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MOSS, Strike

La formation indie pop batave Moss – à ne pas confondre avec Moss, line up britannique détaillant en doom metal ou encore Moss Kate, mannequin londonien un temps agrippé au bras de Pete Doherty, … oubliez cette digression, vous allez en perdre votre latin ! –, bref Moss fête ses dix ans d’existence cette année et nous gratifie d’un cinquième album, Strike. Fort d’un succès essentiellement national, le groupe étend lentement sa toile sur le reste du continent européen grâce à son sens aigu de la mélodie. Ce disque en est la preuve, mais il offre aussi des aspects surprenants, garants d’un univers musical élargi.

 

Un album à la silhouette pop…

Dès la première écoute, on pourrait affubler Strike d’un gros sticker « album pop ». Tous les ingrédients sont réussis par la bande à Marien Dorleijn (chanteur, guitariste et compositeur) : arpèges cristallins et accrocheurs (With you) concoctés par Michiel Stam, le guitariste lead, au service une voix délicate et sensuelle – coincée entre celle de Mick Hucknall (frontman de Simply Red), notamment sur le single The promise ou Meet the maker et celle de Francis Healy (Travis) pour le reste de l’album –, voix en permanence assistée de choeurs millimétrés (The promise, I don’t see you trying).

Les titres sont souvent courts (7 sur 13 n’atteignent pas les sacro-saintes 3 minutes 30) et profitent également de lignes de basses rudimentaires collées aux mélodies, tels que It’s so hard to keep a secret ou With you. À cela s’ajoutent des claviers qui viennent enrichir le son lors des refrains (Don’t look me in the eyes), le tout sur des rythmes binaires produits par des boîtes à rythme, conférant un caractère dansant (Bored to death) voire intimiste dès lors que le beat se tait au profit de mélodies mélancoliques (Strike, Never try to be alone). Ainsi, on pense d’emblée à des formations britanniques, à l’instar de Travis. Rien de péjoratif dans ce propos si ce n’est que l’originalité ne semble pas au rendez-vous de cet album ponctuant une décennie musicale. On évolue donc dans un univers délicat, attristé et parfois onirique (Strike) qui se laisse facilement écouter.

 

… mais dévoilant un visage moins lisse qu’il n’y paraît.

Les mots ont du sens. Ainsi, l’auxiliaire « sembler » usité plus haut est majeur. En effet, Moss aime tenter des choses originales, d’où la nécessaire seconde écoute ! Des choses étonnantes, voire périlleuses, surtout durant la seconde moitié de l’album dont les titres s’enchaînent tous de manière remarquable et harmonieuse. Allons plus loin dans l’argumentation.

Le groupe propose à plusieurs reprises des rythmiques atypiques pour le genre dominant sur cet opus, notamment avec la fiévreuse Meet the maker. Des univers étranges semblent apparaître sur la synthétique Ghosts ou la venteuse Never try to be alone. Comme pour Meet the Maker, on se rapproche ici de l’univers évanescent et tortueux de formations à l’instar de Radiohead délaissant ses guitares saturées au profit de machines.

De même, débutant sur une trame electro pop, Me me me se tourne vers les compositions d’Archive, avec la mainmise progressive des claviers et une modulation prononcée de la voix grâce à de larges delays. Une atmosphère 80’s se dégage de ce titre ou de la dernière piste My decision, dont le beat tenace est clairement empreint à cette décennie. Kathamandu est quant à elle une balade mystique downtempo, sur laquelle Finn Kruyning frappe avec une extrême lenteur ses fûts tandis qu’une boucle distendue semble rendre son dernier souffle à chaque fin de cycle. Plane du côté d’Amsterdam…

 

Loin d’être un simple catalogue de pop songs, Strike est une entreprise soignée et audacieuse qui ponctue justement dix années de travail. Faussement lisse, il se prête à des explorations sonores qui présument du grain de folie qui peut animer le groupe sur scène. Une comparaison avec Radiohead est possible. En effet, érigé en totem après les monumentaux The Bends et Ok computer, le quintet d’Oxford a cassé sa statue avec les albums déroutants suivants que furent Kid A et Amnesiac. Ainsi Strike est un opus à la croisée des chemins pour Moss, qui se laisse glisser vers des territoires hasardeux, piste après piste. Plus séduisant est le côté obscur de la pop…

 

  • Benoît GILBERT

Artiste : MOSS
Album : Strike
Label/distribution : Excelsior Recordings
Date de sortie : 17/02/2017
Genre : pop rock
Catégorie : Album rock

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