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HELLFEST 2022 – Part 1 – Samedi 18 juin 2022 – Clisson (44)

Samedi 18 juin 2022 – Par Fred

La nuit a été courte mais pas question de faire une grasse matinée, le premier groupe que nous voulons voir se produit en effet à 11h05. Comme prévu, il fait déjà très chaud lorsque nous nous mettons en route. La température va ainsi grimper « dramatiquement » au fil des heures pour chuter de façon spectaculaire en fin de soirée : délivrance !

C’est donc avec Artús que nous inaugurons cette seconde journée de festival et ça se passe à la Temple. Nous ne connaissions pas ce groupe fondé en 2001 à Pau avant de découvrir la programmation. Le fait d’apprendre via le site de leur collectif « Hart Brut » que ce concert sera l’un des derniers de la formation avant une séparation en septembre nous a convaincus de ne pas le rater. Décrire le style pratiqué par Artús ne va pas de soi : sur une base rythmique pouvant évoquer Einstürzende Neubauten, c’est tout un monde de folklore, de légendes et de traditions qui nous est conté par la vielle à roue, le violon et le chant en langue occitane. Magique ! J’espère sincèrement que le groupe se reformera ne serait-ce qu’occasionnellement. Quoiqu’il en soit, j’ai bien l’intention de me tenir au courant de l’actualité des différents projets de ses membres.

On revient à un style musical plus balisé à la Valley avec Duel et leur gros rock stoner bien énervé à la Orange Goblin : les Texans n’ont pas inventé la poudre mais savent la faire parler comme dirait l’autre ! Cette journée commence décidément sous les meilleurs auspices.

Une petite bière au VIP pour partager nos ressentis et nous décidons de retourner à la Valley pour faire ce qui sera pour nous, avec Artús, l’une des plus belles découvertes du jour, j’ai nommé The Picturebooks. Ils sont deux, ils sont allemands, Fynn Claus Grabke au chant et à la guitare, Philipp Mirtschink à la batterie et pour décrire le set de quarante minutes qu’ils balancent devant un public instantanément subjugué, je n’utiliserai qu’un mot : MASSIF ! Les gars de Gütersloh jouent un « delta blues » brut de décoffrage. Le riffing et le chant dégagent un groove extraordinaire, la batterie est réduite au strict minimum, une plaque en métal suspendue en guise de cymbale, grosse caisse, caisse claire et deux toms basses que Mirtschink matraque lourdement avec des mailloches ou avec la paume de ses mains. On en prend plein la cage thoracique : MASSIF vous dis-je ! A l’issue du set, les deux comparses se prennent dans les bras sous les ovations du public qu’ils saluent avant de quitter la scène. Merci messieurs pour ce moment !

A noter que lors de ces concerts « matinaux », les chapiteaux connaissent des affluences inhabituelles : conséquence du « bouche à oreille » concernant la qualité des programmations de ces scènes ou bien la faute à la chaleur étouffante poussant nombre de festivaliers à se mettre à l’ombre ? Outre le fait qu’elle aura été source de belles découvertes pour ces « réfugiés climatiques » la canicule aura au moins permis aux groupes s’y produisant de bénéficier d’audiences qu’ils n’auraient peut-être pas eues en temps normal.

Direction la Temple pour les Norvégiens de Helheim : en activité depuis 1992, le quatuor originaire de Bergen n’a jamais accédé, à ma connaissance, à la popularité des Burzum, Immortal, Gorgoroth ou Taake (programmé sur la même scène à 18h30), de Bergen également. Le Black viking de Helheim n’est pas spécialement rapide ni violent et peut paraître limite monotone : pour peu qu’on s’y abandonne, les mélodies distillées tout au long du set finissent cependant par provoquer un agréable sentiment d’ivresse.

