Après près de dix ans loin des studios, Soulwax revient avec un nouvel album qui sonne comme un pont entre passé et présent. La fratrie belge rallume ses synthés, retrouve ses boîtes à rythmes, et livre un disque spontané, presque hors du temps, porté par l’énergie brute de la musique électronique.
Dès les premières notes, une filiation apparaît. Comme Moby en 2016 avec These Systems Are Failing, Soulwax semble capter le malaise contemporain, y injectant sa propre vision : plus ludique, mais tout aussi lucide. Le duo observe le monde, tout en faisant danser ceux qui l’écoutent.
“Gimme A Reason” ouvre le bal avec une pulsation disco qui n’aurait pas déplu à Portishead, dont elle semble moquer un titre. Plus loin, l’interlude “Constant Happiness”, passé à l’autotune, sert de tremplin vers “Polaris”, morceau plus baroque et théâtral. Avec “Idiots in Love”, Soulwax assume le décalage : une pop à la Sparks, légère, presque maladroite, avant de replonger dans la mécanique électronique avec “Engineered Fantasy”.
Si l’on reconnaît la signature des frères Dewaele – une inventivité sonore jamais en pause – on perçoit aussi le besoin de faire le bilan. Au fil des années, Soulwax a exploré tous les recoins du remix, des Rolling Stones à Wet Leg : ce disque semble vouloir tout condenser, quitte à paraître parfois inégal.
Mais l’essentiel est là : un album surprenant, joueur, qui prouve qu’après une décennie d’éloignement, Soulwax n’a rien perdu de sa folie créative. Les machines tournent de nouveau, et elles ont encore des choses à dire.
