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PERTURBATOR, The Uncanny Valley

Attendu comme le messie, ce nouvel album de James Kent a fait les ravages escomptés. Arrivé en haut des classements billboard (catégorie nouvel artiste / album électronique), ce narrative-album caché sous une figure féminine démoniaque annonce les couleurs : le rose y est criard et le rouge assassin.

Voilà donc un objet occulte, paré à torpiller. La lecture enclenchée et c’est Neo Tokyo qui vous saute à la figure en imposant ses rythmes métalliques aux premiers bourdonnements identifiables. Le morceau est déstructuré, conservant sur toute la longueur ce ronronnement significatif, superposé en diverses phases qui alternent passage à tabac et parenthèses chimériques. Après cette course-poursuite, place à la traque dans le velours de Weapons for Children.

Pour ceux qui aiment les surprises, l’enclenchement de Death Squad vous donnera des accès de fièvre. Turbulences et incandescence sont à prévoir avec ce tempo alangui, auquel Femme Fatale est une prolongation logique. Il fallait oser ce solo de saxophone, ce ralentissement qui ouvre une brèche dans la mécanique Perturbator, une faille, comme un frein laissant la caméra se rapprocher sur les détails qui viennent sublimer un décor.

Le turbo se rebranche avec Venger et la voix de Greta Link (dont on garde en mémoire les spirales hypnotisantes de Desire, morceau présent dans l’album I Am the Night, en 2012), suffisamment pop pour être entraînante.

Et voilà la fameuse piste 6, celle dont tout le monde parle(ra). Disco Inferno, c’est un tronçonnement, un abattage, un rituel satanique – on y entend des clochers en tendant l’oreille- un mouvement de foule à lui tout seul. Pour couronner le tout, une incursion audacieuse de funk avec un effet wah-wah.

Cet album prend un tournant expérimental – à l’image de Souls at Zeros, morceau vicié et douloureux qui instaure son aura sur deux minutes avant de lancer tintements et souffles dignes de L’Enfant de la Forêt – plutôt que purement efficace et dance-floor. Si certaines pistes, les plus dansantes, peuvent en être extirpées pour s’écouter seules ou sur une mixtape, l’ensemble est fondé sur une continuité narrative. Des fanatiques recrutés dans une églises noire, une arme comme unique compagnon de route, des figures vengeresses, voilà quelques-uns des éléments qui sont déchaînés tout au long de ces treize pistes diaboliques.

Gravement beau, cet album parle le langage de la nuit.

 

-Clémence Mesnier

Artiste : Perturbator
Album : The Uncanny Valley
Label/Producteur : Blood Music
Date de sortie : 06/05/2016
Genre : synthwave
Catégorie : Album Rock

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