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INTERVIEW – TOYBLOID

Deuxième album de Toybloïd, « Modern Love » est un excellent disque pop-punk. Energie survitaminée et harmonies vocales 60’s font du combo de dignes descendants des Ramones. Et si musicalement c’est top, c’est encore mieux avec un message LGBT+ qui fera frémir Darmanin et Dupond-Moretti.

« Votre premier album date de 2016. Qu’avez-vous fait durant ces quatre ans ? »

« Cela peut paraître long quatre ans mais nous avons fait plein de choses. Déjà un nouveau membre est arrivé dans le groupe. Après la fin de la tournée du premier album, nous avons composé durant deux ans. Nous sommes aussi devenues productrices ce qui a été un grand saut pour nous. Et puis, il a fallu tout mettre en place au niveau logistique, ce qui prend énormément de temps. »

« Le disque sonne très pop-punk. Vous vous qualifiez de pop-punk ? »

« On se qualifie comme un groupe de rock mais c’est vrai que nos mélodies sont très pop. Les vibes du premier album sont quant à elles très garage. Là, nous sommes allés vers quelque chose de différent. Nous écoutons pas mal de choses et cela nous influence forcèment. Nous ne sommes pas bloqués dans le rock du passé.»

« Le disque m’a beaucoup fait penser aux groupes filles des 80’s, à des combos comme les Go-Go’s ? »

« On ne connait pas les Go-Go’s mais on se retrouve dans ce côté pop ensoleillé dont tu parles. »

« Les vocaux ont particulièrement cette coloration pop. »

« C’est notre ingé son qui nous a beaucoup fait travailler les harmonies vocales. On a pris notre ingé son live pour le disque. Il nous a amené sa sensibilité. »

« Il y a aussi un côté punk avec des titres qui n’excèdent pas les deux minutes trente. »

« Nous ne l’avons pas fait exprès mais c’est vrai que nos morceaux font très souvent deux minutes trente. Nous sommes très couplet/refrain, couplet/refrain. »

« Est-ce que vous sentez un certain machisme dans la scène rock ? »

« Pas trop. Il y a des choses qui changent dans le milieu rock : on parle de plus en plus des groupes de filles. C’est quelque chose de positif. A une époque, nous nous sentions un peu seules mais ces dernières années de nombreux groupes de filles sont apparues. Dans le hard-core, le punk, les groupes féminins ne sont pas rares. C’est moins le cas dans la musique mainstream, malheureusement. »

« Est-ce que l’album est un concept-album autour des thématiques LGBT +? »

« Un concept-album, non, même si toutes les thématiques du disque tournent autour de cela. Nous nous sentons comme un groupe militant. Les gens ont besoin d’identification. C’est important de voir aujourd’hui de plus en plus de filles lesbiennes dans le punk ou le rap. Si des filles isolées se retrouvent dans nos textes, c’est bien. On joue depuis très longtemps mais cela fait peu de temps que nous nous sommes rendus compte que l’on pouvait faire passer des messages. »

« Le morceau « Donna » parle du outing et de Donna Summer. C’est marrant un groupe pop-punk qui écrit un titre sur une icône disco. »

« Comme on le disait en début d’interview, nous avons un côté pop. Nous sommes curieuses musicalement. Nous écoutons même des trucs comme Justin Timberlake. »

« L’album est très pop-punk mais « Beauty and The Beast » a un côté presque metal. »

« C’est le dernier morceau composé pour le disque. Nous nous sommes dit qu’il manquait un truc puissant et efficace, un truc à la Foo Fighters. C’est comme cela que ce morceau est né.»

« Vous avez débuté le groupe il y a longtemps déjà. »

« Oui, nous avions quinze ans lorsque ToybloïÏd a démarré. On a eu  la chance de faire très vite des concerts. On a joué un peu partout en France ce qui nous a permis d’acquérir assez vite un bon niveau sur scène. Nous nous sommes construits par le live. Nous avons fait des tas de premières parties de Camelia Jordana à Offspring en passant par les Undertones.»

 « A cause du Co-vid vos différentes tournées ont été annulées. Elles vont être reportées ? »

« Nous avons trente dates qui ont sautées.On a la chance d’avoir un super tourneur. Ce n’est que partie remise. Il va y avoir une tournée et des dates en Angleterre. »

« Vous avez monté votre propre label. Vous pensez à signer des groupes à terme ? »

« Ce serait super mais nous n’y pensons pas pour le moment. S’occuper de nous prend déjà beaucoup de temps. On ne sait pas comment font les groupes qui trouvent du temps pour s’occuper de leur label et en même temps d’autres groupes. Cela doit  leur faire des journées de trente heures, au bas mot. »

« La pochette du disque montre deux vieilles lesbiennes s’embrasser. Quel message voulez-vous faire passer ? »

« Quand le milieu lesbien est représenté, c’est très souvent via de jeunes et jolies lesbiennes. Cela ne représente pas le réel, la vraie vie. C’est juste du fantasme. On voulait cette pochette parce qu’elle est vraie. »

Pierre-Arnaud Jonard

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