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Interview d’Ayron JONES

Ayron, en préambule, la dernière fois que nous nous sommes parlés, tu voulais visiter Ayron, ce petit village de la Vienne. As-tu trouvé assez de temps pendant cette tournée pour y aller ?

Oh, tu t’en souviens ?! Non malheureusement, les villes les plus proches dans lesquelles je suis allé c’était Nantes, Bordeaux, voire Ris-Orangis. Mais on n’a pas été plus proche.

C’est dommage ! Cette année, tu as fait la première partie des Rolling Stone, joué sur les scènes principales du HellFest et de Solidays. Est-ce qu’il y a une limite à ton ascension ?

Je ne sais pas mec, s’il y a une limite. La vraie limite, c’est l’imagination, c’est la prochaine étape. Je n’ai pas de plan de carrière. Je baisse la tête et je fonce, en faisant ce que j’aime. Au pire, je mets une casquette.

Est-ce que le succès, le fait que tu sois plus médiatisé maintenant, fait que tu es plus confronté aux sempiternels Sexe, Drogues et Rock’n’Roll ? Comment gères-tu cela au
quotidien ?

C’est certain, oui. C’est toujours la quadrature du cercle. Mais je suis vigilant, et je suis surtout bien entouré. Peu importe ce que je fais, je dois être en mesure de rentrer chez moi. Ma famille, c’est ce qui fait de moi une personne comme les autres. Cela ne veut pas dire que je ne fais aucune place à des moments où je profite, mais j’ai à cœur d’être une personne normale, un père et un mari. Cela en vaut la peine. On en a vu beaucoup sombrer, se brûler aux flammes du rock et mourir de tout ça.

Est-ce qu’en rejoignant une major, tu es encore libre ?

Le truc cool avec ma maison de disques, c’est qu’ils m’ont toujours encouragé à être moi-même, et ils m’ont laissé être moi. Certaines maisons de disques ne parlent que d’expansion, de collaboration avec leurs réseaux, mais pas la mienne. Je peux expérimenter. Et puis je viens du rock pur et dur, et c’est toujours vers cela que je reviens.

Nous, on est pour ! Mais par exemple, Otherside est un titre très produit, non ? Plus rap, plus trap même ?

Oui, mais c’est important. Le nouvel âge du rock sonne différent, donne à voir d’autres choses, le feeling est différent. Je dois parler à tous les âges, ceux qui m’ont forgé, mais aussi les jeunes. Le rock authentique, j’en viens. Mais je veux que les jeunes puissent s’attacher à moi, s’identifier à moi. Alors j’écoute ce qu’ils disent.

Tu as déjà sorti deux titres, Filthy et Otherside, qui laissent présager un album. Est-ce bien le cas, et peut-on avoir des indices sur son titre, sa ligne directrice ?

On y travaille, et on devrait pouvoir communiquer prochainement sur une sortie. Sans doute au tout début de l’année prochaine.

Nous aimerions parler de ta façon de composer. Est-ce que tu prends une guitare et tu fais tourner jusqu’à ce que l’inspiration arrive, ou est-ce que tu t’assoie à un piano ?

Tout à la fois. Je peux me mettre au piano, à la basse, sur une guitare acoustique ou une électrique. Parfois j’ai un truc en tête et j’attrape mon téléphone pour garder l’idée. Je le chante pour ne pas oublier.

Et pour les paroles, elles te viennent comment ? Avant, pendant, après ?

Parfois avant, mais je me concentre d’abord essentiellement sur le refrain. D’un bon refrain, les couplets viennent naturellement.

Aucun problème d’inspiration ?

Non, aucun. Il m’arrive de laisser mûrir, mais c’est rare !

Avec qui vas-tu jouer ce soir ?

En première partie, les Last Temptation. Ils sont cools.

Et ton groupe ?

Ils sont là depuis un certain temps, ils ont travaillé avec moi sur le dernier album (Child Of The State). Bob Lovelace, Matthew Jacquette et Bobi Jimmi

Quel est leur parcours ?

