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All Tvvins, IIVV

 

All Tvvins, avec 2 V, s’il vous plaît. Et puis deux L minuscules aussi, d’où le titre ! Soyons francs et directs: IIVV est dès la première écoute un disque qui divise. Un mélange de sentiments nous parvient, entre « nous avons digéré le meilleur de la musique pop-rock des 30 dernières années et nous nous posons en dignes

successeurs » et « Larry, j’ai trouvé la recette du single mièvre et repris des centaines de fois. Faisons du fric avec ! »

Ne jetons pas tout de suite le bébé avec l’eau du bain, mais attention album très clivant. Vous risquez de perdre des amis ! Retour sur un disque de l’été ?

 

Débutant avec des vibes et une basse ravageuse, Book est une belle entrée en la matière. Même si la formule rappelle des groupes actuels (Foals entre autres), on est capté d’emblée par l’énergie du duo alternant couplets boostés et refrains évanescents.  

Thank You est LE single par excellence. Composé en deux heures selon Lar Kaye, un beat et une ligne de basse entraînants font leur effet. Musicalement, on est coincé entre un Joy Division et un Bloc Party des débuts. Bref, si les épaules commencent à bouger toutes seules, c’est que ces deux Irlandais ont réussi leur coup.

End of the day et Too young to live sont aussi des singles potentiels, marqués par des  guitares délayées à l’infini rappelant tout de suite The Foals (encore ?), à gros renfort de nappes de claviers et de voix chargées d’effets. Dommage.

The call renvoie à du Cure, puis à du Bloc Party (?). Cependant, la fougue des premiers morceaux s’est quelque peu étiolée ; une boîte à rythme trop prononcée prédomine, ce qui manque clairement de charme.

Too much silence pourrait nous lever le doute. Le morceau propulse dans les années 80. Rappelons que le duo a cité Police parmi ses influences… Nous y voilà, c’est du Police ! Rien ne manque, une basse travaillée, une rythmique aux accents reggae et la guitare empruntée à Andy Summers. Le déluge de note final reprend les codes du math-rock, style dans lequel évoluaient Larry Kaye et Conor Adams. Un mieux avant la tempête.

Darkest ocean annonce le début de la noyade pour le disque. Trop de delays, de réverbérations, de claviers, ça dégouline de partout. Trop, point n’en faut !

These 4 words enfonce un peu plus le clou. Cette pop song aux accents nippons vire littéralement à la dance ultra compressée sur les refrains. Des choeurs nombreux et envahissants, des nappes de synthé sont aux antipodes des origines musicales des deux gaillards.

Quand la pauvreté musicale est de mise, on peut également s’inquiéter pour les paroles. Resurrect me réunit les deux. Attention, âmes sensibles s’abstenir. Sur une ligne musicale usée jusqu’à la corde, le refrain est d’une mièvrerie déconcertante : « I know You would If you could » répété jusqu’à la nausée. Ainsi, tout ne serait qu’une question de volonté. Merci les gars !

Pour conclure l’album, Kaye et Adams se seraient inspirés des Jeux Olympiques pour pondre Unbelievable. Un morceau grandiloquent dans lequel une multitude de loops coexiste. Certains crieront au génie, les autres au collage sonore et à la supercherie. Fin de l’écoute.

 

Est-ce que signer dans une major signifie se renier artistiquement? Telle est la question que l’on peut se poser au sortir de ces 37 minutes.

Rappelons que cette doublette irlandaise évolue désormais sous la bannière de la Warner Bros et qu’elle pouvait enthousiasmer à l’annonce de sa réunion. Fondé sur les cendres de feu Adebisi Shank et de Cast of Cheers – officiellement encore en activité – All Tvvins devait être un super-groupe de rock barré (style peu commercial, s’il en est mais qui a ses adorateurs). En lieu et place, Larry Kaye (aujourd’hui crédité Lar) et Conor Adams ont réuni leurs expériences respectives et leurs forces afin d’obtenir un son consensuel et résolument bankable. Le titre Thank you figure notamment dans la bande son d’un jeu vidéo de football sur console. Joli coup pour un premier opus !

Les références à un large catalogue pop jalonnent tout le disque. On pense aux artistes précédemment cités, mais aussi à U2 (ne nous faites pas croire qu’ils n’ont pas été biberonnés à la gratte de The Edge ?!), MGMT, Alt-J, voire Killers dans ce que ce groupe a de plus urticant, la débauche d’effets au dépens de la mélodie.

 

Les aficionados du genre diront que ces deux transfuges ont vendu leur âme à l’industrie du disque. Sachons garder l’esprit Coubertin à l’issue de ce premier album : l’important c’est de participer !

 

  • Benoît GILBERT

 

 

Artiste : All Tvvins

Album : IIVV

Label / Distribution : Warner Bros. Records

Date de sortie : 12 août 2016

Genre : Indie-pop

Catégorie : Album Rock

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