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Otoboke Beaver + Bandit Bandit + Squid, le vendredi 07 février 2020, Festival GéneriQ – La Poudrière, Belfort (90)

Après une soirée sold-out la veille à l’Antonnoir, c’est au tour de la belle petite salle de La Poudrière à Belfort d’accueillir LA soirée pépites Rock de cette édition annuelle du festival GénériQ‘.

A quelques heures du show, on annonce sur Facebook que les 20 dernières places cherchent encore preneurs. Rapidement, la soirée affichera évidemment complet comme celle du jeudi. Un succès amplement mérité et un gage de confiance du public quant aux choix artistiques de l’équipe, valorisant le travail de défrichage et d’une réalisation d’un plateau découverte qui récompensera encore une fois les curieux.

Car en effet à l’image des Eurockéennes retraçant certains axes phares années après années, certaines niches nécessaires, entre les gros noms actuels et les pépites à en devenir. Le GénériQ’ tout aussi éclectique ne perd pas non plus pour autant son ADN et cette itinérance assumée, bien au contraire. Preuve si l’en est avec cette soirée mimétique dans le style et l’esprit à celle proposée dans le même cadre, à la même période et dans la même salle en 2019. Avec le non moins exceptionnel plateau qui a regroupé Hubert Lenoir + MNNQS + Bodega. Un très bon souvenir pour nous et un tremplin pour deux des groupes qui finiront par se produire sur la scène de la Plage au début du mois de juillet du côté du Malsaucy cette même année. Les petits Anglais de Squid étant déjà annoncés à nouveau cet été aux Eurock’.

Ce soir la nouvelle triplette reprend donc le même plan de table mais dresse les couverts différemment. Comme l’an passé par ailleurs, on a été étonné de voir jouer en premier sur la timeline le show assuré comme le plus attendu, à savoir les Otoboke Beaver. Comme pour Hubert Lenoir l’année précédente par soucis de calendrier. Là, les Kyotoïtes ont dû rapidement décoller de Belfort juste après le concert pour filer vers London du côté de la BBC (rien que ça) afin d’assurer des journées promo’ avant de reprendre une belle petite tournée européenne jusqu’à la fin de l’hiver.

La foule se masse devant la Nef aux pieds du lion et le choc thermique dès l’entrée se fait ressentir. Les silhouettes diverses mais bien souvent trentenaires, voire plus, commencent à s’agglutiner devant la scène.

 

– Otoboke Beaver (Jp)

Premier constat.

Oui il y a déjà pas mal de fans du groupe dans l’Est au grand étonnement de certains. Pas si étrange finalement puisque le groupe cumule déjà presque dix ans de compo’ et a déjà tourné avant en Europe. Avec notamment une solide réputation une fois de plus du côté de l’Angleterre, comme souvent très férue de Rock japonais, dixit les « Bo Ningen » pour exemple.

Indescriptible quatuor kawaii mais dangereux, les Otoboke Beaver en quasi-poupées nippones affublées de robes style 60’s des plus colorées, pratiquent un Punk hardcore abrasif et féministe tout en japonais et sur des tempos à l’allure calquée sur le Shinkansen. Un peu comme notre fier TGV, mais à l’heure quoi…

La sensation Noisy en provenance de Kyoto a rapidement balayé les clichés disséminés par les autres « nanas nippons qui font grand bruit » de Baby Metal pour s’axer dans une démarche plus proche des « Chai »par exemple ou « Bo Ningen » comme cité précédemment. Moins normées et rappelant parfois la folle jeunesse d’un « Maximum the Hormone » dans les changements de voix et de rythmes.

Qui dit Punk, dit forcément enchainements sans transitions et quelques redondances rythmiques. Pourtant loin de débrayer un set montre en main, les filles ont assuré le show d’une bonne heure en multipliant les interactions dans un anglais à l’accent japonisant presque cliché et les déclarations d’amour et d’humour. Entre mignonnerie et timidités du soleil levant et majeur brandi fièrement. La chanteuse finissant par ailleurs par un petit crowdsurf règlementaire mais sans folie. Une mention particulière à la guitariste particulièrement habitée par un Kaiju ou aux choix, un esprit errant de la scène punk des 80’s.

Le coup de cœur du programmateur a encore tenu ses promesses, une prestation foutraque et bordélique mais calibrée à la japonaise.

 

– Bandit Bandit (Fr)

Petite pause d’une vingtaine de minutes et c’est au tour des Bandit Bandit de lâcher leurs ecocup’ de bière pour des conteneurs en verre remplis d’eaux (nouveauté éco’ présente sur scène) et ainsi quitter la fosse pour monter sur scène et récupérer au passage la batterie, prêtée à l’occasion pour Otoboke et brancher quelques demi-caisses à la belle gueule.

Second constat. Bien qu’affichant complet, il semblerait que certains soient venus presque exclusivement pour voir les Jponaises en action juste avant. La fosse paraîtra en effet de moins en moins dense au fil des heures, voire même clairsemée et plus respirable à partir du milieu du set de Squid à l’approche de minuit.

