On n’y croyait plus et pourtant il est enfin arrivé, ce nouvel album de The Sherlocks après tant et tant de mois d’attente! À tel point que l’on avait fini par se demander si ce troisième effort des Britanniques verrait véritablement le jour. Une première sortie était prévue le 19 novembre dernier mais repoussée par la faute d’une sombre affaire de matières premières. Affaire qui n’est désormais plus que de l’histoire ancienne puisque World I Understand, c’est le titre de l’album, est cette fois bien une réalité! Un troisième LP qui fait suite à Live For The Moment (2017) et Under Your Sky (2019) depuis, pour le combo de Bolton-Upon-Dearne, de l’eau a coulé sous les ponts. Le line-up a en effet considérablement évolué : les frères Andy et Josh Davidson sont partis voguer vers d’autres aventures et ont été remplacés par Alex Proctor à la guitare et Trent Jackson à la basse. Alex appartenait à un groupe reprenant des morceaux des Sex Pistols et Trent était astreint à l’équipe de gestion des tournées. Un quatuor donc sensiblement remanié. Autre nouveauté de taille, l’apparition aux manettes de Dave Eringa, producteur des Manic Street Preachers que l’on ne présente plus. Voilà comment World I Understand est né, au bout de tellement de péripéties! Cet album est distribué par Teddy Boy Records.Face aux départs imprévus des frères Davidson, Kiaran Crook, leader charismatique de The Sherlocks, n’a pas caché son appréhension et sa fébrilité quant à la bonne marche des opérations car, comme pour beaucoup de musiciens, la situation sanitaire a été un frein aux séances d’enregistrement. Des sessions qui, dans les premiers temps, se sont révélées peu nombreuses. Cependant, Alex et Trent se sont très rapidement fondus dans le moule en s’imprégnant des anciens morceaux du groupe et Dave Eringa, en véritable patron, est venu chapeauter et coordonner tout ça. Résultat des courses : la greffe et la mayonnaise ont pris, mettant un point final aux dernières inquiétudes de Kiaran. Bonne ambiance de travail, tout comme camaraderie, se sont invitées durant l’enregistrement, ce qui a fait dire à Kiaran Crook : « Pour faire plaisir à Alex, on pourrait très bien jouer des morceaux des Sex Pistols! » L’idée est donc lancée, à vérifier pendant les concerts! Un amalgame entre anciens et nouveaux musiciens qui a visiblement porté ses fruits, puisque les Sherlocks ont retrouvé le mordant qui fit la gloire de Live For The Moment. Under Your Sky, sans avoir été un mauvais album, n’était pas arrivé à la hauteur de cet opus de 2017. Quelques bons morceaux mais pas de grosse révolution musicale, juste de la pop gentillette sans plus. En revanche, avec World I Understand, nos Britishs favoris se sont littéralement surpassés. En premier lieu, parce que de nombreux singles se sont dégagés (pas moins de 5). Dans l’ordre : Falling, City Lights, World I Understand, Games You Play et enfin Sorry (End Of The Earth était sortie avant Falling mais, ne figurant pas sur l’album, il ne compte pas). Porto est une intro courte mais Falling entame les hostilités tambour battant. Le ton de l’album est désormais donné après quelques notes de clavier. Les Sherlocks nous signifient, par leur musique, que le départ d’Andy et de Josh est loin d’être un handicap, bien que la pilule a été dure à avaler. Mais qu’à cela ne tienne, Kiaran et ses trois acolytes avancent, plus forts et déterminés que jamais! Comme aux plus beaux jours, Kiaran Crook ose, envoie un gros coup de pied dans la fourmilière. Nous voilà revenus aux bons vieux temps de Live For The Moment! Falling est une réussite, un vrai morceau rock, mais le meilleur reste à venir, on n’a pas tout vu! Les Britanniques, sur leur lancée, nous offre Wake Up, un morceau qui n’est pas sans nous rappeler le single Live For The Moment. Les Sherlocks, que l’on craignait à juste