On les attendait au tournant, les Écossais de Kilmarnock. Un nouvel album, c’est toujours incertain pour ce groupe tantôt phénoménal, tantôt décevant. Sans suspense, le verdict est tombé : on les aime toujours et encore.
11 titres durant lesquels les Biffy Clyro font montre de leur maîtrise de la syncope, de la rupture mélodique et de leur engagement.
Tout commence par With a Little Love, dont le titre semble emprunté à une chanson des Modern Talking, mais qui évoque bien plus les difficultés à vivre dans un monde aberrant, qui n’a de sens que par lui-même et laisse peu de place à la poésie et à l’amour (I guess I’m extraneous to this modern world you chose This ain’t utopia, but it’s better than hell).
Hunting Season est bien plus engagée encore, puisqu’elle décrit l’industrie musicale et ses difficultés. Le fait aussi de perdre le sens de l’art en cédant aux diktats des grandes compagnies. Mais c’est surtout par son énergie et son refrain entêtant que cette chanson se démarque de l’album.
Shot One a tout de la balade faite pour séduire les fans et les autres. Mais au-delà, c’est un titre fantastique sur le plan mélodique (en tout cas, je l’aime). Son sujet est à la fois le nécessaire abandon total pour aimer vraiment et la fragilité mentale qui en découle. Vraiment une réussite que cette chanson, qui donne envie de pousser l’auto-radio à fond et d’ouvrir la fenêtre pour en faire profiter toute la rue, tout autant que d’étreindre la personne qui peut-être fait de nos vies une existence plus douce.
True Believer est rythmiquement et dans sa construction, un pur exemple de ce que les Biffy font de mieux. On démarre sur un rythme simple, puis la patte nerveuse du groupe se met en marche, et comme d’hab, on kiffe, surtout ce refrain surligné d’une guitare rageuse. Les thèmes abordés ? Rien de neuf de ce côté-là, la spiritualité… et l’amour de son prochain (beurk, ça dégouline un peu là, non ?!).
Quant à Goodbye, c’est la théorie du ruissellement ; encore de l’amour, mais sous le prisme de sa finitude. Avouons-le, pas le titre le plus mémorable de cet opus, loin de là, mais on sent quand même une forme de sincérité dans le propos.
Arrive l’excellent Friendshipping, qui raconte les amitiés que l’on tisse et celles qui se défont, celles que l’on entretient au long cours et les plus fugaces. On aime l’énergie de ce titre, fait pour les stades comme pour être chanté en faisant le ménage, un balai à la main façon Freddie Mercury.
Changement d’ambiance avec l’intro de Woe Is Me, Wow Is You, où des cordes soyeuses viennent étayer un propos sérieux, et sur lequel on apprécie l’accent écossais des chœurs (« stick it out, stick it out »). S’effondrer, remonter péniblement la pente, et revivre, pas exactement comme on a vécu, mais plus en harmonie avec soi-même et les autres. Un très beau titre dans la veine des Biffy.
It’s Chemical ! a tout du pamphlet contre les décideurs de ce monde, qui nous mènent vers un gouffre dont personne ne sortira. Le poids de l’Histoire n’en sera plus un, puisqu’il n’y aura plus personne pour en juger, et ce constat est glaçant. Quant à la musique, eh bien là encore, du Biffy pur jus, syncopé et nerveux.
On prend le temps de se poser sur l’intro d’A Thousand And One, touche d’électro en prime. Et l’on aborde le sujet des regrets, des erreurs commises et que l’on n’a pas réparées, des mots simples que l’on n’a pas dits. Une chanson qui fait du bien au corps et au cœur.
Dearest Amygdala est un morceau à double niveau de lecture, neuro-scientifique et humoristique, sur lequel les Biffy s’amusent comme des petits fous, tout en nous glissant une mélodie dont ils ont le secret, appuyées cependant par quelques synthés pas forcément heureux. L’amygdale est le siège de l’évaluation de nos émotions, mais aussi de nos réponses à l’ensemble des stimuli, de façon animale (coucou Pierre Hugues José). Évoquer son existence et son (dys)fonctionnement, un défi relevé haut la main par les Écossais qui se paient même le luxe final d’une prononciation plus appuyée en fin de titre, histoire de nous perdre un peu plus quant à une interprétation possible !
Two People In Love, en revanche, traîne un peu en longueur avec ses presque 6 minutes répétitives, mais on suppose que c’est pour mieux nous donner un aperçu de ce que propose le groupe en concert, à savoir des prestations captivantes et bourrées d’énergie.
Note : 8/10