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ROCK YOUR BRAIN FEST – DISORDER DAY, Samedi 21 octobre 2017, Les Tanzmatten, Sélestat (67)

Rock Your Brain Fest, acte 2 ! Aujourd’hui à Sélestat c’est la journée de la crête et des épingles à nourrice… A la vue du hall central des Tanzmatten bondé de keupons de tous âges, qui s’affairent aux stands de merchandising des groupes du jour, proposant fanzines et vinyles indépendants, mon propos n’est pas galvaudé.

 

The Moorings ont l’honneur et la mission délicate d’ouvrir ce samedi. En effet, l’heure est précoce, mais les Sélestadiens sont tous sourire. Cela faisait un bout de temps qu’ils n’avaient pas joué à la maison. Et le public est au rendez-vous : en l’espace de 3 titres, la salle est remplie. Belle performance. Avec leur musique aux accents irlandais proches des Flogging Molly, la formation génère des trémoussements une bière à la main, un peu comme … la nuit dernière avec Alestorm ! On a l’impression que la fête reprend pile où on l’avait laissée. Pas tout à fait, car désormais le chanteur à la casquette de marin interprète certains titres en français, comme cette reprise d’Amsterdam dans une version remuante. Quant au personnel de service, il n’a pas opté pour le dresscode des Ecossais, à l’image de Nicky Sickboy, le guitariste affublé comme un droogie cher à Kubrick, qui troque un temps sa 6-cordes pour un banjo afin de répondre aux airs de pub dublinois joué par la violoniste. L’ambiance est bon enfant et le show se termine avec un pogo. le premier d’une longue série ce soir.

 

Acte 2, Scène 2 : entrée Des Sales Majestés. Et avec eux, l’ambiance monte encore d’un cran dès les premières notes de Camarades. Bras levés et cris à tue-tête, c’est un joyeux bordel qui est donné à voir dans la salle. Aux premiers rangs, on commence à manger des baskets par dizaines tant les slammers sont légions. Un homme à la crête soigneusement montée se dresse même sur la crash-barrière ; « Keupon d’un jour, Keupon toujours » visiblement, les paroles de LSM sont viscérales pour certains ! Les hymnes politiques entonnés par Yves Cessinas et son t-shirt Sois pauvre et tais-toi ! font mouche à chaque fois. Contestataires comme au premier jour, les musiciens égratignent les hommes/femmes politiques, le MEDEF en prend pour son grade (« Les patrons c’est comme les cochons »), les harceleurs également, bref tout y passe. L’ambiance est tout de même décontractée, voire familiale. Sur Petit Papa Noël, le groupe fait monter des enfants présents dans la salle. Le signe des cornes au bout du bras, la relève du punk est là. (…) Une vingtaine de chansons plus tard, la salle est en nage. Les Sales Maj’ ont gagné ce second round en concluant de façon chiasmatique avec Camarades. Les potes, le crew, un échappé de la fosse sont aux micros avec le groupe et reprennent le morceau à gorge déployée, tandis que la foule se fend de nouveaux pogos et de quelques crowdsurfings. Heureusement, les agents de sécurité sont sur le qui-vive, mais la soirée et encore loin d’être finie.

 

Il pleut généreusement dehors, rares sont ceux qui veulent s’en griller une ou gagner le foodtruck pour se sustenter. Bref, lorsque les Ludwig von 88 rentrent dans l’arène, la salle est bondée. La formation offre une prestation résolument placée sous le signe de l’humour : le chanteur arrive avec une perruque frisée, le guitariste a les traits d’un gaulois, tandis que le bassiste a l’allure d’un surprenant viking. Ici pas de batterie, mais un DJ au beau milieu des fleurs. D’entrée de jeu, ces amuseurs de galerie multiplient les grimaces, les poses, les explosions de cotillons et autres simulacres pyrotechniques qui déchaînent une foule qui n’attendait que cela. Les interactions avec le public et les titres décalés, comme Oui Oui et la voiture jaune, Louison Bobet for ever ou Nous sommes des babas, enfoncent un peu plus le clou. C’est dans une atmosphère folle et pleine de moiteur que se clôt ce troisième concert. Disorder day ? Tu m’étonnes !

 

22h, Les Tanzmatten sont désormais reconvertis en fournaise. Il n’en fallait pas moins comme préalable pour apprécier de la meilleure façon qu’il soit les brûlots assénés par Les Shériff. Pendant un peu plus d’une heure, les Montpelliérains vont à leur tour chahuter Sélestat À coup de batte ou À la chaleur des missiles. Le son est plus lourd que précédemment, les titres qui s’enchaînent à grande vitesse plus rentre-dedans. Jouer avec le feu tend vers l’apothéose de cette survivance de la scène alternative française des années 80. Encerclé par des guitaristes peu enclins à sourire ou caché sous une profonde cagoule, Olivier Téna est un personnage charismatique, survolté, la rage au ventre et le regard comme possédé durant tout son tour de chant. Invité à rester durant tout le show dans le pit, je constate qu’une partie du spectacle se donne à voir côté foule. Passée la femme aux seins nus calés sur la barrière, les 2 500 festivaliers font vibrer leurs cordes vocales. Les beats punks martiaux invitent à un pogo monstrueux qui peine à s’arrêter et les dizaines de slammers finissent tous par être recueillis par une sécurité bienveillante. Le groupe jouera plusieurs rappels durant une demi-heure avant de se dérober pour de bon.

 

Minuit, le trio aux indécrottables lunettes de soleil doit parachever la soirée. Et c’est avec humour que le groupe fait son entrée côté jardin. La sonorisation laisse retentir des bruits de pas, une porte qui s’ouvre (Thriller de M. Jackson ???) avant de lâchant un Hello ! blagueur. Pourvus de leurs panoplies taillées dans du tartan, les trois gus débarquent avec la banane et livrent une prestation carrée. L’impro semble proscrite, toute chorégraphie est soigneusement millimétrée : on fléchit les cannes à tour de rôle singeant un va-et-vient de piston, on traverse à grandes enjambées la scène de part en part, on s’aligne tout en redressant guitare et basse à hauteur du bassin, bref ces gars sont des pros. Des punks, oui mais des pros. Tous leurs standards y passent, y compris la chanson traditionnelle When the saints go marching in à la sauce Toy Dolls. La brosse d’antan, le sourire et la voix très aigue de Michael Algar sont toujours au rendez-vous. Et ses acolytes ne sont pas en reste. C’est une grande plongée dans l’Angleterre des années 80 qui est offerte au cœur de la nuit sélestadienne. (…) Dévêtus, les britanniques endiablés ponctuent le festival avec Dig that groove baby, un hit qui n’a pas pris une ride !

Epilogue : Initiatrice de l’événement, la Zone 51 mérite un grand bravo. Cette 5e édition fut une réussite, tant pour son organisation que pour sa programmation. Pour ma part, cette première expérience fut une réussite. Merci donc pour votre accueil et votre amabilité ; mention spéciale pour Elise. Vivement l’an prochain!

-Benoît GILBERT

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