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John BUTLER, Le Transbordeur (Lyon), 27 novembre 2025

Revoir le Maître, avoir l’immense privilège de le photographier, mais aussi de l’approcher pour une interview… C’est un rêve de gosse qui s’est réalisé hier du côté du Transbordeur, à côté de Lyon.

Peu avant 17h, un contact par messagerie avec sa manageuse, et tout s’enchaîne.

On ne trouve pas l’entrée, elle vient nous chercher directement derrière les tour bus. Souriante, charmante, un peu de small talk, puis elle toque plusieurs fois à une porte close.

On entend alors un « yeah come in », et Mr John Butler est là, face à nous.

Il coupe la musique hindoustanie, l’air est empli d’encens et d’énergie positive. Le sourire est franc, large et non feint. Mais nous ne sommes pas prêts, il faut sortir et brancher l’enregistreur. Alors John attrape sa fidèle Maton 12 mais en fait 11 cordes, et entreprend de se délier les doigts.

Rien que ses exercices sont fascinants et emprunts d’une dextérité folle, le travail d’une vie.

Derrière lui trône une guitare hindoustanie, peut-être une chaturangui, qui compte 6 cordes principales, large, incrustée de bleu, et une multitude cordes sympathiques incroyablement fines.

John n’a rien oublié de son initiation par le maître Debashish Bhattacharya…

Nous voici prêts, John nous demande combien de temps nous souhaiterions qu’il nous accorde, et l’on s’entend sur une vingtaine de minutes.

Vingt minutes pour poser toutes les questions que je voudrais lui poser, c’est bien trop peu, mais c’est déjà un privilège que d’être là, en face de lui.

Tout me fascine en lui, ses mains, ses faux ongles, ses bijoux, et surtout ce qui émane de cet homme, comme une sagesse ancestrale. John répond à toutes les questions de manière réfléchie, avec une grande intelligence émotionnelle et une pertinence démontrant que l’état de ce monde le touche profondément.

Fin de l’interview, et je le remercie tant que je peux… sauf que c’est lui qui nous remercie pour nos questions pas trop niaises. Le monde est à l’envers, et je me sens flatté de cette attention. La manageuse fait son retour à la demande de John, et elle accepte bien volontiers d’immortaliser l’instant avec le téléphone de notre bien-aimé Bob.

J’ai hâte de pouvoir entendre ce concert qui s’annonce magnifiquement.

Après un détour embouteillé dans le vieux Lyon pour satisfaire la passion chocolatée de Bob (au secours), retour au Transbordeur.

En première partie, un jeune musicien du nom de Noah Dillon, qui réussit le tour de force de nous embarquer dans son univers, jusqu’à ….. une alarme incendie. Le public ne sait pas trop si c’est « pour de vrai », et un début d’évacuation masse les individus vers les sorties. Pas de bol, car c’était au milieu d’un titre exceptionnel de Noah, dans lequel il évoque son attirance pour les hommes, la chape de plomb dressée par les curés et la promesse d’un enfer éternel pour lui. Cette société corsetée doit encore évoluer pour accepter l’amour, quel qu’il soit. Privé d’une partie de son matériel électrique, peut-être l’origine de l’alarme incendie, Noah attrape sa Maton 6 cordes et se lance en acoustique depuis l’avant-scène. Une merveille de courage et d’adaptabilité.

L’attente du maître ne sera pas longue, et le show débute par l’excellent Going Solo tiré du dernier album en date, Prism. Dès le début, on sent les musiciens heureux d’être en scène et d’une générosité dingue. Et cela ne se démentira pas durant les presque 2h30 du concert.

Le mélange est savant entre les nombreux titres tirés de cet opus et les classiques de l’artiste (Better Than, Zebra, Treat Yo Mama, Peaches And Cream). John nous gratifiera d’une anthologique version d’Ocean de 14 minutes sous forme de prière au peuple palestinien, et en final, d’une version épique de Funky Tonight. La musique et les mots porteurs d’espoir de John Butler résonnent encore au Transbordeur à l’heure où j’écris ces quelques mots, et ces moments suspendus flotteront longtemps dans ma mémoire.

 

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