Réentendre Pulp dans de nouvelles productions relevait, jusqu’à présent, de la pure utopie. C’était sans compter sans l’incroyable motivation de Jarvis Cocker et de sa bande, la formation de Sheffield n’ayant plus enregistré d’albums studios depuis 2001 et We Love Life. 24 ans d’absence studio, ça commençait à faire long!
Jarvis et les siens sont donc bien de retour avec More, seulement leur huitième album de compos inédites au compteur.
Pour rappel, Pulp avait connu la consécration et son heure de gloire avec l’album His ‘N’ Hers, quatrième album du groupe britannique paru en 94. À l’époque, la guerre ouverte entre Blur et Oasis faisait rage et Pulp tentait, tant bien que mal, de se faire une place sur cette impitoyable scène rock so british. Force est d’ailleurs de constater que les petits gars de Sheffield y étaient parvenus car, contre toute attente, His ‘N’ Hers connut un retentissant éclat médiatique, laissant les frères Gallagher et la formation de Sir Damon à leur petite guéguerre.
Un album dont les thématiques ne manquent pas.
More aborde de nombreux thèmes parmi lesquels figurent l’angoisse de la parentalité, la dérive sentimentale ou encore le désir, Jarvis Cocker et sa bande n’ayant rien perdu de leur gouaille légendaire en 24 ans. Le groupe de Sheffield en veut toujours plus, en faire comme en dire et ce huitième album porte élégamment bien son titre.
Trois semaines d’enregistrement.
More a été dédié par les membres de Pulp, lors de sa sortie, à leur ancien bassiste Steve McKey décédé en 2023, une perte qui a profondément peiné Jarvis Cocker, au point de lui arracher la réflexion suivante: « lorsqu’on perd quelqu’un de cher, on mesure parfaitement la chance qu’on a d’être encore en vie et de pouvoir créer. »
De créer, Pulp ne s’en est donc pas privé, les britanniques s’étant remis au boulot pour le plaisir de leurs fans impatients. Un prompt retour en studio qui a ainsi débouché sur More, façonné en à peine trois semaines sous la férule de James Ford (Arctic Monkeys ou, plus récemment, Fontaines D.C pour leur album Romance).
Sortez les violons!
De tous temps, David Bowie et la new wave ont été les principales influences de Pulp, Jarvis Cocker étant considéré par beaucoup comme un David Bowie bis et nouvelle génération. Sur More, prévalent désormais un évident côté Libertines/Pete Doherty, très prégnant notamment sur les ballades Tina, Farmer Market ou Background Noise que notre normand d’adoption n’aurait pas renié, à l’image de Tina.
En outre, les violons sont de sortie et s’imposent, la plupart du temps, face aux batteries et autres guitares. Got To Have Love, le tubesque et entêtant single Spike Island et le rythmé et rock Grown UPS font partie des rares morceaux où ces bons vieux violons n’ont pas voix au chapitre.
Lorsqu’on évoque les violons, on pense bien entendu tout de suite à The Last Shadow Puppets, ce qui nous fait dire l’importance prépondérante prise par James Ford dans la conception de More, le grand manie-tout bidouilleur n’étant pas étranger à cette main-mise du violon sur bon nombre de morceaux.
Spike Island: numéro 1 incontesté et incontestable.
C’est bien connu et logique, un morceau ne fait pas un album mais Spike Island, premier single dévoilé par le groupe britannique est, qu’on le veuille ou non, la pierre angulaire de More. C’est d’ailleurs Spike Island qui ouvre ce huitième album de Pulp. Un morceau où Jarvis Cocker s’affirme, crie sa hargne autant que sa joie d’être là, clamant à qui veut l’entendre qu’il faudra encore compter avec lui pour longtemps, comme du reste tous les autres membres du groupe de Sheffield.
Pop, entêtant, tubesque, voilà en substance les trois mots qui qualifient Spike Island. Avec cet hymn enjoué et réconfortant, Jarvis Cocker et sa bande ont frappé un grand coup pour leur retour sur le devant de la scène et ce tube, il faut le croire, fait l’unanimité et ce n’est que justice.
Deux autres singles, à savoir le non moins cadencé Got To Have Love et l’épique Tina ont également été dévoilés, mais n’ont pas encore rencontré l’écho de Spike Island.
Les ballades en force.
Slow Jam, Background Noise et My Sex figurent au nombre des ballades présentes sur More, bien que plus orchestrées et en tempo. En revanche, d’autres telles que la jazzie Farmer Market, Partial Eclipse et A Sunset se veulent davantage planantes, sans batteries notamment. Citons aussi l’émouvant Tina et le langoureux The Hymn Of The North, lequel voit la participation de Chilly Gonzales.
Avec More, Pulp signe un retour en pleine lumière, une résurrection à laquelle peu d’entre nous croyaient encore. Sans atteindre la perfection et les sommets, ce huitième effort de Pulp ne saurait laisser de marbre en martelant, à tours de platines et de plateformes numériques, ses grands incontournables tels que Background Noise, Farmer Market ou Tina, sans parler de Spike Island. Pour Jarvis Cocker et les siens, constater les multiples écoutes et le réel impact de cet album sur les fans sera sans doute déjà une grande victoire!
More: Pulp is back pour toujours plus de grand bonheur musical!
Morceaux choisis: Farmer Market, Background Noise, Tina, Partial Eclipse.