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INTERVIEW FONTAINES DC

Fontaines DC donnait le dernier gros concert de sa tournée européenne à Belfast le 12 Décembre dernier. On y a rencontré Conor Deegan III, le bassiste du groupe juste avant leur show au célèbre Ulster Hall.

 

  • « Il semblerait que vous n’ayez pas été surpris par le succès de « Dogrel ». Vous avez même dit que c’était l’un des albums du siècle. »

« Rires. Nous étions très contents de l’album mais je ne suis pas sûr que l’on ait dit exactement cela. On aime beaucoup le disque, c’est vrai. On a essayé de faire les meilleurs morceaux possibles. C’est cool que les gens l’apprécient. »

 

  • « Vous avez été nominés pour le Mercury Prize. Déçus de ne pas l’avoir remporté ? »

« Non, parce qu’être nominés n’était pas un but en soi. Néanmoins, cela amène des retombées positives. Cela te permet de booker des festivals encore plus facilement, par exemple. »

 

  • « Vous avez beaucoup tourné cette année. Je vous ai vu plusieurs fois dont une au This Is Not a Love Song à Nîmes, particulièrement épique. »

« Oh mon Dieu. On avait bu du whisky et pas mal de bières entre le premier concert que nous avions donné plus tôt dans la soirée et celui-là. Je me souviens avoir donné ma basse à un mec de la sécurité. Il y avait une vraie intensité durant ce show. Le public était à fond. Je trouve d’ailleurs que le public français est l’un des plus passionnés qui soit. Au Bataclan, des gens nous ont envoyé des roses sur scène. Il y a un vrai feedback avec le public en France. C’est cool. »

 

  • « Vous venez de jouer deux soirs de suite chez vous à Dublin. J’imagine que cela a été quelque chose de spécial. »

« On était très nerveux le premier soir. Nous étions de retour à la maison après en être partis un an auparavant. Il y avait nos familles, nos amis. Cela a été comme une célébration de Dublin. Durant « Dublin City Sky » les gens criaient. On a été fiers de sentir toute cette émotion partagée. »

 

  • « Vous vous considérez comme des héritiers de James Joyce dans la manière de décrire Dublin ? »

« Je ne sais pas vraiment. Je ferai attention au fait de se comparer à une figure comme Joyce. On célèbre Dublin de la façon la plus honnête qui soit. »

  • « Vous jouez ce soir pour la première fois à Belfast. C’est quelque chose de particulier pour un groupe irlandais de jouer en Irlande du Nord ? »

« C’est étrange parce qu’effectivement, c’est notre tout premier concert ici. On a dû annuler deux shows à Belfast dans le passé : l’un à cause d’une tempête de neige, l’autre à cause d’un ouragan. On pensait que la nature nous empêchait de jouer ici. Je pense que notre génération est plus individualiste et se préoccupe beaucoup moins des problématiques Irlande/Irlande du Nord. »

 

  • « Ce concert était prévu dans une plus petite salle. Il a finalement lieu au Ulster Hall. »

« C’est magnifique. La salle est superbe et plus grande que là où nous venons de jouer à Dublin. Ce sera notre dernier gros concert de l’année avant de prendre deux semaines de vacances. »

 

  • « Qu’est-ce que vous a amené 2019 avec la sortie de l’album, les tournées incessantes, la nomination au Mercury Prize, les critiques élogieuses du disque ? »

« C’est comme si toute notre vie s’était déroulée cette année. »

 

  • « Vous préparez déjà un nouvel album ? »

« Il est prêt. Il sortira l’an prochain. Nous voulions faire un nouveau disque très rapidement. On a annulé quelques festivals cet été pour prendre du temps afin de l’enregistrer. »

 

  • « Le nouvel album ressemblera à « Dogrel » ? »

« Il sera à la fois pareil et différent. »

 

  • « Vous avez été considérés comme faisant partie de cette vague anglaise post-punk mais vous ne l’êtes pas vraiment. »

« Clairement. Je n’aime pas les concepts. Même Idles pour moi n’est pas post-punk. Ils prennent dans leur musique des éléments du hard-core américain plus que du post-punk. Ils ne sonnent pas comme Joy Division. Je nous considère simplement comme un groupe de rock. »

 

  • « Vos concerts dégagent une tension particulière. Vous la ressentez également entre vous, sur scène ? »

« Totalement. Il y a cette électricité entre nous, effectivement. Elle existe aussi avec Dan Carrey, le producteur de « Dogrel ». Lorsque nous sommes tous les cinq dans une pièce, nous le cherchons toujours comme s’il manquait un élément lorsqu’il n’est pas là. »

 

Pierre-Arnaud Jonard

 

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