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TEENAGE WRIST, Chrome neon Jesus

Arriver après la bataille n’est pas chose facile. Autrement dit, lâcher un disque en 2018 est un exercice périlleux consistant à grignoter dans les assiettes et la discographie des prédécesseurs. Quand c’est involontaire, cela se pardonne : l’inculture existe – encore plus aujourd’hui avec Internet (ironie et sarcasmes)–, le foisonnement artistique aussi. Quand cela est fait sciemment, on est en droit de se poser la question : pourquoi ?

1-Manque d’inspiration ? Votre carrière sera compliquée et courte de fait.

2-Un hommage ? Commencer par un tribute c’est cacher l’identité du groupe derrière la lumineuse et géniale légende d’antan.

Bref, cette chronique de Chrome neon Jesus, premier LP de Teenage Wrist n’est pas là pour servir la soupe. Ou alors réchauffée et rallongée avec (beaucoup) de l’eau.

 

All apologies

Soyons bons joueurs et pardonnons à ce trio californien (comptant Marshall Gallagher au chant et à la guitare, Kamtin Mohager à la basse et Anthony Salazar derrière les fûts) d’être né après Smith, Corgan et bien d’autres. Voilà. Toutefois ce premier disque, faisant suite à leur EP de 2015 (Dazed), donne d’emblée un réel goût de déjà-vu/entendu. Des 11 titres que compte l’opus, tous semblent extraits des années 90. Mi-grunge, mi-shoegaze. Chacun reconnaîtra les accents mélodiques (Supermachine) et puissants des Smashing période transitoire Mellon Collie / Ava adore, à titre d’exemple avec l’intro de Dweeb qui mêle une basse pesante à une sinistre et dissonante gratte. Une exagération ? Que nenni. Je n’ai pas le temps de finir d’écrire cette phrase que Billy Corgan semble égrainer des arpèges dégoulinants de chorus sur les couplets. Au premier abord, cela n’a rien de déplaisant quand on apprécie la bande du chauve tyrannique, mais quitte à faire on préférera écouter l’original. Idem lorsque ça sent également à plein nez le shoegaze de My Bloody Valentine (Kibo). Là encore, la copie fait pâle figure lors de cet interlude tout en fade in/out et en guitares plaintives. Ici les 6-cordes sont bien trop timorées en comparaison avec celles de la bande de Kevin Shields, véritables disqueuses saturées jusqu’à la nausée. Ailleurs, c’est le fantôme de The Cure qui hante les mélodies (Daylight).

 

Very bad trip

Chrome neon Jesus est surtout un album qui peine à décoller. La couche d’emo considérable dans les refrains n’arrange rien (Chrome neon Jesus, Dweeb), ça traîne et la même recette est perpétuellement servie. Question nouveauté, nous repasserons. Ne l’oublions pas, mais la batterie a aussi sa part de responsabilité dans la pesanteur de cette galette. Dynamique et jouissant d’un mix très appuyé (merci qui? Merci la prod’!), elle ne dépasse pas le cadre pop punk et s’avère peu exubérante, peu variée même. On est à des lieues d’un Travis Barker ; le jeu de Meg White semblait presque plus audacieux. Blague à part, les intros de Swallow ou de Black flamingo aussi prometteuses soient-elles sont finalement des feux de paille bien tristes: les rythmes qui suivent sont d’un conformisme désarmant. Idéal pour les radio des campus US ;  au vu de l’actualité (des facultés) française(s), ce n’est pas le disque le plus adéquat. Paris sous les bombes serait plus de circonstance avec Qu’est ce qu’on attend, La fièvre, … Bon je digresse. C’est avec un altruisme sans borne que l’on va jusqu’aux derniers titres, Spit et Waitress, deux morceaux lents et poussifs. Le premier des deux reprenant clairement les ficelles des Citrouilles – une pop cristalline ponctuée par un final bruitiste d’une grosse trentaine de secondes – c’est à croire que Carlos de la Garza n’était pas derrière la console à ce moment précis, peut être las d’écouter tant de faces B qui auraient été refusées dans les années 90.

 

Avec Chrome neon Jesus, rien de nouveau sous le soleil de Californie. En fait si : le temps semble s’être assombri, le rythme engourdi, comme si la West Coast ne faisait plus rêver. Plus sérieusement, il s’agit là d’un album sans réelles prises de risque. Une resucée d’une période plongée dans la nostalgie, affichant en grosse lettres lumineuses « mélancolie et tristesse infinie ».

-Benoît GILBERT

 

Artiste : TEENAGE WRIST

Album : Chrome neon Jesus

Label/distribution : Epitaph Records

Date de sortie : 09/03/2018

Genre : shoegaze

Catégorie : Album rock

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