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The Kills / God Games

L’Américaine Alison Mosshart et le Britannique Jamie Hince, autrement dit les Kills, effectuent leur grand retour, sept longues années après l’album Ash And Ice.
Une absence entrecoupée cependant d’une compilation de « besides and rarities », à savoir de faces B et d’inédits déjà enregistrés. L’album s’intitulait Little Bastards et était sorti en 2020. Alison, de son côté, avait entrepris une petite aventure solo en faisant paraître quelques singles convaincants. On se prenait même à imaginer l’arrivée d’un album de la chanteuse américaine, lequel n’a hélas jamais vu le jour.

Ce sixième effort du tandem Mosshart/Hince est baptisé God Games (Domino Records), survenant pour les fans précisément comme une bénédiction divine et bien loin d’être un simple jeu.
À propos de cette longue absence, Alison a cru bon de déclarer, comme un impérieux besoin de la justifier: « Nous aurions pu sortir un album il y a deux ans mais il n’aurait pas été à notre convenance. Nous avons voulu prendre notre temps et ne rien laisser au hasard ».
Effectivement, le duo britannico-américain a fait les choses bien sur ce nouvel opus, nous gratifiant de 12 morceaux pleins et de qualité. Les inconditionnels de la première heure regretteront cependant la prise de pouvoir des claviers et du piano au détriment des guitares, bien que celles-ci n’aient pas été pour autant mises au rebus. Elles se taillent d’ailleurs la part du lion sur l’excellent New York, morceau inaugural et premier single dévoilé par le groupe. Comme le titre l’indique, cet hymne tubesque est une ode à la ville qui ne dort jamais, une déclaration d’amour comme d’amitié à Harlem comme à Brooklyn ainsi qu’à d’autres quartiers de cette ville gigantesque. New York (le morceau s’entend) est né d’un séjour qu’Alison a effectué dans la patrie de la Statut de la Liberté il y a deux ans, la chanson ayant été écrite dès le retour de la chanteuse à Los Angeles.
Pour ne pas faire de jaloux, la cité des anges a également une chanson qui l’évoque, à savoir LA Hex, très certainement dédiée à sa gloire. LA Hex, à l’instar de 103, figure parmi les singles extraits de God Games parus en éclaireurs.

Des guitares beaucoup moins présentes sur ce sixième album des Kills, ce qui ne laisse pas d’interloquer les puristes, ceux qui ont toujours aimé le tandem Mosshart/Hince pour leurs compos à consonance électrique. Pourtant, la musique n’est pas faite que de guitares et le duo britannico-américain s’est fait un devoir, sur God Games, d’évoluer vers des sons plus actuels, agrémentés de claviers. Going To Heaven, LA Hex ou encore Wasterpiece sont les symboles de ce virage à 180 degrés des Kills vers les boucles synthétiques. Wasterpiece, musicalement surtout, revêt même une influence Depeche Mode, laquelle saute clairement aux oreilles dès les premières notes. Ne manque plus que Dave Gahan pour prendre la place d’Alison au chant.

Pour l’écriture des chansons composant God Games, Alison dit s’être en grande partie inspirée de ses lectures, notamment celle des mémoires de l’actrice américaine Alexandra Auder. De l’expérience acquise par la chanteuse dont les morceaux se ressentent, regorgeant d’émotion et de maturité. D’un rock brutal et sans concessions, les Kills sont devenus fleur bleue et sentimentaux, particulièrement sur les ballades 103, Love And Tenderness, God Games et plus encore le très court mais néanmoins somptueux Blank interprété piano/voix. Un grand temps fort de ce sixième album où la voix d’Alison se veut câline, veloutée à souhaits. Moins virulents certes Alison et Jamie mais non moins considérés comme denrées jetables et périssables. Tous deux ont encore beaucoup à donner à la musique, God Games en atteste.

Sur God Games, les ballades et morceaux soft ont donc pris l’ascendant sur le rock chargé d’électricité, en dépit des bonnes dispositions du tandem se montrant aussi fringuant que dans les premières années. On en jugera à l’écoute de New York, 103, voire même Love And Tenderness. Alison dont le charisme vocal n’est plus à démontrer, à l’image de la puissance des mots chantés.

Avec God Games, les Kills ont signé un retour gagnant, faisant définitivement taire les rumeurs qui les disaient finis, perdus pour la musique, réduit à ne sortir que des compilations de morceaux jamais encore sortis de terre. C’était sans compter sur ce nouvel effort du tandem britannico-américain qui a, par ses 12 morceaux, changer considérablement la donne. Alison Mosshart et Jamie Hince ne se sont pas précipités pour nous revenir, bien leur en a donc pris! God Games est un album où se côtoient émotion et vivacité, toutes deux mises en exergue par une formidable polyvalence musicale. Les Kills n’ont rien perdu de leur mordant légendaire et c’est tant mieux!

God Games: un retour des Kills par la grande porte!

Notre sélection: New York, Love And Tenderness, Wasterpiece, Blank, My Girls My Girls.

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