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Ko Ko Mo, Need Some Mo

Les nantais de Ko Ko Mo sont de retour avec un troisième album baptisé Need Some Mo. Peu de choses ont changé chez ce duo formé de Warren (chant et guitare) et de Kevin (dit K20) (batterie): la rock attitude est toujours là, manifestée par des guitares grondantes à souhait et la voix de Warren donnant dans les aigus, le tout additionné constituant un dynamisme indéniable. La seule évolution, depuis l’opus précédent, réside dans le changement de label. Ko Ko Mo a en effet, après 8 ans passés chez LMP Music, rejoint Pias où le duo nantais a obtenu l’assurance de pouvoir créer sans déplaire, sans avoir de comptes à rendre aux décideurs.

Une liberté artistique qui se ressent jusque dans les compos de Need Some Mo où, forts de cette indépendance, Warren et Kevin s’autorisent quelques pirouettes musicales, ce qu’ils ne se seraient pas permis chez LMP où tout semblait réglé comme, sans mauvais jeu de mots, du papier à musique. Outre le rock estampillé 80’s devenu leur marque de fabrique, Ko Ko Mo font, sur ce troisième effort, étape dans le bluesy avec Lead You Astray, un morceau que No Money Kids aurait très bien pu interpréter. Dans la même veine mais moins blues, citons aussi Walls Get Closer sur lequel les nantais montrent une toute une toute autre facette de leur talent. Les langues de vipères et médisants reprocheront à Warren cette voix trop criarde qui, diront-ils, leur casse les oreilles, mais le petit gars a fait des progrès dans ce domaine, bien qu’à certains moments ça gueule encore! Comme on dit, chasser le naturel il revient au galop!

Ko Ko Mo demeure toutefois un groupe de bon rock bien rythmé et rentre-dedans, comme de coutume. Ainsi, All Along et Blue Flashing Light permettent de rentrer dans l’ambiance tout de go, le duo attaquant grand braquet sans se ménager. Une montée en puissance qui se vérifie sur le titre éponyme Need Some Mo, encore plus manifeste dans Tracking My Soul. Les rockeurs de la Loirat s’en donnent à coeur joie, heureux d’enfin pouvoir exprimer tout leur potentiel sans avoir à subir de remontrances. L’excellent Your Kiss, l’un des singles extraits de l’album, se profile avec un Warren et un Kevin au taquet: rythme entraînant, grosses guitares et choeurs font tout le sel de Your Kiss, des paroles que l’on ne peut s’empêcher de reprendre avec le groupe.
Mi-rock mi-blues, Enter Gonna Give Up se révèle sulfureux, débordant d’énergie et de bonnes grattes crachotantes. Chez ces nantais de caractère, les riffs de guitare sont toujours aussi ravageurs et ça ne changera pas, pour notre plus grand plaisir.
Encore plus rock, Idiocracy Song bouscule tout sur sa route, Ko Ko Mo prouve qu’ils en ont plus que jamais sous le pied.

Le grand moment de musique de Need Some Mo, c’est l’enchaînement Breather/Non Essential Man qui le procure: le très court instru et la somptueuse ballade de 8 minutes 12 se complètent en effet à merveille, pouvant constituer un morceau de 9 minutes 25. On n’aurait jamais cru ça possible de la part de Ko Ko Mo qui, sur ce nouvel album, ne cesse décidément de surprendre. Non Essential Man aurait été le parfait morceau de conclusion si une certaine reprise des années 80 n’était pas passée par là. Le duo nantais s’est attaqué à Last Night A DJ Saved My Life avec une assurance déconcertante, sans crainte de trahir l’original. Warren et Kevin se sont appropriés ce tube des 80’s avec leur propre patte, comme un morceau de leur composition. Une reprise qui est d’ailleurs sorti en single l’an dernier, bien avant que Your Kiss ne fasse son apparition. Pour une conclusion en fanfare, c’en est une avec ce Last Night A DJ Saved My Life.

Nantes est bien l’une des grandes places fortes du rock, Ko Ko Mo vient le confirmer. Need Some Mo, la liberté artistique du duo y étant sans doute pour beaucoup, est l’album le plus accompli de Ko Ko Mo. Warren et Kevin osent sortir des sentiers battus, s’aventurant hors du carcan rock 80’s FM où l’on se plaisait à les enfermer. Ce rock est évidemment toujours présent, les nantais ne peuvent le renier, mais d’autres tendances musicales sont venues s’y greffer, tels le blues et la ballade. Un album qui sera peut-être l’occasion de fédérer un plus large publique dans le sillage de Ko Ko Mo, surtout ceux qui demeuraient leurs détracteurs.

Need Some Mo: quand Ko Ko Mo se libère d’une tutelle musicale quelque peu envahissante et brise les plus inamovibles codes du rock!
-Jean-Christophe Tannieres

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