À l’occasion de leur récent passage au Backstage The Mill à Paris, intéressons-nous au quatuor californien Beauty School Dropout et à leur nouvel album Where Did All The Butterflies Go. Sorti le 5 septembre dernier chez Verswire, il succède à Ready To Eat (2023).
Des influences en pagaille
Beauty School Dropout s’est forgé une solide réputation sur la route aux côtés – excusez du peu – de Blink 182 ou encore Alkaline Trio. Ces premières parties ont permis au quatuor d’apprendre vite, au point de parfois faire de l’ombre aux têtes d’affiche.
Bien qu’ayant trouvé leur propre voie, les quatre musiciens puisent dans un incroyable vivier d’influences allant des années 90 aux années 2000 : Nirvana, Mötley Crüe, The Killers, The Kooks (même si le groupe ne revendique pas l’influence de Luke Pritchard et sa bande, il suffit d’écouter Two Of Us ou Sex Appeal pour en percevoir les échos). Ajoutons à ce melting-pot un soupçon de The Cure, version 80’s.
Chacun des membres apporte aussi ses références personnelles : Kings Of Leon pour Beepus (basse), Loathe pour Colie (guitare). On retrouve également, par l’usage de l’autotune, des accents rappelant les Canadiens de Grandson, particulièrement sur City Never Sleeps ou certains passages de On Your Lips.
Changement de cap et nouvelle méthode
Contrairement à Ready To Eat, où le groupe cumulait compositions et tournées, Where Did All The Butterflies Go a marqué une remise en question. Les quatre Californiens se sont concentrés exclusivement sur l’écriture et l’enregistrement. Pas de concerts durant la gestation de l’album, mais des morceaux pourtant calibrés pour le live : l’explosif Fever, la ballade rock City Never Sleeps, ou encore le dansant Heart Away.
Dès début 2024, le groupe s’est attelé à près de 100 chansons avant d’en sélectionner une petite quinzaine pour l’album. Pour franchir un cap, ils ont fait appel à Neal Avron, producteur de Fall Out Boy, Linkin Park et… Blink 182, vieille connaissance de tournée.
Les derniers sont les premiers
Chez Beauty School Dropout, le paradoxe est roi. Les dernières chansons composées figurent souvent en tête de tracklist ou en singles. Ainsi, On Your Lips, l’un des morceaux les plus récents, a été choisi comme premier single, tandis que Fever, pourtant composé au tout début, n’est sorti qu’ensuite.
Cette approche confirme que le quatuor refuse les sentiers battus. Beepus, le bassiste, confiait d’ailleurs qu’il se verrait bien… à la batterie ! Car chez Beauty School Dropout, personne ne reste figé à un seul instrument : chacun aime sortir de sa zone de confort.
Un album qui ne tourne pas en rond
Avec ses 14 morceaux, Where Did All The Butterflies Go explore une large palette sans jamais se répéter. Heart Away, taillé pour les clubs, contraste avec XXX, très rock et proche de Blink 182. Le morceau-titre, pop et aérien, s’oppose à l’énergie brute de Fever, considéré par le groupe comme le titre fondateur de l’album.
Parmi les moments forts : l’émouvante Adeline (Save Some For The Rest Of Us), le planant Sick Puppy, ou encore l’*entraînant Madonna, autre favori du groupe.
Les plus abrasifs – XXX, Two Of Us, Sex Appeal – apportent une tension rock sans concession, tandis que On Your Lips jongle entre rock et électro. Mention spéciale à Daddy Don’t Cry, aux saveurs disco 80’s.
Une étape décisive
On croit volontiers Beepus lorsqu’il affirme que le quatuor s’est consacré corps et âme à ce disque : rien n’a été laissé au hasard. Là où Ready To Eat s’éparpillait entre scène et studio, Where Did All The Butterflies Go bénéficie d’une véritable cohérence.
Un album ambitieux, éclectique, où la fougue des Beauty School Dropout se conjugue à une maîtrise nouvelle. De quoi espérer que ce pas supplémentaire les conduise vers la consécration.
Morceaux choisis : Adeline (Save Some For The Rest Of Us), Fever, City Never Sleeps, How Could I Forget.