A 14h10, nous nous positionnons à la Valley pour Me and That Man, projet parallèle d’Adam Michal Darski, plus connu sous le pseudonyme de Nergal et leader du mastodonte de la scène black metal polonaise Behemoth. A cet instant de la journée, la barre des 40 degrés est passée. Il y a du monde sous la tente pour voir Nergal « au naturel », beaucoup de monde et malgré l’ombre, l’atmosphère y est sans doute encore plus étouffante qu’à l’extérieur du fait de cette concentration humaine.  Le « dark folk/country » de Me and That Man me lasse très rapidement. Je ne suis pas réfractaire au style pratiqué ici, loin s’en faut : je voue en effet un culte à 16 Horsepower et Wovenhand (que j’ai eu le bonheur de voir à Dijon en 2013). Allez, je vais être cynique et pas du tout objectif : Me and That Man est à ces derniers ce que Canada Dry est à l’alcool…

A 14h40, nous décidons de quitter le site pour faire quelques achats au Leclerc : le fait est que nous petit déjeunons comme des ogres et que les courses effectuées jeudi ne seront pas suffisantes pour tenir jusqu’à lundi. La galerie marchande climatisée de l’hyper est littéralement colonisée par les festivaliers en quête de fraîcheur : certains cassent la croûte, d’autres dorment à même le sol, tous doivent attendre avec impatience la fin de la canicule annoncée pour la fin de journée. Ce qui m’émeut dans ce « tableau », ce sont les usagers que j’imagine réguliers du magasin qui slaloment avec leurs caddies entre les corps, les jambes, les têtes sans jamais montrer le moindre signe d’agacement.

Nous sommes de retour sur le site du festival peu après 16h avec la sensation d’avoir un peu rechargé nos batteries. Éric fonce à la Valley pour assister à la leçon de rock psychédélique des Islandais de The Vintage Caravan

… puis fait un détour par la Warzone où se produit une vielle gloire de la scène rockabilly française des années 80 qui vit actuellement une seconde jeunesse : Washington Dead Cats.

16h45 à la Temple, le « backdrop » aux armes de Kampfar est hissé : les Norvégiens investissent les planches et c’est parti pour trois quarts d’heure de « pagan black » punkisant, intense et habité. Kampfar, comme Rotting Christ la veille, représente pour moi le « metal noir » comme je l’aime en « live » : de la sincérité et de la spontanéité à la pelle avec juste ce « tout petit peu » qu’il faut d’attitude poseuse et de décorum. Le groupe existe depuis 1994 mais sa flamme est intacte !

18h30 : Taake prend à son tour possession de la Temple. Hoest (Ørjan Stedjeberg de son vrai nom), seul maître à bord est entouré de quatre mercenaires (membres ou ex-membres de Aeternus, Gaahls Wyrd, Gehenna et bien d’autres), tous portant des tee-shirts du groupe. J’ai découvert Taake il y a une vingtaine d’années avec « Nattestid Ser Porten Vid », son formidable premier album. Le set est bon mais me laisse sur ma faim : le groupe ne donne pas vraiment l’impression d’être à fond comme leurs compatriotes de Kampfar un peu plus tôt.

A 19h, Éric prend le chemin de la Mainstage 2 pour shooter Steel Panther. Sur la scène attenante, le concert de Rival Sons touche à sa fin…

… beaucoup trop de monde dans la file « photographes » pour les « glameux » d’Hollywood ! Les prises de vue se feront par conséquent depuis le public.

Quant à moi, je quitte Taake un peu avant la fin du set et me place à la barrière pour Messa, à la Valley. Messa, déjà programmé en 2019, est un « jeune » groupe italien de doom qui monte, qui monte… J’en attends beaucoup… trop, peut-être. Instrumentalement, on frise le sans-faute. La musique du groupe nous baigne dans une ambiance lancinante et pesante aux accents orientaux. Malheureusement, le chant de Sara, délicat, dont la douceur et la clarté contrastent harmonieusement avec la lourdeur de l’ensemble, me fera décrocher à plusieurs reprises du fait d’un manque de justesse récurrent. Quoi qu’il en soit, le potentiel est énorme : gageons qu’on entendra parler d’eux à l’avenir.

