Titre aérien et mélancolique souligné par un très beau solo de guitare.

Au prochain tournant, le spectre de Richard Wright luit à travers A Boats Lies Waiting. Sentiment d’être sur une plage. Cris de mouette et ligne de piano qui rend hommage à l’ancien claviériste des Floyd mort en 2008. Un saxophone résonne. Néanmoins, ces deux morceaux peuvent aussi être assimilés à la naissance puisque Face of Stone fait résonnance au souvenir de sa mère tenant dans ses bras sa petite fille venant de naître et A Boats Lies Waiting est interprété au piano par le fils du guitariste, Gabriel Gilmour.

Nous vous laissons continuer l’expédition sans nous. En chemin, vous y croiserez avec nostalgie des légendes comme David Crosby et Graham Nash ou encore Robert Wyatt qui collaborent avec David Gilmour sur cet album. Par moment, des interludes jazz qui semblent peu à leur place pourront peut-être vous interpeler (Dancing Right in Front of Me). Ils sont juste le signe que l’artiste se libère de l’emprise des Pink Floyd – tels les oiseaux sortant de la cage ornant la pochette de l’album – et pose des lignes qui résonnent pour lui sans se préoccuper de sa cohérence dans la structure du morceau.

En définitif, un album accompli qui permettra sûrement aux fans du rock progressif de vivre de beaux moments de nostalgie tout en satisfaisant les amateurs de jazz et de blues. Pour ce qui est du jingle, écoutez-le comme celui que vous entendez à la gare et foncez au prochain quai, le seul risque est de finir au coin d’un agréable feu qui crépite avec And Then, lumineuse conclusion.

-Solène Barbier

 

Artiste : David Gilmour

Album : Rattle That Lock

Label/Distribution : Columbia

Producteurs : David Gilmour/ Phil Manzanera

Date de sortie : 18/09/2015

Genre : Rock progressif

Catégorie : Album Rock

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