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INTERVIEW: H-BURNS

En plein promo de son excellent quatrième album

Quelles ont été tes inspirations pour Off The Map ?
La cartographie en général. Notamment les liens entre l’art et la cartographie et les livres de José Luis Borges dont j’ai adoré toute la poésie qu’il pouvait mettre dans cette science. Ces notions de déplacements, de limites, de frontières, d’aller d’un point A à un point B et des changements qui accompagnent ce voyage. Le fait de savoir qu’on allait enregistrer avec Steve Albini a également beaucoup influencé l’écriture car je l’ai su très tôt, ce qui a beaucoup joué sur la façon de penser les arrangements.

Justement en parlant de Steve Albini, quelle a été ta première impression quand tu t’es retrouvé en studio avec lui la première fois, connaissant tous les grands disques qu’il a enregistrés ?
En fait, déjà quand tu arrives…Tu vis là-bas pendant trois jours, lui vit là-bas. Tu es chez lui, le mec bosse en bleu de travail qu’il quitte uniquement le soir devant sa télé. Le studio ressemble à un bunker en briques de l’extérieur et à l’intérieur c’est super cosy, t’as des millions de DVD, des mots de tous les groupes qui sont passés. T’as les piaules aussi. Tu as l’impression de rentrer dans une espèce de tanière d’adolescent. C’est un lieu absolument mythique. Sur le frigo par exemple, tu as marqué “Thank You” signé Fugazi. Sur le planning de la chambre où je dormais, la semaine d’après, il y avait Kim Deal des Pixies. Il fallait que je rende la chambre propre pour Kim Deal (rires). C’est un truc assez fou. On a joué sur le matos de Neurosis. Mais à côté de ça, tu n’as pas l’impression de poids, c’est un truc hyper sain, hyper nature. Il ne fait pas de différence entre les groupes, que tu sois Neurosis ou un groupe de la Drôme.

Est-ce que lui t’a amèné des idées de production ou est-ce que toi tu avais déjà ton idée ?
C’est un mélange des deux mais tout se passe naturellement. J’avais une idée précise du disque en tête. Etquand tu commences avec Albini, tu parles du disque, tu fais un tableau chanson par chanson et tu décris toutes les ambiances que tu as en tête et à partir de là, et c’est là où réside sa force, c’est qu’il comprend tout de suite où tu veux aller. C’est pile en adéquation avec ce qu’on avait en tête. Le mec c’est un espace de média qui trouve toujours la meilleure façon de sortir ce que tu ressens dans ta tête.

Tes deux premiers albums étaient plutôt folk. Off The Map est résolument rock, chose qu’on avait déjà pu sentir sur We Go Way Back avec des titres comme Half A Man/Half A Freak ou Melting Pot. Est-ce que c’est une évolution que tu avais déjà à l’esprit quand tu as commencé ?
J’ai jamais réfléchi à ça, je fonctionne beaucoup à l’instinct. Et surtout je ne voulais pas faire deux fois le même album. J’ai d’abord commencé dans un groupe de rock qui faisait de la noise/post rock. Et puis j’avais quelques morceaux guitare/voix, avec ce côté folk. Je les ai faits écouter à un mec qui avait petit label. Il m’a dit : “tu les joues comme ça, on les sort comme ça”. Je n’ai pas réfléchi. Après je me suis dit “allons plus loin dans le truc folk”. Je me suis entouré de cinq/six mecs et on a fait un truc folk un peu plus arrangé. Et là je me dis j’ai fait deux disques folk. Un tout seul, un entouré. Et maintenant ? Je suis un gros fan des groupes des années 90, Pavement, Sebadoh, alors faisons un album nineties de ce que j’aime, de ce qui est une grosse influence dans ma musique. Sur We Go Way Back, on l’a fait mais je pense qu’on était encore un peu entre les deux. J’adore cet album même si avec le recul, j’aurais enlevé deux-trois morceaux acoustiques. Avec Off The Map, j’ai voulu faire les choses jusqu’au bout. Et encore plus avec Albini aux manettes.

Et l’album avec Chris Bailey, a-t-il joué aussi ?
Non, en fait avec Bailey on voulait faire un disque de classic rock, seventies. On avait Creedence en tête. On était dans un gîte avec mon gratteux et son batteur et on a fait un disque de classic rock.

Cette collabaration avec Bailey ou celle avec Tony Dekker des Great Lake Swimmers t’ont-elles permis de te faire connaitre en dehors de la France ?
Dekker, que je n’ai jamais rencontré d’ailleurs, c’est les joies de la technologie. En fait, on s’envoyait des mails. Il était OK pour faire un titre ensemble. Je lui ai envoyé les bandes, on a effacé les parties où je chantais (les pistes témoins) et lui a enregistré dessus et voilà ! Mais pour répondre à ta question, pas vraiment. Même si j’ai eu une review dans le Sunday Times ou fait quelques dates au Canada, je ne peux pas dire que ces collaborations m’ont fait connaitre ailleurs.

Justement le fait d’enregistrer avec Steve Albini vont te permettre de te faire connaitre ailleurs, sur le sol U.S. par exemple ?
Aux U.S., je ne pense pas parce que c’est très cher. On jouerait dans des clubs payés 20 dollars et on dormirait dans le camion. Mais c’est très difficile pour un groupe français de s’imposer là-bas car les Américains ne nous considèrent pas comme un pays de Rock’N’Roll. Je considère plus que le fait d’enregistrer avec Albini va m’ouvrir des portes sur l’Europe proche, plus facile d’accès en fait.

Et pour conclure, peux-tu nous dire qu’elle est ta playlist du moment ?
J’écoute beaucoup le dernier Gravenhurst, The Ghost In Daylight, un espèce de truc abyssal, hyper glauque. Et aussi le nouvel album de Mark Kozelek qui s’appelle Like Rats avec des morceaux assez flamenco, guitare/voix, un truc de fou.

Et en livres ?
Le posthume de Bukowski : Shakespeare N’a Jamais Fait Ca. Que des histoires de saoulards dans les trains en France. Mais c’est assez marrant. Par contre, je n’ai pas du tout aimé l’autobio de Neil Young, qui m’a vachement déçu. Je trouve que ça fait un peu trop “Petit Nicolas”. Par contre son dernier album Psychedelic Pill est vraiment somptueux…

Interview réalisée par F. & S.

Transcription par F.

Remerciements à La Rodia.

© – copyright – 2013

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