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Bright eyes, Down in the weeds, where the world once was.

On avait perdu espoir de réentendre Bright eyes dans de nouvelles compos, force est de constater que nous devions rester optimistes. Le trio indie rockdu Nebraska vient en effet de créer l’énorme surprise de livrer son dixième album, celui-ci coïncidant avec les vingt-cinq ans de sa formation. Ce LP s’intitule Down in the weeds, where the world once was.
La dernière apparition studio de Bright eyes date de 2011 et plus précisément l’album The people’s key. Depuis, peu de nouvelles des membres du groupe hormis Conor Oberst, songwriter et leader du trio américain, qui s’est consacré à divers projets parallèles (Desparecido entre autres).

L’idée d’une reformation du combo D’Omaha (Nebraska) n’est pas née d’aujourd’hui mais en 2017 à l’initiative, fort logiquement, de Conor Oberst.  Le grand bouleversement réside dans le fait que Mike Mogis et Nathaniel Walcott (les deux autres larons du trio) auraient désormais voix au chapitre  sur la composition des chansons, Conor se réservant pourtant la prise de décision finale.
Mike Mogis, puisqu’on en parle, s’est lui-même chargé de la partie arrangements, tâche dans laquelle il excelle avec brio.

Ce nouvel opus est fleuve puisqu’il ne compte pas moins, excusez du peu, de quatorze morceaux. Le terme de LP n’a jamais été aussi bien approprié car la quantité est là.
Dans cet album, plusieurs thèmes sont abordés alors que d’autres se plaisent à ne faire ressortir qu’une seule idée directrice.
Il y a tout d’abord la vie et le parcours de Conor Oberst tout au long de ces dernières années, entre sa carrière solo et ses déboires conjugaux qui se sont soldés par un divorce tumultueux. Mariana Trench allie les deux sujets quand Hot car in the sun, ballade mélancolique pour piano, traite uniquement du divorce.
Pageturners rag s’apparente à un dialogue théâtral mettant en scène la mère de Conor et l’ex-épouse de ce dernier. Curieux morceau où s’entend l’espagnol et une musique de folklore, la voix d’Oberst demeurant inexistante.
D’une voix vibrante et tremblante, Conor dit dans l’une des chansons en évoquant son ex épouse : « tu me traites de Peter Pan. » Conor a également eu la douleur de perdre son frère, c’est Tilt-a-whirl qui en parle le mieux.
Les attentats de Paris en 2015 sont aussi très présent sur ce nouvau disque, mis en musique par Stairwell song et To death’s heart (in three parts) mais aussi, par intermitence seulement, sur Tilt-a-whirl.
L’optimisme reste malgré tout de mise par le biais de compositions telles que Dance & sing, Just once in the world ou encore One & done, voire même le deuxième single Forced convalescence.

Musicalement parlant, Bright eyes n’a rien perdu de la créativité qui a toujours fait son charme. Ce nouvel album sonne folk jusqu’au bout des ongles, plaçant Bright eyes parmi les meilleures formations indie américaines de ces vingt-cinq dernières années.
Sonorités folk sur Persona non grata, premier single issu de cet opus, un parfum d’Ecosse s’insinuant à nos oreilles par le son d’une cornemuse. Persona non grata est une somptueuse compo, indéniablement l’une des plus abouties du LP.
Chez ces américains, magnifique rime souvent avec mélancolique mais loin de nous l’idée de leur reprocher. Hot car in the sun, à l’instar de Tilt-a-whirl, figurent parmi les ballades indie folk qui comptent sur ce nouvel album de Bright eyes. Ne passons pas sous silence Calais to Dover et surtout Comet song, cette dernière  étant parfaitement orchestrée de cuivres et de piano.
En dehors du trio mené par Conor, quelques invités sont venus grossir les rangs : la chanteuse country Susan Sanchez sur Pan & Broom, ainsi que le bassiste Flea et Jon Theodor, batteur de Queens of the stone age ou encore de The mars volta.

Retour par la grande porte pour Bright eyes, lequel nous enchante réellement. Les petits gars du Nebraska sont heureux de nous retrouver et autant dire que c’est réciproque.
En dépit des épreuves subies par Conor (décès de son frère et divorce), celui-ci a su insuffler à Mike Mogis et Nathaniel Walcott un état d’esprit optimiste et volontaire. Ne pas se laisser abattre, continuer coûte que coûte à faire ce que l’on aime malgré les coups du sort. Bien en a pris à Bright eyes, une attitude positive qui a donné raison à ce touchant groupe indie folk. Espérons juste ne pas devoir attendre neuf ans le prochain opus !

 

Note de 7 sur 10.

Jean-Christophe Tannieres

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