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Foo Fighters, But Here We Are

Il n’aura fallu qu’un peu plus de deux ans pour attendre le onzième album des américains de Foo Fighters, Medicine At Midnight étant sorti début 2021. Le nouvel effort de la bande à Dave Grohl a pour titre But Here We Are, distribution gérée par Roswell Records.

Un album placé sous le signe du deuil, de la perte d’êtres chers. Deuil tout d’abord du batteur Taylor Hawkins survenu en mars 2022, puis de la propre mère de Dave Grohl quelques mois plus tard. Deux pertes coup sur coup qui, cela va sans dire, ont fortement ébranlé le leader de Foo Fighters. Dans ce nouvel album, un morceau est d’ailleurs dédié à la mère de Dave qui était enseignante, sobrement intitulé “The Teacher“.

But Here We Are est donc le premier opus de Foo Fighters depuis le décès de Taylor. En plus du chant, Dave Grohl a repris son rôle de batteur, celui qu’il occupait naguère au sein de Nirvana. Serait-ce de manière définitive ? On ne le sait pas encore, de nombreux noms circulant pour devenir le nouveau batteur officiel de Foo Fighters.

La mort est ainsi omniprésente sur ce onzième album de la formation américaine et force est de reconnaître que les compos s’en ressentent. Emotion, tristesse et recueillement figurent en effet au menu de But Here We Are, par le truchement de morceaux tels que “Hearing Voices”, “Show Me How” sur lequel est invitée Violet (la fille de Dave Grohl) ou encore la magnifique ballade “Beyond Me”.
Avec “Rescued” et “Under You”, on pensait Foo Fighters revenus aux sonorités rock d’antan, celles que l’on pouvait retrouver par exemple sur l’album There Is Nothing Left To Lose de 99. “Rescued” se montrait puissant, énorme, tandis qu’”Under You” nous rappelait au souvenir de “Learn To Fly”, extrait précisément de There Is Nothing Left To Lose. Le trop pop “Medicine At Midnight” semblait appartenir au passé révolu, “But Here We Are” va malheureusement prouver le contraire.
Un album sur lequel Dave Grohl et ses acolytes ne savent aucunement, il faut bien le dire, ne savent pas trop quoi faire de leur musique. La question sempiternelle se pose : revenir aux fondamentaux rock qui faisaient le succès ou demeurer dans la pop de “Medicine At Midnight” et verser dans le larmoyant ? Certes, à la décharge de Dave et des autres membres du groupe, le deuil a frappé mais n’aurait-il pas mieux valu attendre que la douleur et le traumatisme s’estompent, de façon à repartir sur de bons rails ? Les américains ont manifestement préféré se jeter dans le travail, quitte à pondre un album bien trop sombre avec la mort en toile de fond. Dommage, les choses étaient pourtant bien parties à la parution de “Rescued” et d’”Under You”.

But Here We Are laisse un goût incontestable d’inachevé mais, pour autant, n’est pas un album complètement mauvais. Un constat étayé par les ballades “The Glass”, “Show Me How” avec Dave et Violet en duo et surtout “Beyond Me” sur lequel s’épanouit un énorme pan d’émotion, à l’instar du plus électrique et rythmé “Hearing Voices”. Que dire de “The Teacher”, morceau le plus long de l’album (10 minutes 04). Un morceau où Dave s’adresse à sa mère enseignante décédée récemment : « You Showed Me How To Grieve, You Never Showed Me How To Say Goodbye ». Poignant, émouvant cet hommage, mais cela ne nécessitait pas 10 minutes 04, car trop de répétitions et de traînage en longueur. L’émotion ressentie ne doit pas faire oublier que des passionnés de bon rock sont là, qui ne demandent qu’à apprécier les morceaux.

Aller de l’avant, continuer le show, Foo Fighters tentent bien de le faire sur “Nothing At All” et “But Here We Are”, sans grande réussite hélas car on est plus proche de la pop “Medicine At Midnight” que du rock “The Colour And The Chain” ou “There Is Nothing Left To Lose”. Seuls “Under You” et “Rescued” restent convaincants, dignes des grands standards de Foo Fighters.

But Here We Are, bien que recelant quelques bons morceaux de bravoure, voit Foo Fighters paralysé par le deuil et la tristesse qui, il faut l’avouer, ont parasité l’élaboration de ce onzième album. À trop vouloir se presser pour revenir, on bâcle et on fait n’importe quoi. Reproche doit donc être fait à Dave Grohl et au reste de sa formation de n’avoir pas pris le temps du repos et de la réflexion.

But Here We Are : un album arrivé dans la douleur et la précipitation !

Notre sélection : Rescued, Beyond Me, Under You, Hearing Voices.

Photo : Alive Coverage

 

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