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FUZZ, III

Fuzz, l’un des nombreux projets du blondinet californien Ty Segall, est enfin de retour avec un troisième album. Celui-ci, sobrement baptisé III, fait suite à II paru cinq ans auparavant.
Pour Ty Segall, on ne parlera pas de retour car l’album Fungus II de son projet Wasted shirt est sorti pas plus tard que le 28 février de cette année. Le californien fut secondé par Brian Chippendale (Lightning bolt’s).

Le trio garage rock Fuzz revient donc par la grande porte avec une nouvelle galette digne de ce nom et sans n’avoir rien perdu de sa verve légendaire.
Derrière les fûts, l’inamovible Charles Moothart qui partage également le chant avec Ty Segall, lequel est toujours aussi adroit à la guitare. Le troisième laron, Chad Ubovich, est chargé de la partie basse.
Aux manettes et au mixage, Steve Albini a été reconduit vu que l’on ne change pas une équipe qui gagne. Une patte Albini qui porte d’ailleurs ses fruits, le célèbre producteur et arrangeur ayant mis un point d’honneur, comme à l’accoutumée, à faire ressortir le meilleur son possible.

Ce troisième opus de Fuzz ne comporte que huit morceaux mais on ne va pas s’en plaindre même si, c’est bien concevable, certains râleurs feront toujours part de leur désapprobation. Quand c’est bon on en veut encore plus, bon c’est comme ça il faut s’en accommoder.
Le trio ne pouvait pas mieux marquer son grand retour avec, on vous le donne en mille, le remuant et saignant Returning, morceau qui entame les hostilités de fort belle manière. Le ton est donné d’entrée de jeu, Ty Segall et sa bande ne lâcheront rien. Dantesques riffs de guitare et généreux beats de batterie figurent déjà au menu de Returning et cela ne fait que commencer !
Pas le temps de souffler, Nothing people s’impose à nos oreilles en poursuivant sur la lancée de Returning. Le trio est au diapason, chacun se défonçant comme un damné sur son instrument. On est en plein dans le garage rock urgent, celui qui n’admet ni fioritures ni demi mesure.
Apaisement avec Spit qui nous ferait presque penser à une petite ballade toute doucette mais il n’en sera rien. Les guitares rugissent à souhait et le chant se montre à la hauteur, bien haut perché dans les aigus.
Arrive la meilleure compo de cet album, ne durant pas moins de six minutes. Time collapse, c’est d’elle dont on parle, commence tranquillou et prend totalement à contre pied par ses incessants changements de rythme , un jonglage qui n’est toutefois pas pour nous déplaire. Dès la première écoute, Time collapse conquiert et ensorcelle de sorte qu’on l’adopte d’emblée : six minutes de pur bonheur comme seul Fuzz peut nous en offrir ! Un rock puissant à la mode 70’s qui n’a rien à envier à Led zep ou Black sabbath.
L’adrénaline et la tension redescendent mais d’un léger cran seulement. Mirror et Close your eyes, quoique moins intenses émotionnellement, envoient néanmoins du lourd  et déchirent tout sur leur passage. Mirror débute par un sublime solo de batterie signé Charles Moothart, rejoint quelques minutes plus tard par la guitare et un Ty Segall réellement en feu qui, décidément, ne donne pas sa part au chien. Ce californien infatigable aux multiples projets et aux mille vies prouve une fois de plus qu’il est une valeur sûre, une figure incontournable du garage rock.
Blind to vines est du même acabit que Spit, trompeur par son rythme planant et surprenant par de soudaines accélérations qui prennent de vitesse. Ce morceau se termine d’ailleurs par une chute brutale de guitare.
Returning ouvre l’album, End returning le referme en apothéose. A peine plus long que Time collapse, End returning s’étale sur sept minutes. Morceau divisé en plusieurs temps, il démarre par une longue période instrumentale très lente avant un emballement de la cadence coïncidant avec l’apparition du chant. A l’instar de Time collapse, End returning n’est pas figé et surfe sans coup férir sur diverses variations de rythmes. Le meilleur pour la fin, c’est bien le cas avec End returning qui nous régale littéralement. On regretterait presque que l’album se termine là-dessus tellement les trois gais lurons ont montré qu’ils en avaient encore sous la pédale, loin d’avoir tout dit.

Les années passent (cinq ans depuis l’album précédent) et Fuzz ne faiblit nullement d’intensité, le trio reprenant les choses là où il les avait laissées. Il faut reconnaître que les deux têtes de gondoles que sont Steve Albini et Ty Segall veillent au grain, tout attentifs qu’ils sont à la bonne marche des opérations. Quand certains combos régressent au fil des albums, Fuzz fait tout le contraire en se bonifiant (on s’épargnera la sempiternelle comparaison avec une certaine boisson alcoolisée) jusqu’à faire de III son meilleur opus , lequel marquera de plus cette fin d’année pour ce qui est des bons disques rock qu’il faut de toute urgence avoir dans sa playlist.

III de Fuzz : un album intensément et résolument rock !

  • Jean-Christophe Tannieres

Artiste : Fuzz

Album : III

Label/distribution : in the red records

date de sortie : 23 octobre 2020

Genre : rock

Catégorie : album rock

 

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