titre d’avoir perdu, sont bien là et fidèles au poste. À l’époque de la découverte d’End Of The Earth, certaines voix se sont élevées en disant : « on a du mal à reconnaître le style The Sherlocks! » Eh bien, ce nouvel opus se charge d’étouffer ces a priori dans l’œuf et de bien belle façon! Wake Up tape comme il faut, batterie et guitare tournant à plein régime, mais que dire d’On The Run! Explosif, bourré de testostérone, ce morceau sent le rock à pleine oreille. Les Sherlocks sont brusquement montés en puissance, nous gratifiant d’un rock à la puissance 1000 qui, en deux temps trois mouvements, fait grimper les décibels. Kiaran est au sommet de sa forme et de son art, à l’instar de ses musiciens. On se demande alors comment On The Run n’est pas encore sorti en single au lieu, sans pour autant leur faire injure, de Games You Play et de Sorry. Le premier cité se veut plus pop que rock, les grosses guitares étant quelque peu supplantées par les cuivres et un soupçon de guitare sèche, tandis que le second vire presque du côté électro dance. Il aurait été préférable qu’End Of The Earth, absent de la tracklist de l’album, remplace Sorry qui est plutôt décevant. Sorry est le seul bémol de ce LP car des morceaux tels que City Lights, Plastic Heart ou encore l’éponyme World I Understand éclipsent Sorry au rang de faire-valoir et font passer, comme une lettre à la poste, le cachet amer. World I Understand fut l’un des singles étendards de cette troisième galette, morceau rock phare de 2021 suivi, de très près, par Falling et City Lights. Des singles parus en cascade qui ont motivé les réflexions du genre : « qu’est-ce qu’ils nous font les Sherlocks! Ils vont sortir tous les morceaux de l’album en singles avant qu’on ait eu le temps de le découvrir! » En fait non, il en reste encore des morceaux qui mériteraient de devenir des tubes pour les radios. On The Run bien sûr, Plastic Heart, mais aussi Last To Leave ainsi que l’époustouflant Slip Road et son intro trompeuse de claviers qui nous font respirer un air maritime. Ce n’est que le début car la machine bien huilée se met rapidement en branle : batterie, guitare et voix de Kiaran donnent de leurs personnes sans compter. On a affaire aux Sherlocks cru 2017 mais en beaucoup mieux encore! Le tryptique Wake Up/On The Run/Plastic Heart met sans coup férir le feu aux poudres, lequel est tant bien que mal entretenu par City Lights, le sulfureux World I Understand ou même Last To Leave et Slip Road. Tout vient à point pour qui sait attendre et cela a évidemment fini par se vérifier. Les Sherlocks, avec un line-up pour moitié renouvelé, ont mis les petits plats dans les grands pour nous offrir un tel chef-d’œuvre : de bons morceaux rock qui fleurent bon le soufre comme On The Run, Plastic Heart ou encore World I Understand et un léger zeste de pop tranquille avec Games You Play. À charge désormais pour le quatuor britannique de transformer l’essai en live, tournée au cours de laquelle ce troisième album sera dûment étrenné. En évoquant les concerts qui, il faut bien le dire, constituent une part essentielle des revenus d’un groupe, Kiaran Crook a tenu le propos suivant : « Les concerts contribuent à notre rémunération à nous, musiciens, mais aussi à tous ceux qui gravitent autour de nous, de près ou de loin. Sans eux, rien ne serait possible ». En attendant la tournée, World I Understand saura nous satisfaire et l’on s’en contentera volontiers. On The Run ou Plastic Heart n’ont pas fini de défiler dans les enceintes Logitech pour ceux qui ont le bonheur d’en posséder. De furieux beats de batterie et de clinquants riffs de guitare, sans oublier le bon son stéréo, bref tout pour passer un agréable moment de bonne zik! World I Understand de The Sherlocks : quand le rêve devient réalité!
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