Logo Sensation Rock

Evanescence, The Bitter Truth

Réentendrait-on un jour Evanescence sur de nouveaux morceaux? Question pertinente qui a enfin trouvé sa réponse. Tout d’abord sous forme de singles dévoilés en cascade, du somptueux Wasted On You à Better Without You tout dernièrement en passant par Use My Voice ou encore Yeah Right. Puis, après d’incessants reports, l’album The Bitter Truth a enfin vu le jour! Un événement quand on sait que le dernier album en date des américains remontait à 2011 (Synthesis, une compilation de morceaux joués avec un orchestre symphonique, était tout de même paru en 2017).

À propos de ce nouvel effort Amy Lee, la chanteuse charismatique d’Evanescence, s’est montrée très diserte. The Bitter Truth a été inspiré aussi bien par la situation sanitaire, les troubles politiques survenus aux Etats-Unis que par les épreuves endurées par les divers membres du groupe (Amy a perdu son frère tandisque Tim McCord, le bassiste, a dû surmonter le décès d’un enfant dans sa famille). Amy Lee a déclaré:

« La créativité est un exutoire pour mes sentiments de douleur, de deuil, de frustration mais aussi pour l’amour et l’espoir qui sont des choses positives. »

De nombreux morceaux de The Bitter Truth ont été composés en 2019, entre deux concerts. Quant à l’enregistrement, le producteur Nick Skulinecz s’y est impliqué corps et âme, lui l’ami de longue date d’Amy comme des autres membres. Ce nouvel album s’est donc façonné entre la maison en forêt d’Amy Lee et le studio de Nick Skulinecz à Nashville.

Malgré toutes ces épreuves (qu’elles soient d’ordre personnel ou engendrées par la désastreuse actualité), Evanescence s’est toujours refusé à abandonner la construction de ce nouvel opus qu’Amy appelle, avec affection bien entendu, « ce joli monstre. » La songwriteuse a d’ailleurs dit lors de l’une de ses nombreuses interviews: « j’essaie toujours de me remettre en question, d’être plus honnête, plus brute et plus vulnérable quand j’écris. Je me sens mieux, plus je m’ouvre et plus je laisse faire. »

Quant à la musique d’Evanescence, on ne peut guère dire que les américains aient changé de style. Celui-ci navigue entre électro et metal avec les traditionnelles ballades qui vont bien. The Bitter Truth, tout au long des 12 morceaux qui le constituent, diffère très peu de l’abum qui révéla Evanescence en 2003, cette fameuse galette où figurent la bande originale de Daredeville Bring Me To Life, Going Under et évidemment le génial My Immortal qui a son équivalent dans le non moins somptueux Far From Heaven, ballade de 4 minutes 57 qui voit la présence du piano supplantant la guitare.

Pourtant, The Bitter Truth n’est pas totalement un copier/coller du cru Evanescence 2003 car les américains ont tenté quelques légères innovations dans les arrangements musicaux, notamment sur Better Without You qui débute lentement par des sons de xylophone auxquels succèdent des claviers. Amy et ses acolytes, avec ce formidable Better Without You, tentent de nous surprendre agréablement et, il faut le dire, y parviennent sans difficulté aucune. Better Without You aborde les innombrables écueils rencontrés par Amy Lee dans son parcours de leader de groupe ainsi que de femme évoluant dans l’industrie musicale.

Signalons le magnifique enchaînement entre l’intro électro Artifact/The Turn et Broken Pieces Shine qui donne véritablement le coup d’envoi de ce The Bitter Truth: Amy et tous les musiciens entrent de plein fouet dans le vif du sujet!

On assiste, sur certaines compos, à une rupture avec les grosses guitares et le son métal, comme par exemple sur Yeah Right plus électronique et sacrément dynamique. The Game Is Over, quant à lui, se révèle plus soft mais encore plus pop.

Que dire de l’entraînant Use My Voice, véritable exhortation à s’exprimer face aux sempiternelles injustices. En évoquant Use My Voice, Amy Lee a ces mots: « ne laissez personne parler à votre place. Chacun doit pouvoir chercher sa vérité, trouver sa propre voie. »

Wasted On You fut le premier single extrait de The Bitter Truth, sorti l’an dernier en pleine pandémie. Toujours selon les dires d’Amy, Wasted On You n’était pas initialement destinée à paraître en premier mais les événements en ont décidé autrement. Fantastique ballade à caractère émotionnel, Wasted On You a largement contribué à réchauffer nos coeurs bien malheureux et tristes de cette terrible situation, à un moment charnière de notre existence où nous ne sachions pas où nous allions et à quelle sauce nous serions mangés! Merci à Amy et ses boys d’avoir songé à sortir Wasted On You lors de cette pénible période!

Contraste frappant et saisissant entre le rock urgent du très rythmé Take Cover et cette au combien excellente ballade qu’est Far From Heaven. Durant les 4 minutes 57 de bonheur intense véhiculées par ce slow, toute l’émotion ressentie par Amy au sujet de son deuil comme de la situation sanitaire actuelle nous est dévoilée. La voix est claire mais enpreinte de tremblements et de sanglots retenus à grand peine. La compo de référence d’Evanescence ne la cherchons pas plus loin, c’est véritablement Far From Heaven!

Les mauvaises langues taxeront The Bitter Truth de réchauffé de Daredeville 2003, on ne pourra indéniablement pas leur donner tort à propos de certains morceaux tels que Feeding The Dark ou Part Of Me et même de Far From Heaven qui, au risque de se répéter, nous rappelle My Immortal. Néanmoins, un travail d’innovation s’avère manifeste. Les américains n’ont rien lâché, rien concédé, ont pris leur temps (peut-être beaucoup trop au goût de certains) mais au prix de quel résultat? D’un album de 12 morceaux exprimant une réelle diversité musicale.

Qui mieux qu’Amy Lee peut conclure avec ces quelques mots: « Persévérer, c’est toujours mieux que d’abandonner! »

-Jean-Christophe Tannieres

Total
0
Shares
Related Posts