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LIVE REPORT: TOM McRAE, La Rodia, Besançon, Samedi 6 octobre 2012

Une voix dans le désert.

Le silence est aussi tendre qu’opaque au Club de la Rodia ce soir là. Puis, comme une plainte à la fois douce et puissante, la voix de Tom McRae vient se nicher dans chaque recoin, se lover dans les sinuosités de nos pavillons auriculaires, se faufiler par les pores de notre peau et s’imbriquer dans le moindre espace encore libre (et croyez-moi, il n’y en a plus tellement avec un concert annoncé complet!). Une voix qu’on croyait connaitre depuis tout ce temps et qui nous prend quand même de court tant sa tessiture est envoûtante. Lately’s All I Know et Alphabet Of The Hurricanes tirés de son dernier opus From the lowlands (2012) introduisent tout en douceur un concert mémorable.

Tom-McRae 1931Je connaissais Tom McRae le merveilleux songwriter, Tom McRae le formidable interprète mais je ne m’attendais pas à découvrir un Tom McRae bête de scène. Il est vrai que j’ai toujours trouvé que sa musique s’écoutait plutôt par temps de pluie, emmitouflée dans un plaid en se laissant tout doucement glisser vers une chouette torpeur dans un accès d’apitoiement sur soi-même aussi bref que salutaire. Soyons honnête, les chansons de Tom MacRae se prêtent assez peu aux excès débridés et je ne me suis jamais retrouvée avec un micro-balai dans la main à donner une interprétation déchaînée (et très personnelle) de son répertoire. Bref, j’avais tort.

Il faut dire que les Bisontins, parfois réputés pour être un public un peu mollasson, étaient chauds bouillants hier soir. Des connaisseurs d’abord. Pas une parole ne leur échappe. Des chanteurs et des percussionnistes aussi…peut-être un peu trop enthousiastes? Tom McRae reprend ses ouailles à l’ordre. On chantera, on tapera des pieds et des mains, on sifflera, on rira, on pleurera…oui…d’accord…mais quand il nous le dira. Attention, on ne rigole pas avec cet as de la mise en scène. Et pourtant, c’est dans une bonne humeur insolite que se déroule ce concert en huis clos, dans cette toute petite salle qui semble encore se rétrécir autour de cet homme gracile perdu sous son projecteur et qui s’accroche à sa guitare.

Sans faille et avec une facilité relativement déconcertante (quand les facéties du public ne le déconcentrent pas), McRae alterne ancien et nouveau répertoire (For The Restless, Packing For The Crash du très bon All maps welcome (2005) ou Won’t Lie et Still Love You de The Alphabet of the Hurricanes (2010)), avec tout de même un vrai retour sur l’album éponyme sorti en 2000 comme fil rouge, à la grande joie des fans de la première heure (End of the world News (Dose me up), A&B Song, The boy with the bubblegum…). C’est de façon tout aussi naturelle qu’il parvient à installer tour à tour des ambiances feutrées, mélancoliques (You Cut your hair) ou complètement électriques (Strangest land), jouant au marionnettiste avec nos émotions, nosTom-McRae 1933 voix et même nos corps (c’est bien simple, il nous aurait demandé de nous jeter dans le Doubs, p’têt bien qu’on y aurait été). Ce serait mentir que de dire que Tom McRae est seul sur scène avec sa guitare. En réalité, il est accompagné de 300 personnes qui forment un c(h)oeur et un orchestre improvisés avec lui. Jouant avec les samples, il nous montre l’étendue de ses pouvoir vocaux et le showcase minimaliste prend des allures de concert survolté. D’ailleurs, l’énergie dégagée semble même le dépasser un peu. On a nous même un peu de mal à croire à cette ferveur, cette fièvre même qui nous gagne et que les accents nostalgiques de My Vampire Heart n’arrivent pas à faire retomber.

Deux rappels et un harmonica plus tard, Tom McRae quitte la scène à regret d’un côté comme de l’autre semble-t-il. Mais il reviendra, a-t-il dit. Tel César, Tom McRae est venu, a vu et n’en est pas revenu! La preuve avec ce tweet posté peu après le concert: “Besançon- Just incredible. What a town, what a crowd, what a show. In fact France – je t’aime toujours!! This has been amazing so far!!”(Tom McRae). Que dire de plus?

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