Suede, Antidepressants.
Retour en forme et en force de Suede, formation britannique toujours drivée de main de maître par le bouillant Brett Anderson sur qui, il faut le croire, les 60 ans bien sonnés n’ont manifestement pas de prise. Antidepressants (BMG), dixième album du beau ténébreux et de sa bande, en est la preuve incarnée.
Intensité et charisme affichés.
Antidepressants confirme, s’il en était besoin, l’élan charismatique apporté à Suede par Brett Anderson dont le talent vocal, entre vociférations et sussurations, n’est plus à démontrer. Disintegrate, morceau inaugural d’Antidepressants, fait somptueusement ressortir ce savoureux mélange de jonglages vocaux, lorsqu’on ne parle pas de riffs saturés et d’intensité rythmique poussée au maximum.
D’intensité, il en sera encore plus question sur les trépidants Dancing With The Européens, The Sound And The Summer ou même dans le morceau titulaire Antidepressants sur lequel Brett Anderson se lance dans d’incroyables parties de spoken-word bien propres à sa charismatique personnalité, signifiant par là aux jeunes loups poussant derrière qu’ils ont encore beaucoup de chemin à parcourir et qu’au niveau charisme, il est et demeurera encore longtemps l’un des grands maîtres incontestés. Ed Buller, producteur de ce dixième opus et de quelques autres de Suede (ainsi que de Pulp et de Slowdiv), doit mieux que n’importe qui le savoir pertinemment.
Antidepressants, album jugé le plus post-punk, succède à Autofiction (2022) qui, selon la presse spécialisée, marquait la fin de l’époque punk de Suede.
Une sensibilité à fleur de peau.
Antidepressants n’est pas qu’intensité et cadence, c’est aussi une bonne dose d’émotion véhiculée, toujours et encore, par la perçante voix de Brett Anderson, lequel entraîne dans son sillage les tout aussi vaillants Richard Oakes (guitariste) ou même Mat Osman (bassiste).
June Rain, planante ballade, est l’un des grands temps forts de ce dixième album de Suede, à l’instar des plus stimulants The Sound And The Summer ou Disintegrate. Et que dire de Somewhere Between An Aton And A Star, autre ballade d’Antidepressants, où Brett se lâche littéralement, laissant éclater tout un plein contingent de sensibilité à fleur de peau, cela par le seul truchement de sa voix tantôt de stentor tantôt criarde.
Nul besoin d’être un morceau long pour marquer les esprits, Somewhere Between An Aton And A Star se charge de le faire comprendre haut et fort, si court soit-il. Allez, remettons-en une couche pour l’intensité: court mais intense!
Suede donne également dans le psyché avec Life Is Endless, Life Is A Moment, troisième ballade de cet album dont le début est marqué par une longue période instrumentale chargée de mystère et d’ambiances sépulcrales, un décor des plus romanesques propice à une conclusion des hostilités.
Un son et des guitares aériennes.
La marque de fabrique de Suede réside dans un son et des guitares aussi puissants qu’aériens. Antidepressants, bien évidemment, en regorge à foison: les singles Trance State et The Sound And The Summer, mais aussi et surtout les aériens Sweet Kid, Broken Music For Broken People, Disintegrate ou encore, bien sûr, le magnifique June Rain, voire le très énergique et cadencé Criminal Ways.
Un son qui se rapproche de celui d’autres britanniques, ceux de Manic Street Preachers pour ne pas les citer et ce n’est d’ailleurs pas un hasard si les deux formations ont souvent tourné ensemble.
Antidepressants, à l’image notamment de son prédécesseur Autofiction, met plus que jamais en exergue l’excellente forme de Brett Anderson et des siens. En 2022, le turbulent She Still Leads Me On (single extrait d’Autofiction) en faisait déjà étalage.
Sur Antidepressants et les 11 morceaux qui le composent, la formation britannique demeure égale à elle-même, ne baissant aucunement de pieds que ce soit à un moment ou l’autre de ce dixième effort. Un album bourré de charisme, d’intensité et aussi d’émotion à l’état pur, autant de qualités qui font d’Antidepressants l’un des albums les plus convaincants de la discographie de Suede.
Antidepressants: un album tellement Suede et qui leur ressemble trait pour trait!
Morceaux choisis: June Rain, Disintegrate, Criminal Ways, The Sound And The Summer.
