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LULU GAINSBOURG, From Gainsbourg To Lulu

Fontana/Mercury/Universal/2011

Hommage plutôt banal du fils Gainsbourg – par ailleurs premier au concours de sosies de Johnny Depp – à son papa Serge.
Certains en avaientl’eau à la boucheparce que d’autres le présentaient comme un talentueux musicien, pianiste doué ou excellent chanteur, bref en faisaient les éloges. Soyons réalistes : Lulu Gainsbourg est un pianiste normal et un chanteur ordinaire, pas plus balaise qu’un autre. Pas la peine de le placer sur un piédestal, d’ailleurs le type est du genre modeste.
Par exemple, sur L’eau à la bouche, qui débute l’album, Lulu n’y chante pas d’une voix plus incroyable qu’une autre. Il interprête de manière plutôt sobre ce très beau titre de son père en essayant de conserver tout l’aspect érotique du propos, sans vraiment y parvenir (le clip torride y aide beaucoup, pourtant…). La production est quant à elle très orientée bossa-nova. Quelques interludes instrumentaux à la sauce jazzy pour B.O. de la série Mike Hammer (Black Trombone, Intoxicated Man) sont placés sur le chemin. Plus loin, –
M- et Marianne Faithfull s’auto-parodient (sur Requiem pour un con et Manon, respectivement), Lulu se plante en faisant chanter Shane McGowan en français sur Sous le soleil exactement ; l’ex-Pogues, avec ses refrains dégueulés ça et là, fait d’ailleurs passer Arno pour un modèle de sobriété et de retenue.

Iggy Pop est quant à lui convoqué dans le bureau du directeur pour reprendre Initials BB, mais là aussi l’exercice du chant en français ne fonctionne pas vraiment. Le Stooge fait juste le job avec sa grosse voix de vieux loup, accompagné par un riff de guitare sans âme qui joue la partie Symphonie n°9 de Dvorak. La version de Ne dis rien par Mélanie Thierry et son hôte est aussi plate que Jane B., qui d’ailleurs ne participe pas au disque, pas plus que Charlotte et Bambou mais d’après l’intéressé c’est normal, on avait dit “pas la famille”.
Finalement, peu de titres sont réussis dans ce disque hormis peut-être le duo avec Scarlett Johansson (Bonnie & Clyde), l’aura hautement sexuelle de Scarlett y étant pour beaucoup dans cette histoire. La ballade de Melody Nelson bénéficie d’une relecture assez bizarre puisque les rôles y sont inversés, Vanessa jouant le garçon et Johnny Depp la fille. Johnny Depp n’y fait pas que de la figuration puisqu’il officie derrière la guitare, la basse et la batterie. Le poinçonneur des Lilas est reprise de manière enjouée par Angelo Debarre et ses acolytes maîtres de la pompe jazz manouche. Reste ce Couleur Café plein de fantaisie, fantaisie amenée par la pétillante Ayo et le charismatique Sly “Saïan Supa” Johnson qui rivalisent de vocalises et beatbox, aidés par la guitare sautillante de -M-.

Pour ce premier album, Lulu a voulu rendre hommage à son père, en lui faisant un cadeau posthume et en invitant les musiciens que ce dernier avait côtoyés (Vanessa, Marianne, les musiciens new-yorkais…) comme pour mieux apprendre à connaitre son père. Trop souvent la sauce ne prend, malgré quelques titres frais et décontract’, le soufflé retombe très vite et l’on a parfois tendance à se demander pourquoi on a l’impression d’être dans un ascenseur.

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