Mais tandis que les dernières gouttes de transpirations acides s’amusent à ronger le sol et que l’air chaud continu stagne au plafond, les premières notes de la reprise de « Mon Amie La Rose » résonnent dans les HP. A noter, le groupe français enchaine quand à eux pas moins de 3 dates à l’occasion du GénériQ’.

Double dose de malfrats, Bandit Bandit c’est un petit braquage Made in Rock français. Sans arme, ni haine et avec une violence affective, le genre de groupe de braqueur avec qui tu finis par repartir en van à sillonner le sud en contemplant le magot fraichement piqué. Une belle petite claque comme avait pu l’être MNNQNS dans cette même salle anno-1 en revisitant un excellent premier EP sauce Noisy et Fuzz en roue libre, on se remémore déjà dès les premières notes de très bons moments. Bon signe !

Conglomérat encore chaud du B.R.M.C (la bonne époque hein), de drones et de reverbs à la Black Angels (comparaison flatteuse). Un mix puissant avec une basse à faire calmer Mike Kerr de Royal Blood et une ADN qui ne saurait renier ses coïts cachés avec une certaine Pop Indé française de cette dernière décennie et plus ancienne. Les Initiales du groupe, B.B ne masquants que partiellement l’hommage timide mais honnête à Gainsbourg dans le texte.

Entres gros riffs et romantisme, entre cuir et déhanché maitrisé, les Bandits cultivent un savoir faire du Rock Sexy avec une bonne bouteille scénique.Un combo détonant dont une partie d’ex musiciens de Kursed ont déjà du kilométrage sur les planches et cela ce ressent ! Récemment finalistes du prix Ricard Music Live, rien d’étonnant donc de voir donc le groupe suivre les traces dorées des autres lauréats Rock récents comme Lysistrata ou MNNQNS. Ils viennent d’ailleurs de se qualifier pour partir représenter la scène Rock française au Printemps de Bourges.

Entre quelques switchs de positions scénique, des passages à deux guitares, délaissant une belle basse rondelette et puissante pour lorgner sur du triturage de pedalboard d’aficionados de shoegaze. On aime. Une chanteuse avec une présence scénique indéniable, un batteur avec une belle frappe de bûcheron quand il le faut, Bandit Bandit n’a déjà franchement plus rien déjà plus rien à prouver sur ce genre de scène. Reste à se faire un public, on attendra maintenant avec impatience un premier album pour passer aux choses sérieuses et voir plus loin.

 

– Squid (Uk)

Voilà. Boris Johnson a réussi son coup, depuis le 31 janvier le Royaume-Uni  est officiellement en cours de sortie de la maison Europe. Le Brexit, désormais réalité quasi-concrète n’a pourtant pas que du mauvais pour nous du côté de la scène Rock. En effet, depuis quelques année la « Brexit-Wave » (cataloguée ironiquement) est quant à elle bien installée dans le paysage de la perfide Albion, à la Poudrière et dans nos cœurs, évidemment.

Des exemples ? Après les mythiques passages d’Idles, de Shame (qui reviennent cette année avec un nouveau disque qu’on se le dise!) ou plus récemment de The Murder Capital que l’on retrouvera avec grand plaisir cet été aux Eurockéennes de Belfort.

C’est autour du quintet des jeunots de Squid de prendre la relève et de fouler les planches de la Poudrière pour la passation de flambeau. Originaires de Brighton, les boys brassent un genre de Post-Punk Krautien moins dansant que la prestation des Bodega de l’année passée mais plus jazzy. Logeant dans la même niche indie mais nonobstant incomparable avec les sonorités de Brooklyn de leur prédécesseur. Cette fois-ci on est plus sur un délire à la Black Midi avec une section cuivre en roue libre sous conditionnement et une recherche rythmique hybride à l’orée des genres.

Encensés par la presse à l’outre manche alors qu’ils n’ont encore sorti que quelques maquettes et EP. Ce quintet avec un batteur/chanteur puise sa richesse sonore dans une décontraction et une nonchalance assumée rappelant par moment l’esprit LCD Soundsystem appliqué en vaccin à une génération de millenials en plein rejet d’un système actuel.

Puissant par moment, intriguant voire encore incompréhensible par d’autres. On est pas non plus rentré totalement dans la prestation des Anglais en contraste fort avec les deux premiers groupes de la soirée. Une petite pépite à garder de vue et que l’on espère revoir dans un autre contexte et sous le soleil cet été et en profiter dans de meilleures conditions pour danser. Rendez-vous devant la Plage ?

Une fois de plus, le festival GénériQ’ a réussi sa mission principale de défricheur et d’antichambre des influenceurs scéniques de demain. En proposant une fois de plus un plateau calibré pour la baffe, genré sans pour autant être de niche, le public à encore une fois répondu présent à l’appel de nouveauté. Véritable force et atout de la Poudrière qui reste une salle pas comme les autres dans le Grand-Est. On n’attend plus qu’à cocher les dates pour l’édition 2021 !

-Olivier OLLAND

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