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Hawksley Workman, Less rage more tears

A l’image d’un certain Mark Lanegan, Hawksley Workman fait partie de ces bourreaux de travail, de ces stakhanovistes de la musique qui ne seront jamais, quoiqu’il arrive, en manque d’inspiration. Le superbe Median age wasteland ne date que de l’an dernier, ayant manifestement reçu un accueil élogieux tant de la presse que du publique.
Less rage more tears, vingtième et nouvel effort du songwriter canadien, vient enrichir une carrière déjà bien remplie, faite de hauts et de bas bien que ces derniers semblent être de l’histoire ancienne. La parution il y a quelques mois des singles Around here et Just a dream a suscité en nous quelques interrogations quant à l’éventuelle sortie d’un nouvel album, Dwindling beauty (let’s fake our deaths together) balayant toutes les incertitudes : Less rage more tears arriverait, ça ne faisait désormais plus aucun doute.

Comme son titre l’indique, Less rage more tears laisse libre cours aux larmes et à l’émotion véhiculées par la seule voix d’Hawksley. Une fois de plus, le canadien a décidé, avec les neuf morceaux qui composent cet album, de mettre son âme à nue et cela à l’intension exclusive de ses fans. Les larmes prennent donc l’ascendant sur la rage, laquelle reste au vestiaire : à quoi bon s’offusquer et de quoi au juste, cela n’en vaut pas la peine !
Dwindling beauty (let’s fake our deaths together), qui ouvre Less rage more tears,  renferme à lui seul toute l’émotion ressentie par Hawksley. La voix est tremblante mais met pourtant un point d’honneur à suivre le tempo impulsé par une musique des plus entraînantes. Cette géniale compo, dernier single dévoilé, oscille entre dynamisme musical et sensibilité vocale à fleur de peau.  Dès la première écoute de Dwindling beauty, on l’adopte tout de suite et on ne peut plus s’en passer.
Si Median age wasteland accordait une large place aux ballades (1983, Birds in train stations, Stoners never dream etcetera), Less rage more tears propose à l’inverse  des morceaux trépidants et différemment orchestrés, par exemple Just a dream qui avait surpris par ses claviers.  Avec Just a dream, Hawksley Workman nous livrait une nouvelle facette de sa musique qui aurait pu cent fois nous dérouter si l’on avait pas eu, un tant soit peu, l’esprit ouvert à tout bouleversement. Around here, premier single sorti, amorçait déjà ce tournant musical vers des sonorités électro.
Abondance de boucles synthétiques également sur Tahiti treat, morceau presque taillé pour les boîtes de nuit à l’instar d’ailleurs de Just a dream. Claviers encore et toujours mais moins mis en avant dans Acid wash jeans et Slow suicide (by wine), ce sont eux qui donnent néanmoins le la à ces deux morceaux.
Less rage more tears marque surtout le retour de la guitare électrique comme dans les débuts de carrière du canadien. Good old fashioned acid rain, Acid wash jeans et Slow suicide (by wine) sont les preuves éloquentes de ce virage rock à 180 degrés entrepris par Hawksley Workman.  David Bowie a souvent inspiré Hawksley dans ses choix musicaux, le songwriter le prouve encore avec Good old fashioned rain et Slow suicide (by wine) où le canadien emprunte des envolées vocales au regretté David.
Ces deux compos sont trompeuses pour débuter lentement, l’une par des claviers et l’autre par de simples et gentillets riffs de guitare.
Pourtant tout s’accélère, les guitares grondant avec la voix d’Hawksley portée sur les aigus. Acid wash jeans connaît également un démarrage tranquille tout en claviers, lesquels sont progressivement supplantés par les guitares.
Young & wasted, magnifique ballade, nous rappelle aux bons souvenirs de Median age wasteland et nous fait dire qu’elle aurait largement eu sa place sur cet album de 2019 avec Italy ou encore 1983. Young & wasted est un morceau d’Hawksley comme on les aime, un formidable réservoir d’émotion et de gravité jusqu’à présent pudiquement contenues.

En dépit d’un sensible bouleversement musical constaté, Less rage more tears ne déçoit pas le moins du monde. Les deux premiers singles Around here et Just a dream ont quelque peu surpris, on l’a dit, mais Hawksley Workman ne s’est pas non plus complètement métamorphosé. Il demeure toujours égal à lui-même : un songwriter de renommée, particulièrement émotif et écorché vif mais qui ne triche jamais.
Less rage more tears : l’album des bouleversements musicaux et de la confirmation, s’il en était encore besoin, d’un grand songwriter !
-Jean-Christophe Tannieres

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