A 20h30, Ensiferum fait le plein à la Temple : le groupe a manifestement une grosse fanbase. Ce style de folk metal, enjoué et festif n’est pas ma tasse de thé. J’assiste un court instant à leur prestation, le temps qu’Éric prennent des photos : force est de constater que les bardes finnois maîtrisent leur partition ! Allez, il fait soif : direction le VIP en attendant Mono…

« Post-rock » et « instrumental » : deux qualificatifs qui auraient pu nous faire passer à côté de ce qui restera pour nous l’un des concerts les plus mémorables de cette journée, à savoir Mono and the Jo Quail Quartet à la Valley. Nous avons été bien avisés de nous laisser convaincre par le lyrisme de la description de l’évènement sur l’appli du festival. Sur scène, deux quartets donc : celui des Japonais de Mono, une bassiste, un batteur et deux guitaristes (lesquels resteront assis durant la quasi-totalité de la prestation), accompagné de celui, à cordes, de la violoncelliste londonienne Jo Quail. Une heure durant, nous allons être bercés, avec vigueur parfois, au gré d’une succession de pièces musicales, certaines plus longues que d’autres, toutes hypnotiques, jusqu’à un épilogue paroxystique en forme de puissante explosion de tristesse, de tendresse et d’optimisme : bouquet final d’un « feu d’artifice » sonore !

Nous avons cinq petites minutes pour rallier la Warzone au son de Deep Purple sur la Mainstage 2 et assister à l’entrée en scène de Social Distorsion. Fondé en 1978, moins de dix albums au compteur, le groupe de Mike Ness fait partie de l’histoire du punk rock américain. Cerise sur le gâteau, c’est la première venue des Californiens à Clisson, Rock City ! Nous savons déjà que nous ne resterons pas toute la durée du set : il va y avoir du monde pour Envy à la Valley, il faudra donc arriver un peu en avance pour nous positionner. A 22h40, les trois complices de Ness démarrent les premières mesures de l’instrumental « Road Zombie » ; le boss les rejoint rapidement, gapette de voleur de poules vissée sur le crâne, foulard de hors-la-loi masquant le bas de son visage, et envoie ses lignes de guitare « lead » : belle entrée en matière ! Pour le reste on a affaire à du bon punk rock mélodique. Les hits s’enchaînent : « So Far Away », « Sick Boys », « Machine Gun Blues », « Gotta Know the Rules » … J’ai beaucoup aimé en leurs temps les albums « Social Distorsion » (1990) et « White Light, White Heat, White Trash » (1996) : je suis heureux, sans être bouleversé, d’avoir enfin vu ce groupe ! Au deux tiers du set, nous prenons la direction de la Valley.

En chemin, nous nous arrêtons à un « Hell Snack » pour acheter un « hot-dog du Bronx » que nous dégustons devant la nouvelle sculpture à l’effigie de Lemmy : bel ouvrage… et le hot-dog est plutôt bon ! Au loin, la grand-messe de Ghost bat son plein sur la Mainstage 1. Il fait presque frais maintenant… enfin !

23h45 à la Valley : le public est densément présent mais un problème technique semble retarder l’arrivée des Japonais de Envy sur scène. Il faudra attendre une dizaine de minutes avant que celui-ci résolu, les six musiciens (dont trois guitaristes) se positionnent et entament le concert avec « A Warm Room ». Envy pratique un « post-rock/screamo » magnifiquement exécuté mais alternant un peu trop systématiquement séquences paisibles et explosions de fureur, chant « parlé-chanté » et chant « hurlé », chaque morceau étant au final plus ou moins construit sur le même schéma. A revoir, assurément.

Plus assez d’énergie pour assister aux derniers shows de la journée, Vreid et Airbourne

Nous rentrons à une heure du matin, à la fraîche, toutes fenêtres ouvertes, une température affichée sur le tableau de bord de 21 degrés.

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