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Interview avec Spacey Jane (en français)

Spacey Jane
Crédit photo : Jade Ekpob

Après avoir conquis les scènes d’Australie et bien au-delà, Spacey Jane entame un nouveau chapitre — plus mature, plus introspectif et chargé d’émotions. Le groupe est de retour avec un tout nouvel album, If That Makes Sense.

Sensation Rock a rencontré Caleb Harper, chanteur et guitariste du groupe, pour parler du processus derrière ce disque, de l’écriture, et de leur évolution en tant que groupe.

SR : La France a une longue tradition de chansons poétiques — est-ce que tu te sens proche de cette sensibilité dans ton écriture ?

Caleb : Oui, complètement. Pour moi, les paroles sont la chose la plus importante. Je veux que la chanson me touche au moment où je l’écris, qu’elle me fasse ressentir quelque chose de fort. Si elle a un effet sur moi, j’espère qu’elle aura le même effet sur les autres. C’est vraiment ce qui compte le plus pour moi.

SR : Et c’est difficile pour toi d’écrire ?

Caleb : Parfois, oui. C’est un vrai défi quand tu dois creuser dans des émotions que tu préfères normalement éviter ou refouler, et ensuite les rendre publiques. C’est une expérience assez étrange et unique pour un auteur-compositeur. Mais j’aime ça aussi, parce que c’est libérateur. Il y a une partie de moi dans chaque chanson. Et ce qui est beau, c’est que quand les gens écoutent, ils y mettent leurs propres expériences, leurs histoires. Ils se l’approprient, et ça, c’est très important.

SR : Vous écrivez ensemble ?

C : J’écris généralement les paroles et les mélodies seul, mais ensuite on se retrouve tous pour que chacun y mette sa patte. On veut que la chanson nous appartienne collectivement. On est ensemble depuis longtemps, et il y a de moins en moins de groupes aujourd’hui où tout le monde participe vraiment au processus. On est de très bons amis, et on veut tous sortir la meilleure musique possible. C’est quelque chose de beau à partager.

SR : Et comment naît une chanson de Spacey Jane ? Par un riff, une parole, un ressenti ?

C : Ça dépend. Parfois, c’est un riff, parfois des paroles, parfois juste une mélodie dans ma tête. J’écris toujours des idées, des phrases, et ensuite je cherche une mélodie qui colle. Puis j’envoie à Ashton pour qu’il travaille des parties de guitare, et tout le monde s’y met. Avant d’enregistrer, on joue toujours les morceaux ensemble, pour les ressentir. Ce n’est pas obligatoire, mais ça nous aide à nous connecter à la chanson.

SR : Les paroles viennent après la musique ?

C : Parfois oui. J’ai souvent le refrain très tôt, parce qu’il donne à la chanson son identité. Pour moi, une chanson a besoin de paroles au départ — elles définissent ce qu’elle est. Mais j’en rajoute et je change souvent après. 

Si tu devais décrire Spacey Jane à quelqu’un qui ne vous connaît pas, que dirais-tu ? Ou quel sentiment voudrais-tu qu’il ressente ?

C : C’est un mélange, une sorte de paradoxe. D’un côté, c’est euphorique et joyeux : si tu viens à un concert, tu danses, tu t’amuses. C’est la musique parfaite pour rouler l’été, les fenêtres ouvertes. Mais si tu t’arrêtes sur les paroles, c’est plutôt triste. Donc oui, si tu écoutes trop attentivement, tu risques d’être un peu déprimé — mais si tu ne fais pas trop attention, tu passeras un super moment.

SR : Parle-moi un peu de l’album. Il s’intitule If That Makes Sense, comment s’est déroulé le processus ?

C : On a écrit et enregistré tout l’album à Los Angeles. C’était un vrai choix : on voulait changer d’air, être entourés de grands auteurs et producteurs. C’était très stimulant, mais aussi difficile d’être si loin de chez soi. J’ai vécu à Los Angeles pendant deux ans, les autres allaient et venaient, mais maintenant je suis surtout rentré en Australie. Être dans un nouveau pays, sans repères familiers, a clairement influencé le disque. Il y a un sentiment d’incertitude, de recherche de soi. C’est un album plein d’introspection et de remise en question.

SR : Comment est venue l’idée de faire un nouvel album ? Tu as ressenti de la pression après le précédent ?

C : On a la chance d’avoir une super équipe autour de nous, et surtout on adore faire de la musique. Dès qu’on finit une tournée, on a envie de créer. Ce n’est pas “bon, on commence le prochain album maintenant”, c’est juste : “allez, on s’y remet”. On ne ressent pas vraiment de pression extérieure, mais on s’en met à nous-mêmes. Et c’est une bonne chose. Mais il faut aussi vivre, sortir du studio, être humain. Si tu fais juste des tournées et que tu écris tout le temps, tu perds ce qui te rend créatif. Parfois, il faut une pause.

SR : Y a-t-il eu une chanson qui a défini la direction de l’album ?

C : Oui, deux en fait. Whateverrr a ouvert la porte vers quelque chose de plus minimaliste, plus synthétique, avec un côté pop assumé. Et Through My Teeth, c’est le son indie qui reste au cœur de ce qu’on fait, nos racines. Ces deux titres ont vraiment donné forme à l’album. Whateverrr a été difficile à finaliser : au début, ce n’était que des synthés. Il a fallu du temps pour que tout le monde se l’approprie. C’est normal — on est quatre, chacun avec ses idées. Mais on finit toujours par se retrouver, et on est souvent d’accord sur ce qui sonne juste.

SR : On doit parler de la pochette : elle est floue, mystérieuse, et dégage une vraie douceur. Comment est-elle née ?

C : Je l’adore. Le photographe, Cole, est incroyable. On voulait être sur la couverture, mais sans que ce soit trop frontal. Les photos de groupe, c’est compliqué — quelqu’un finit toujours par dire qu’il déteste sa tête dessus ! Là, c’est différent : ce flou enlève la pression. Ça pourrait être n’importe qui, mais c’est évidemment nous. On bouge ensemble, on avance ensemble. C’est exactement ce qu’on voulait transmettre.

SR : Si tu devais décrire l’album en trois mots ?

Je dirais : tristement tourné vers l’intérieur. Ou vers le passé. L’un ou l’autre.

SR : Ta chanson préférée de l’album ?

C: Probablement, Whateverrr et All the Noise.

SR : Si votre musique était une glace, quel parfum serait-elle ?

Pistache, juste parce que j’adore ça. Ou alors une saveur de chez Jenny’s Ice Cream à Los Angeles — ils ont un parfum qu’on appelle “Gooey Butter Cake”, c’est super américain, mais délicieux.

SR : Et la chanson la plus inattendue dans ta playlist en ce moment ? 

C :Honnêtement, j’écoute beaucoup de podcasts ces temps-ci — j’avais besoin d’une pause musicale. Mais sinon, Hey You du groupe Ballet Lippons, de Melbourne. Ce sont des amis, ils étaient en tournée avec nous aux États-Unis.

SR : Si tu pouvais créer ton propre festival, quels artistes inviterais-tu ?

C : Les Ballet Lippons, bien sûr. Puis Wilco, Arctic Monkeys, et comme on est en France, Phoenix , je ne les ai jamais vus en live. Et j’ajouterais Phoebe Bridgers aussi.

 

Vous pouvez aller écouter dès à présent leur nouvel album « If That makes Sense » 

 

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