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Ayron Jones / Child Of The State

Seattle est la cité du rock avec un grand C et un grand R pour avoir révélé, entre autres, Pearl Jam et Nirvana. Il faut désormais ajouter à ces illustres formations le nom d’Ayron Jones, songwriter et guitariste 
aussi génial que talentueux.
Ayron a longtemps écumé les bars et les clubs de « la ville émeraude » comme il aime à la surnommer, si bien qu’un beau jour le rappeur Sir Mix A-Lot entre dans l’un d’eux alors que le musicien s’y produisait 
justement, lui adressant ces mots : « j’aime beaucoup ce que tu fais, j’ai envie de produire ton premier disque »! Et voilà, l’affaire était dans le sac! Sir Mix A-Lot se muait, le temps d’un album, 
en producteur patenté d’Ayron Jones.

Ayron a également évolué au sein d’un power trio sobrement prénommé Ayron Jones And The Way avec lequel le jeune musicien assura les premières parties des Guns N’Roses ou encore de B.B. King. 
Dès lors, bien que le groupe se soit rapidement disloqué, Ayron Jones a vu un boulevard s’ouvrir devant lui et des opportunités de carrière solo s’offrir, laquelle va effectivement débuter avec Sir Mix A-Lot mais 
demeurera hélas confidentielle. L’album Audio Paint Job paraîtra en 2017, passant quasiment inaperçu. Pourtant, Ayron Jones ne s’en offusque pas, se disant que les gens auraient envie de l’écouter plus tard si, 
par bonheur, il se fait une place dans la musique.
Le style musical de l’américain est un melting-pot de blues, de rock et de grunge, rien d’étonnant quand on vient de la ville de Pearl Jam et de Nirvana et quand on a, pour idole autant que pour inspiration, 
un certain Jimi Hendrix. Ayron emprunte aussi des influences à la musique classique, n’hésitant pas à citer Bach et Mozart. Dans sa jeunesse, au collège comme au lycée, il a pas mal tâté du violon.

Child Of The State, nouvel effort d’Ayron, vient de sortir et cela après des mois d’attente interminable. Un album enregistré sur le label du styliste John Varvatos qui a pris le songwriter sous son aile pour tenter 
de lui faire franchir un palier. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’audacieux pari de Varvatos a réussi, Ayron traçant sa route en ligne droite vers le succès.

Child Of The State peut se traduire par « pupille de la nation ». On ne croit pas si bien dire car Ayron s’est fait pratiquement tout seul, ayant perdu sa mère il y a 10 ans (elle souffrait d’addictions à l’alcool et à la 
drogue) ainsi que son père il y a 3 ou 4 ans environ. Un père qui n’a jamais été présent pour son fils, faisant les choux gras de la rubrique « faits divers ». Néanmoins, Ayron a dédié cet album à ses parents 
disparus, nommés Tammy Owens et Michael Jones qui n’auront pas assisté à l’ascension de leur enfant. Ayron dira : « ma mère est morte bien avant que je rencontre Sir Mix A-Lot ».

Sur Child Of The State, il y a tout ce qu’il faut comme disait, en son temps, la publicité vantant les mérites d’un certain magasin de bricolage. Blague à part, cet opus de 12 morceaux nous emmène tantôt vers les 
somptueuses ballades (My Love Remains, Emily ou encore Take Your Time), tantôt vers le bon rock grunge (Supercharged, Killing Season, Take Me Away). N’oublions pas le côté blues avec 
Boys From The Pudget Sound et aussi Baptised In Muddy Water qui ne peut se définir autrement que par une ode à Mr. Muddy. Au chapitre « hommages/respect, My Love Remains s’adresse à Prince
et à Jimi Hendrix et Ayron de déclarer : « dans My Love Remains, j’avoue que mon but est de rendre hommage et de témoigner mon respect à Prince et à Jimi ». Cette fantastique ballade n’est d’ailleurs pas
sans rappeler Purple Rain, célèbre compo du « kid de Minneapolis ». Michael Jackson a lui aussi droit à sa louange car Take Me Away a été inspiré par les riffs de guitare de Dirty Diana, ce dont Ayron se dit fier. 
Pour information, le clip de Take Me Away a été conçu sur les hauteurs du Space Needle durant la pandémie, la ville émeraude se trouvant pratiquement déserte mais cela restera pour l’américain toutefois un 
grand moment de sa vie qui n’est pas près, semble-t-il, de s’effacer de sa mémoire.

