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Mystery jets, A billion heartbeats.

Quatre ans après Curve of the earth, les londoniens de Mystery jets nous reviennent avec A billion heartbeats, leur sixième album.
Une sortie prévue initialement en septembre dernier mais qui a dû être repoussée suite à des problèmes de santé rencontrés par le leader Blaine Harrison.
Après la sortie de Curve of the earth en 2016, les membres de Mystery jets ont éprouvé le besoin de s’éloigner les uns des autres et de l’univers musical (Blaine Harrison s’est exilé en Islande tandisque William Rees, fidèle à l’Angleterre, s’est retiré dans la petite ville de Margate).

A billion heartbeats aborde en profondeur les sujets sensibles qui font l’actualité, en Grande-Bretagne comme dans le reste du monde, sans pour autant prendre parti. Blaine Harrison a d’ailleurs déclaré :
« Cet album ne porte pas d’opinions partisanes. Il se veut plus comme un miroir de ce qui se passe dans le monde, reflétant les sentiments des gens. » Chaque compo traite d’un thème spécifique. Par exemple, Hospital radio est un vibrant hommage au personnel de la NHS anglaise (National health services) qui équivaut à notre fonction publique hospitalière.
Citons quelques mots forts de Hospital radio : « our blood is not for sale. ».
History has its eyes on you, quant à lui, aborde les manifestations pour les droits des femmes qui ont eu lieu à Londres en 2017, alors que Watching yourself slowly disappear choisit de s’attarder sur les diverses pathologies mentales.
Le titre éponyme A billion heartbeats, sans s’apesantir sur un thème précis, nous délivre un message fort et symbolique à travers la phrase
: « every human has a billion heartbeats… » On comprend mieux alors pourquoi ce nouvel album a été baptisé A billion heartbeats.

Les mots touchent en plein cœur, parfois poignants, mais qu’en est-il du point de vue musical ?
Les dix morceaux qui constituent A billion heartbeats nous propose tantôt un retour aux sonorités power rock façon 90’s, tantôt une incursion dans les arcanes de la synth pop et du rock atmosphérique alors que Curve of the earth était davantage axé sur un psychédélisme pink floydien.
Débuts tonitruants du disque avec l’explosif et colossal Screwdriver qui ne laisse guère de place au round d’observation. La voix de Blaine est claire et assurée, les guitares rugissent à grands renforts de riffs clinquants sans discontinuer. Mystery jets ont’ils tout donné sur Screwdriver ? On pourrait aisément le croire mais c’est mal connaître les londoniens qui en avaient, à coup sûr, encore sous la pédale.
Ils nous le prouvent sur Petty drone qui, bien qu’un chouia plus posé que Screwdriver, n’en est pas moins dynamique. Blaine poursuit sans faiblir sur sa lancée accompagné de majestueux chœurs et de bonnes guitares qui grattent toujours autant, livvrant une partition sans la moindre fausse note.
Adoption d’un braquet plus rapide avec Hospital radio sur lequel on atteint pratiquement la perfection. Harrison, à l’image de toute sa clique, donne tout ce qu’il a dans le ventre, Mystery jets faisant de Hospital radio le morceau le plus détonnant de cet album juste derrière Screwdriver bien évidemment.
A billion heartbeats est trompeur dans le sens où il commence lentement. On imagine pas encore, à ce stade du morceau, que les guitares vont pétarader et cela sans crier gare. Watching yourself slowly disappear est du même acabit, nous offrant une percée dans le rock atmosphérique.

History has its eyes on you et Endless city amorcent notre périple vers la synth pop, au même titre que le début de Watching yourself slowly disappear. (La synth pop est le style musical en vogue ces derniers temps, initié par Coin notamment). En écoutant ces deux magnifiques ballades, on a juste à se laisser porter par la voix envoûtante de Blaine Harrison qui, soit dit en passant, s’adapte à toutes les situations. Les claviers sont également très appréciables, sans être trop cinglants.
Les morceaux lents et langoureux sont manifestement bien représentées sur cette album : Cenotaph, Campfire song mais aussi et surtout Wrong side of the tracks, somptueuse et géniale ballade qui sonne le clap final de ce A billion heartbeats. Conclusion tout en douceur pour un album musclé, résolument tourné vers les bons gros riffs de guitare.

Curve of the earth était déjà l’album de la maturité pour Mystery jets, A billion heartbeats vient indéniablement le confirmer. Rien n’est à jeter sur cet album, les dix morceaux s’assemblent parfaitement dans un maelstrum hétérogène et très cohérent.
Les londoniens ont réussi le tour de force d’allier bonne musique et pleine conscience des difficultés engendrées par l’actualité bien désastreuse du moment.
Verra-t-on Mystery jets en France dans les prochains mois ? On peut toujours espérer car, dit-on, l’espoir fait vivre. Pour l’Angleterre, la tournée est fixée à fin novembre début décembre. Quelle chance ils ont ces british !

Note de 10 sur 10.

Jean-Christophe Tannieres

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