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Ozzy Osbourne / Patient Number 9

Le princes des ténèbres ressort de l’abîme, on parle là d’Ozzy Osbourne.
En 2020, lors de la parution de l’album Ordinary Man, une maladie de Parkinson était diagnostiquée à l’ancien leader de Black Sabbath. Ordinary Man fut bien accueilli par la critique, malgré l’absence annoncée de concerts due à l’état physique du musicien. Pour autant, nous ne perdions pas espoir de réentendre Ozzy dans de nouvelles productions, nous interdisant de prononcer le terrible mot « fin ». Bien nous en a pris d’y croire, papy fait toujours de la résistance et, encore mieux, son treizième effort solo est dans les bacs depuis ce 9 septembre. Un album paru via le label Epic Records.

Ce nouveau LP d’Ozzy Osbourne comporte 13 morceaux et pour titre Patient Number 9. Chiffre 9, quand tu nous tiens! Un titre dédié au défunt batteur de Foo Fighters Taylor Hawkins.
Tout comme Ordinary Man, Patient Number 9 a été produit par Andrew Watt, un fidèle parmi les fidèles, celui sur qui Ozzy peut toujours s’appuyer.
Un album solo certes mais réalisé en équipe, par une bande de copains et de joyeux lurons. Parmi ceux-ci, on trouve Tony Iommi, qui fit partie de l’aventure Black Sabbath en tant que guitariste ainsi que Zakk Wylde, autre fidèle d’Ozzy et accessoirement leader de Black Label Society. Celui-ci est présent sur bon nombre de morceaux dont Parasite, Mr. Darkness ou encore la splendide ballade Nothing Feels Right qui vient de sortir en single.
Tony Yommi, quant à lui, accompagne Ozzy sur No Escape From Now et le très musclé Degradation Rules.
Au nombre des invités, il y a aussi Jeff Beck (Patient Number 9, A Thousand Shades), Eric Clapton (One Of Those Days) et le cofondateur de Pearl Jam Mike McCready (Immortal). Encore plus de featurings donc que sur Ordinary Man où Ozzy n’avait pas répugné à s’attacher les services des rappeurs Post Malone et Travis Scott, mais aussi et surtout d’Elton John dans l’éponyme et émouvant Ordinary Man. Décidément, Ozzy Osbourne a toujours le sens du partage et à 73 ans on ne se refait pas!

Néanmoins, la question se pose de savoir si Patient Number 9 ne saurait pas l’album de trop, s’il n’aurait pas mieux valu qu’Ozzy s’arrête à Ordinary Man. L’âge est là, on en convient, mais la flamme rock qui illuminait encore des morceaux tels que Straight To Hell Under The Graveyard en 2020 semble quelque peu éteinte.
Patient Number 9, single dévoilé quelques mois avant la sortie de l’album, nous avait déjà causé une réelle déception, par trop décousu et brouillon à notre goût. Cela débutait d’ailleurs mal avec les folles excentricités du patient d’un hôpital psychiatrique imitées par Ozzy. Si ces pitreries contribuaient à l’amuser, ce ne fut pas notre cas! Seul point positif de ce morceau : le génial solo de guitare interprété par Jeff Beck, lequel est également présent sur A Thousand Shades.

Ce treizième album d’Ozzy Osbourne, à l’inverse d’Ordinary Man, fait davantage penser à un testament musical, à un épanchement d’Ozzy sur les années écoulées. Une réflexion motivée par les multiples ballades qui jalonnent le disque : A Thousand Shades, One Of Those Days en compagnie d’Eric Clapton ou même l’inutile Darkside Blues, bien trop court et où la voix de l’ancien stratège de Black Sabbath s’avère lointaine, comme effacée. Triste conclusion pour cet album dont on se serait volontiers passé!
Nothing Feels Right, l’un des nombreux featurings avec Zakk Wylde, se révèle être d’un tout autre calibre, mille fois plus attractif. La guitare de Zakk et la voix d’Ozzy se complètent à merveille, la dernière citée donnant à Nothing Feels Right une bonne dose d’émotion. Ajoutons à cela de savoureux riffs de guitare, un gros son rock chargé d’agrémenter cette ballade épique. Ce n’est donc pas un hasard si Nothing Feels Right a été choisie pour représenter l’album en tant que single. Ainsi, l’amère déception du morceau Patient Number 9 a été en partie gommée et la pilule avalée, digérée aussi.

A Thousand Shades et One Of Those Days, trop pop pour des passionnés de bon rock, ne doivent leurs moments de luminosité qu’aux solos de guitare de Jeff Beck pour le premier et d’Eric Clapton pour le second. Ces deux orfèvres de la gratte montrent qu’ils ne sont pas venus là pour beurrer les sandwichs comme dirait l’autre, pour faire de la figuration. Jeff et Eric ont rehaussé la qualité de morceaux fades et mélancoliques.

Sur Patient Number 9, tout n’est pas totalement noir ni à jeter, preuves avec Degradation Rules où Tony Iommi revient en scène après avoir secondé Ozzy sur No Escape From Now et surtout l’explosif Immortal en featuring avec Mike McCready.
Immortal et Degradation Rules nous font replonger dans la grande époque de Black Sabbath, aux glorieux temps où ça fleurait bon le rock et le souffre. Tony Iommi faisait évidemment partie de Black Sabbath, Degradation Rules en est l’incarnation même, la formation de Paranoïd renaissant de ses cendres avec, en maîtres de cérémonie, Tony à la guitare et Ozzy au chant mais aussi à l’harmonica.

Dans Immortal, en dépit de la puissance rock du morceau, Ozzy Osbourne nous émeut pourtant, prononçant notamment : « I won’t die because I’m immortal. » En entendant ce rock et ce son sabbathiens, on aimerait à le croire, mais la réalité est tout autre bien sûr. Ozzy devra bien nous quitter un jour! Cependant, avec Immortal, le vieux lion fait tout ce qu’il peut pour retarder l’échéance, repousser l’inéluctable sine die et force est de constater qu’il y parvient fort bien dans cette interprétation d’Immortal, sans conteste le morceau le plus attrayant de l’album.

Patient Number 9 n’est pas nul mais, il faut bien en convenir, nous laisse un peu sur notre fin, à l’image du morceau titulaire avec Jeff Beck qui se termine « en eau de boudin. » Darkside Blues, avec de la batterie et des guitares plus franches, aurait été une bien meilleure conclusion, sans parler d’une voix d’Ozzy moins éloignée et d’une plus longue durée.
Patient Number 9 n’arrive donc pas à la cheville d’Ordinary Man, plus vivace et moins sombre que ce nouvel album.
Qu’adviendra-t-il du prochain opus d’Ozzy, si tant est qu’il y en est un, mais ne précipitons pas les choses, n’extrapolons pas, à chaque jour et année suffit sa peine!

Patient Number 9 : de l’Ozzy moribond et ressassant le passé dans la mélancolie à l’Ozzy qui ne veut rien lâcher, qui se refuse à rendre les armes!

Morceaux préférés : Immortal, Nothing Feels Right, Degradation Rules.

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