Le versant classique apparaît sur Spinning Circles où un orchestre de cordes marque de son empreinte le début du morceau. Quant à Take Me Away, s’y invitent quelques notes de violon, formidablement bien 
imitées par la guitare.

Ce qui frappe chez Ayron, c’est cette puissance vocale à nulle autre pareille, cette voix dans laquelle se lisent la colère autant que l’émotion à fleur de peau, celle d’un jeune homme au cœur tendre qui n’a pas été 
épargné, tout au long de son enfance, par les coups durs et les déceptions de la vie. Malgré tout, Ayron se dit libre et tend à le rester. Il le crie si bien dans Free qui porte superbement son titre. Que de « I’m free » 
hurlés avec rage par l’américain, une compo qui pourrait réellement servir d’hymne à une jeunesse ivre de liberté ou qui, tout simplement, la recherche.
Dans Mercy, Ayron aborde les manifestations qui ont fait rage aux États-Unis mais aussi et surtout la difficulté d’être noir encore aujourd’hui.
Mercy alterne entre rage et émotion, diatribe antiraciste et monologue de tristesse tout cela bien que, musicalement parlant, ce morceau donne dans le bon gros rock, d’une puissance phénoménale et colossale. 
Dans la même veine, Killing Season fait également parler le prestige des guitares Stratocaster dont Jimi Hendrix se plaisait à faire l’éloge. Ayron, à son tour, s’est approprié cette marque de guitare et en joue, 
en fils spirituel du grand Jimi, avec délectation et à la perfection.

Autre grand moment de ce Child Of The State, la somptueuse ballade Emily. À bonne entendeuse salut, Emily n’a qu’à bien se tenir si l’on émet l’hypothèse qu’Ayron s’adresse à elle en des termes peu flatteurs, 
laissant éclater une colère jusqu’à présent retenue. « Emily, why don’t you let me be » martèle-t-il à l’intéressée.

Un album dont les singles ont plu à torrent, 5 au total : Take Me Away, Boys From The Pudget Sound, Mercy, Spinning Circles et enfin, il y a quelques semaines, le virevoltant Free qui annonçait la sortie tant 
attendue de Child Of The State. Un LP complet, sans fioritures ni ambiguïtés, sur lequel rien n’est à jeter. De Boys From The Pudget Sound à Take Your Time, aucun morceau trop court ni superflu comme il en 
existe hélas sur certains albums. Child Of The State est intense, monstrueux, somptueux et les qualificatifs manquent encore à l’appel pour le définir mais, une chose est certaine, ce surdoué du blues autant que 
du grunge et du genre classique, ce Mozart moderne de Seattle a réussi un authentique exploit : bluffer tout son monde! Chapeau l’artiste!

Si Child Of The State ne figure pas dans les grands albums de cette année, c’est à désespérer de tout! Ayron s’est vraiment donné les moyens pour propulser son album tout en haut des sommets, pas du 
Space Needle mais du rock. Quantité et qualité sont à l’heure, fidèles au rendez-vous.
Tammy et Michael, quoique disparus prématurément sans avoir été à la hauteur dans leur rôle de parents, doivent tout de même être fiers de là où ils se trouvent.

Dans l’attente et l’espoir de voir Ayron en concerts où il défendra ce prodigieux album, notre devoir est de s’en ravager les esgourdes jusqu’à plus soif et avec les 12 morceaux sans exception, de Supercharged à 
Emily ou encore de Free à My Love Remains. On pourrait citer tous les titres, tellement cet album emballe et procure du plaisir.

À Seattle, on respire véritablement le rock et Ayron Jones vient le confirmer. À notre manière, on peut et on doit lui dire un grand Mercy!
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