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INTERVIEW : JAY-JAY JOHANSON

Jay-Jay, tu fais de la musique depuis presque vingt ans. Si tu devais faire un bilan de ta carrière, quel serait-il ?
Oh, c’est très dur pour moi de faire ça, je suppose que c’est plus aux autres d’analyser ce que je fais et ce que j’ai fait ces 18 dernières années. Et c’est marrant, parce que j’ai encore l’impression d’être toujours dans le commencement de quelque chose, ma carrière continue d’évoluer dans beaucoup de pays et j’ai toujours beaucoup à faire, encore beaucoup de chansons à écrire, des projets à démarrer, des collaborations, des duos. En fait, je viens juste de commencer…

Peux-tu revenir sur cette période “dance music” que certains de tes fans n’ont pas compris ou pas suivi ?
Les trois chansons dansantes sur Antenna fûrent remixées par un producteur suédois, celles sur Rush fûrent produites par un Français qui faisait de la house. Donc, je peux répondre non, je ne pense pas, parce que ce sont les seules fois où j’ai tenté de faire ce genre de chansons et maintenant c’est fait. Parfois, ça m’intéresse beaucoup de monter les tempos de la musique, mais je ne crois pas que je pourrais être un bon producteur de dance music.

Qu’est-ce que tu te dis quand le moment vient d’écrire de nouvelles chansons ou de démarrer un nouvel album ?
Habituellement, je ne me dis pas grand-chose. Mes chansons viennent à moi, je ne peux pas contrôler ça. Je fredonne et siffle tout le temps et quand je me balade ou que je suis à l’hôtel ou ailleurs, ces petits fragments sont suffisants intéressants pour qu’ai le besoin de les coucher sur papier. Parfois, les mots viennent en même temps, parfois j’ai besoin de masseoir et travailler la poésie mais cela commence toujours avec un stylo et du papier.

Parlons du nouvel album, Cockroach. D’abord, pourquoi ce titre, “cafard” ?
Je suis fasciné par le fait que ce petit animal soit si détesté dans chaque culture. Je n’aime pas détester, je voulais prendre ce mot et faire de ce nom quelque chose de beau, y mettre quelque chose de positif. Après neuf albums et une carrière plus longue que j’aurais imaginé, je commence à me considérer comme un survivant et le cafard est la créature supposée résister lorsque le monde arrivera à sa fin, alors j’imagine que je suis un peu comme le cafard.

http://www.pariscilaculture.fr/wordpress/wp-content/uploads/2013/09/Jay-Jay_Johanson_-_Cockroach.jpgA propos de la pochette du disque, si on considère que les pochettes sont souvent une manière de montrer l’artiste tel qu’il est au moment à ce moment précis, comme un instantané, qu’est-ce que celle de Cockroach dit de toi ?
Je pense que cette photo raconte l’histoire d’un homme qui vieillit mais je réalise en même temps que je ne devrais pas analyser mes propres chansons et les photos de moi. Le chapeau est un hommage à Toulouse-Lautrec ou le symbole de la carapace du cafard, comme La Métamorphose de Kafka. On m’a photographié de cette façon pour la plupart de mes albums et je n’ai pas l’intention de changer ce minimalisme.

Dry Bones est une chanson inhabituelle, tu peux nous en dire quelques mots ?
Tu sais, elle a plus de cent ans, je pense que les esclaves la chantaient, il y a tout un passage dans la Bible. C’est un vieux negro spiritual que mon père avait l’habitude de me jouer quand j’étais enfant. Il a un lien direct avec mon amour pour le jazz, mais c’est une chanson tellement bizarre, qui fait peur et en même temps amusante et douce. Pure roots, quoi.

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On semble entendre un soupçon de Ryuchi Sakamoto sur l’intrumental Insomnia
Intéressant, mais non. Bien sûr, j’ai écouté beaucoup Sakamoto mais j’entend plus d’Harold Budd, Brian Eno, Holger Czukay, David Sylvian et premièrement et avant tout, ce titre est lié à mon passion pour la musique instrumentale et des musiques de films.

Tu as d’ailleurs fait des musiques de films (La Confusion Des Genres, notamment). quel est le processus de travail pour ce genre de projet ?
Et bien, les deux B.O. ont été réalisées de manières totalement différentes. La Confusion était terminé lorsqu’on a m’a contacté, ainsi je n’ai eu qu’à écrire pour les scènes où le directeur avait besoin de musique. Pour le film La Troisième Partie, j’ai été impliqué dans le projet dès l’écriture du scénario. J’adore la musique instrumentale et l’aspect dramatique qui peut être mis dans ces films, j’espère pouvoir en faire d’autres à l’avenir.

Une dernière question : tes cinq albums du moment ?
En ce moment, j’écoute King Krule (et sous son pseudo Edgar The Beatmaker), l’incroyable mbv de My Bloody Valentine. Comme d’habitude, j’écoute les Cocteau Twins, en ce moment The Moon And The Melodies. J’attend également le dernier Sébastien Tellier et Goldfrapp.

Interview réalisée par Smith et S.

(c) 2013

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