J’ai rencontré Bobi à Seattle, mais il est de Memphis, Matthews à San Diego.

Je t’ai vu jouer avec l’une de mes idoles en vidéo, Christone Kingfish Ingram, en reprenant Voodoo Child.
Il y avait aussi Samantha Fish !
Comment est-il, Christone ?

C’est un gamin adorable. C’est la gentillesse même, et un musicien incroyable.
Je suis très fier de lui, on a joué ensemble dans un club de blues à Seattle. Quelques années après, il remportait un Grammy Award.

Tu as 3 enfants, n’est-ce pas ?

Non, 4 !

Sont-ils assez grands pour te voir en live ?

La plus âgée à 10 ans, le plus jeune 1 an. 10, 7, 3 et 1 ans.

Comment leur expliques-tu ton travail ? Papa bosse et joue devant des milliers de personnes ?

Papa va bosser, simplement. Ma fille de 10 ans s’est mise au violon. Je leur montre et je leur explique ce que je fais. Et puis leur mère les expose à beaucoup de musique, pour leur culture. Sur Youtube notamment.

Parlons de la situation aux Etats-Unis si tu le veux bien. Biden a été élu il y a 2 ans,
récemment ont eu lieu les élections de midterm, et Trump se représente pour un mandat.
On a le sentiment d’un grand fossé entre les électeurs de chaque camp. On a le même
sentiment d’ailleurs pour la France.

Ce n’est plus aussi grave que ça l’a été. Les sondages pour les midterms annonçaient une vague pour les Républicains. Ils se sont plantés. Il y a toujours un balancier à l’œuvre, tantôt républicain, tantôt démocrate. Là, pour la première fois depuis longtemps, ça n’a pas été le cas. Mais beaucoup de gens aux États-Unis sont respectables, avec des valeurs. Ils ont peut-être des idées conservatrices, mais font preuve de décence. Il faut le voir des États-Unis pour le comprendre. Et puis il y a de l’espoir. Trump est en train d’être mis au ban de son propre parti. Ce type d’extrémiste est mis en minorité, même si on ne sait pas ce que l’avenir nous réserve.

 

Comment restes-tu optimiste dans ce monde ? Le Covid, la guerre, les tournées
interrompues. Est-il vain d’être un musicien actuellement ?

Être musicien prend justement tout son sens. Les artistes ne créent pas pour eux- mêmes, ils créent pour donner à voir, à entendre aux autres. J’aime créer, et j’en tire de la satisfaction parce que c’est destiné aux autres, pas à moi. Pour moi, il faut que cela sorte, c’est vital. Mais les artistes sont là pour vous. Certains sont timides, mais ils doivent partager leur art avec le monde entier.

Le concert de ce soir est sold-out, et on espère très humblement avoir contribué à ce que
cela soit le cas. As-tu prévu quelques reprises ce soir ? Dirty Diana par exemple ?

Je vous laisse le découvrir ! Mais généralement, on ne sait pas lesquelles on va jouer, je lance un truc et les gars suivent.

Je voudrais te remercier, à titre personnel. J’ai eu des mauvais moments, et l’une de tes
chansons, “Take Me Away”, en particulier la phrase How am I supposed to find some peace of mind if I can’t stand to be alone est devenue mon mantra. Alors je t’ai préparé des bredeles (Christmas Cookies). Sans drogue dedans.

Ah dommage ! Cela représente beaucoup pour moi. C’est pour cela que j’évoque dans mes chansons les zones de vulnérabilité. Les addictions, l’isolement, tout le monde a ses problèmes. Et puis en tournée, loin de ma famille, c’est un geste super sympa !

Ayron finira l’interview en enregistrant 2 liners pour Sensation Rock et Radio Campus,
nous serrera chaleureusement la main, et ira se préparer pour le concert.

Remerciements : Ayron Jones et son équipe, La Rodia, Bob, Sensation Rock

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