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ROVAR / Miles

Il y a d’abord cette couverture de pochette, qui aurait pu être peinte par un Joseph Arthur au plus noir de sa forme. On y voit des corps décharnés, des visages et des silhouettes sens dessus-dessous, et une lumière rouge crépusculaire.

D’entrée, le ton est donné, y compris musicalement avec ce somptueux Hilltop : le mode sera mineur, et la tension sera palpable dans la moindre goutte de sueur acide. Rovar est un power trio composé de Luca Mewes à la guitare et au chant, de Paul Ulrich à la basse et de Bennet Fuchs aux fûts. Ces trois-là ont réussi l’improbable tour de force de remettre le rock et le grunge au sommet du moment. C’est racé, puissant et sans aucune concession.

Les amateurs de Soundgarden et du regretté Chris Cornell, mais aussi d’Alice In Chains et du non moins regretté Layne Staley y retrouveront ce qu’ils ont perdu : la violence et la justesse d’une musique sombre et dévastatrice.

Vient ensuite Back To Light, où les riffs ravageurs, la puissance de la batterie et de la voix de Luca, nous collent un atémi en plein foie. C’est du brutal, et de la pomme, il y en a, mais pas que…

Ces tontons flingueurs dispersent et ventilent un souffle alternativement glacé et brûlant sur nos âmes damnées, et pauvres fous que nous sommes, nous en redemandons !

Une brève respiration, avec l’un peu moins extrême Gaia, même si dès la première minute passée et le refrain arrivant, on fonce à nouveau vers l’antre de la bête. Puis le riff de guitare épouse une esthétique à la David Bowie façon Let’s Dance. Évidemment, le répit n’est que de courte durée, et les trois lascars en remettent une couche. Solo tout en bend et tensions, le blues rock transpire comme jamais, et ruisselle sur nos corps implorants une seule chose : que ça recommence. Bien élevé, le trio s’exécute.

Le titre suivant, vous le connaissez si vous écoutez Sensation Rock : Hell. Tout un programme…

Les portes de l’Enfer s’entrouvrent, et il nous aspire jusqu’à la moelle. On a l’impression de redécouvrir le monde avec l’énergie, la conscience et l’inéluctabilité d’un Kurt Cobain qui aurait ressuscité. Hold on tight, and go through Hell. Avec plaisir messieurs, on a trop hâte !

Sail South nous montre la maîtrise que le combo déploie, et persiste à nous faire penser que ce groupe connaît tous ses classiques, d’Iron Maiden en passant par Pearl Jam. De la très très belle ouvrage. Le solo sur ce morceau frise la perfection, avec des accents de Mark Knopfler et l’expressivité d’un Eric Clapton. Probablement mon titre préféré sur cet opus.

Pause « Kaffee / Kuchen » sur la sublime ballade Gone. Mais qu’on ne s’y trompe pas, le café est très serré et les gâteaux fourrés à la testostérone. Des cordes soyeuses rejoignent le mouvement, avant des notes fabuleuses à l’octave, comme si une 12 cordes céleste avait décidé de nous achever. Vraiment de quoi nous faire hérisser les poils même pour les plus épilés et glabres d’entre nous.

On prolonge le sentiment de douceur avec l’intro magique de Won’t You, comme un vieux blues oublié au fond de la grange, et qui un jour, se déciderait à reprendre de l’ampleur et toute la place qu’il mérite. Pour ceux qui se demanderaient ce que cela donne, c’est tout à la fois Last Train, ZZ Top et Joe Bonamassa qui se seraient télescopés pour notre plus grand bonheur. Une dinguerie, donc…

Single principal de l’album, Way Out est un condensé de muscles et de douceur, de parades et de ripostes, et un titre tout bonnement diablement efficace. Tout y est, rien n’est à jeter, et s’il en reste, vous ne partirez pas sans avoir terminé vos assiettes. Sans doute le morceau le plus accrocheur de Miles.

Black Leaves ne fait pas non plus dans la dentelle, dès l’intro hyper enlevée en power chord. On adore la basse saturée, le solo éloquent, et la batterie d’une efficacité fourbe. Impossible de ne pas dodeliner de la tête, et si j’avais encore des cheveux, de replonger nostalgiquement presque 30 ans plus tôt.

Miles, titre éponyme, cible moins la force que la mélancolie et la beauté inaccessible. Là encore, les câbles sont tendus et prêts à rompre à la moindre anicroche, au moindre brin de paille qui viendrait s’y accrocher. Mais le roseau ploie et ne rompt pas.

L’Outro qui clôt l’album est juste fabuleuse : Debussy et Stravinski peuvent être fiers de leur empreinte. C’est suspendu, léger, apaisant et réconfortant, mélancolique et contemplatif. Un piano éloigné des guitares saturées, qui pourtant ne jure en rien avec l’ensemble.

Les Allemands ont frappé un coup de maître, en nous livrant un premier opus totalement addictif et d’une force « KOLOSSALE » !!!!

Viellen Dank für alles, wir freuen wir darauf, Sie unterwegs zu treffen, solange Sie durch Besançon gehen !!!!!!!!

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