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Eels / Extreme Witchcraft

Un an après la sortie d’Earth To Dora, Eels (alias Mark Oliver Everett) est déjà de retour! L’Américain nous offre son quatorzième album intitulé Extreme 
Witchcraft (en français « sorcellerie extrême »).
« Mes parents se sont sentis bien, c’est à l’un de ces moments que j’ai choisi de naître. Dès lors, les ennuis ont commencé pour moi. » C’est en ces 
termes peu élogieux de lui-même qu’Eels se définit, personnage complexe et adepte des antidépresseurs qui, au lieu de l’apaiser, causèrent 
d’innombrables dégâts sur son âme déjà bien trouble. Novacaine For The Soul fut l’un des morceaux phares de Mark Oliver Everett en 96, force est de 
constater qu’aucun médicament n’a su guérir cet écorché vif de la musique, ce grand malade de la vie. Earth To Dora, par le biais de compos telles que 
Baby Let’s Make It Real ou Who You Say You Are, laissaient toujours paraître ce versant fragile de l’Américain mais, pourtant, les choses évoluent et 
dans le bon sens! En effet, sur ce nouvel effort Extreme Witchcraft, Eels a décidé de prendre le taureau par les cornes et ainsi donner un coup 
d’accélérateur à sa musique. Cet album de 12 morceaux se montre résolument plus rock et plus groovy, lorsqu’on ne parle pas de soul. En fil rouge,des 
guitares qui grondent et pétaradent, petite révolution notée sur les premiers singles dévoilés que furent le tourbillonnant Good Night On Earth ou, tout 
récemment, le non moins remuant Amateur Hour.
« J’ai éprouvé beaucoup de plaisir à faire cet album » n’a eu de cesse de marteler Mark Oliver à qui voulait l’entendre, allant même jusqu’à confesser qu’il 
se levait la nuit pour travailler avec le souci permanent de ne point réveiller son fils de 4 ans. Papa consciencieux cet Eels à qui, il faut le reconnaître, 
la suite a donné raison!
Extreme Witchcraft coïncide avec le retour, derrière la console, du producteur John Parish qui fut déjà l’artisan de l’album Soul Jacker, paru il y a tout 
juste 20 ans. Avant de revenir vers son pote Everett, Parish s’est occupé, entre autres, des productions de PJ Harvey, de la néozélandaise Aldus Harding 
et même de Dionysos, voire Arno. On voit le résultat : un album bien dynamique, rompant totalement avec l’apathie des précédents opus.

Ce 14ème album est rock disait-on, son début en apporte la preuve irréfutable avec Amateur Hour et Good Night On Earth qui donnent un bel aperçu du 
Mark Oliver Everett version 2022, plus mordant et plus en verve. Le Californien semble, par ses nouvelles compos, vouloir aller de l’avant et se 
débarrasser de cet image d’individu tourmenté qui lui colle à la peau depuis tant d’années même si, bien évidemment, la patte de John Parish n’est 
pas innocente à cette métamorphose musicale.
Eels s’est refait la cerise, Strawberries And Popcorn se charge de nous le faire remarquer si l’on en doutait encore. L’Américain, aux médocs bien 
nuisibles à l’âme, préfère se tourner vers les fruits et autres petites gourmandises que sont les popcorns. Et la musique s’en ressent, plus joyeuse et 
rythmée, coloration rock que viennent confirmer des morceaux comme The Magic et Better Living Through Desperation où les guitares résonnent 
beau faire! Qui dit rock dit aussi univers psychédélique dans lequel Eels n’avait, jusqu’à présent, jamais eu le cœur de s’aventurer et, le moins que 
l’on puisse dire, c’est une véritable réussite!
Sur ce nouvel album, règne l’âme de Prince pour lequel, selon ses dires, Mark Oliver reconnaît volontiers avoir de l’admiration. Une influence du King 
de Minneapolis que l’on retrouve, par exemple, dans le très rock The Magic, la ballade groovie So Anyway, sur les notes de Better Living Through 
Desperation et surtout dans I Know You’re Right, un morceau que Prince lui-même n’aurait pas renié tellement la musique rappelle celle de la défunte 
star américaine.
Extreme Witchcraft, c’est aussi un côté groovy très marqué, tout particulièrement sur Grandfather Clock Strikes Twelve, So Anyway et ses claviers rétro 
70’s ou encore bien sûr dans ce princien I Know You’re Right, tandis qu’un peu de soul s’insinue sur le single Steam Engine, également inspiré 70’s. 
Eels explore de nombreux univers musicaux et se promène, au gré des compos, d’un style à l’autre: du rock au groove en passant par la soul et la folk.
Extreme Witchcraft, un album dynamique certes mais sur lequel Mark Oliver Everett n’abandonne pas les petites ballades qui, tout de même, ont toujours 
fait son charme en dépit de son côté dépressif et autodestructeur. So Anyway en fait partie, tout comme le très folk Learning While I Lose. Un artiste ne 
peut renier du jour au lendemain ce qui faisait son succès et sa grandeur et Dieu sait qu’on les aime, ces magnifiques ballades d’Eels!

Eels, avec Extreme Witchcraft, livre un opus musclé sur lequel, d’un bout à l’autre pratiquement, rugissent et résonnent les guitares. L’américain prouve 
qu’il est manifestement sur la voie de la guérison mais, lors de ses prochains albums, ne sera-t-il pas tenté de replonger? L’avenir seul pourra répondre 
à cette question mais, en se montrant optimistes, on peut penser que l’Américain va se stabiliser et ainsi ne pas retomber dans ses travers.
Extreme Witchcraft : du rock au groove, le retour gagnant d’un artiste ayant manifestement préparé de longue date sa métamorphose et qui l’assume 
pleinement!

 
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