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EUROCKEENNES 2019, jeudi 4 juillet, Belfort (90)

Forever young. Tel pourrait être le sous-titre pour qualifier les 30 ans du festival qui semble ne pas avoir pris une ride, avec des valeurs sûres qui assurent toujours et des jeunes talents qui n’ont peur de rien. Une première journée intense à laquelle les membres de Sensation Rock participaient, et que nous nous faisons un plaisir de relater ici.

Selon France Info où on a pu entendre hier l’interview de Jean-Paul Roland et Kem Lalot, respectivement directeur et programmateur des Eurockéennes, le festival Belfortain propose « l’une des affiches les plus intrigantes et excitantes de cet été des gros festivals ». Nous nous proposons donc, smartphone en main, yeux grands ouverts et oreilles bien dressées d’aller vérifier tout ça et de vous le faire partager.

Les quelques inquiétudes liées au fonctionnement aléatoire du cashless ont été rapidement dissipées. C’est à Bigger qu’est revenu le privilège d’ouvrir depuis la plage vers 18h30 cette 31ème édition des Eurockéennes. On ne présente plus le jeune groupe irlando- franc comtois qui ne cesse de faire parler de lui, d’étendre son audience de d’avoir une solide réputation live. Le groupe joue quelque part sur ses terres et donne tout, avec une complicité de tous les instants et une énergie débordante. Nous avons eu le plaisir de les interviewer après leur performance, l’échange sera bientôt en ligne. Que ce soit sur le formidable Bird ou le dernier titre Circus joué avec frénésie, Bigger ne cesse de devenir à chaque fois de plus en plus grand. Voilà un festival lancé sur des bases idéales.

20h20 donc, nous passons devant la loggia (scène située à l’entrée du festival) où Brutus qui a remplacé Sam Fender à la dernière minute envoie son rock qui nous aurait facilement retenus en d’autres circonstances ne serait-ce que visuellement tout d’abord puisque la batteuse, située en devant de scène comme ses deux complices du groupe, se charge également du chant.

Alors que Salut c’est cool assure le spectacle sous le chapiteau ; rendez vous face à la grande scène pour le concert de Slash et de son groupe. La scène est décorée d’un drapeau tricolore du plus bel effet, et le célèbre guitariste des Guns avec son chapeau légendaire et un tee-shirt à l’effigie de David Bowie prend place. En dépit de l’absence de tubes, il faut reconnaitre que le concert est d’une rare intensité, d’une grande qualité sonore – so nineties comme nous le disions entre nous. Alors que Myles Kennedy est plus qu’impliqué au chant, la légende, Slash, est à la hauteur avec ses riffs, solos et poses connus de tous… Slash et son haut de forme sont bien là devant un public conquis ! Assurément une prestation qui ferra date dans cette édition.

Il est grand temps de se frayer un chemin vers la Loggia, au travers d’une foule qui s’est épaissie, où cette fois nous nous arrêtons avec la ferme intention de voir l’un de ces groupes qui a peut-être fait dire à France Info que l’affiche 2019 était intrigante. Intrigués, nous le sommes…curieux et impatients aussi. The HU débarquent, fiers comme des Samurais pour nous envoyer pleine face leur hunnu rock, autrement dit un rock bien heavy, bien puissant mêlé aux instruments Mongoles. Quand les sonorités traditionnelles rencontrent le Hellfest et viennent se poser sur la presqu’île du Malsaucy, on décolle avec eux au son des morin khuur et tovshuur (2 instruments folkloriques) et on profite à plein de nos chères Eurockéennes. The Hu : un groupe à revoir et à suivre !

Aucun temps-mort pour cette soirée puisque déjà les New Yorkais d’Interpol prennent place sous le chapiteau. Toujours aussi élégants, tout de noir vêtus, le nom du groupe écrit en rouge au-dessus de huit bâtons de lumière, le set est particulièrement attendu tant le groupe devenu une référence a fait de la scène une véritable marque de fabrique. C’mere, le récent If you really love nothing et d’autres titres permettent au groupe post-punk de faire valoir la qualité de leur rock exigeant et très classieux. Toutefois, le son parfois brouillon du chapiteau, une absence de folie et un public clairsemé –à mesure qu’approche le concert suivant – laissent une impression mitigée. Certes, que ce soit sur Evil, Slow Hands ou Obstacle 1, Interpol rappelle qu’il occupe une place de choix dans la carte du rock, mais peut-être ce soir une place quelque peu fatiguée suite à une longue tournée et la concurrence infernale des festivals. Gageons que nous les reverrons prochainement en pleine forme.

La concurrence évoquée ci-dessus s’écrit en trois lettres : N.T.M. Le suprême, qui fait une halte à Belfort dans le cadre de sa dernière tournée, rassemble un large public venu voir ce groupe qui a tant compté dans l’histoire du hip-hop hexagonal. « Eh, soyez indulgents, à nous deux on a un siècle » lance Joey Starr. Pourtant le duo a tout emporté, délivrant ses titres devenus des classiques comme On est encore là ou Tout n’est pas si facile, puis de nombreux featuring comme celui avec Raggasonic. Kool Shen et Joeystarr sont particulièrement complices, le duo ne manque ni de verve, ni de relancer le public, occupant la scène sans aucun temps mort. C’est tout un pan de l’histoire musicale française qui se joue devant nous, et force est de constater que les deux complices ont plus que fait le job.

Le set n’est pas achevé que nous reprenons la route pour voir sur la plage d’autres jeunes prometteurs, entre pop-rock et glam-punk, évoquant par moment Iggy Pop ou Kiss par les guitares et les paillettes.

A peine le temps de passer par le stand pour recharger les batteries et se désaltérer que le deuxième groupe qui avait attiré nos oreilles avant le festival s’annonce sur la scène de la plage… Starcrawler et sa fine (très fine) tornade au chant, Arrow de Wilde, toute vêtue de blanc et de sang, un sang qu’elle finira par cracher sur le dernier morceau avant de tenter de s’échapper en délaissant la scène, se rapprochant ainsi du public… elle finira allongée, comme morte, entre la scène et le public, après avoir délivré un show à la hauteur de sa réputation, bien aidée par une solide rythmique basse batterie et un guitariste haut en couleurs maniant le riff à merveille. La jeune chanteuse Arrow, 18 ans à peine, amazone squelettique trash et sexy à la fois. La jeune femme capte l’attention, chacun de ses gestes est observée, attendue ou craint, capable de jeter des objets dans la scène ou de se cacher dans la foule à la fin du concert. Love’s gone again, I love LA ou Pussy Tower témoignent de cette urgence permanente dans un son brut particulièrement apprécié. Une des plus belles jeunes pousses de cette édition, et assurément un vrai moment de musique en live.

Notre tornade aux allures de danseuse étoile décharnée ne remontera pas sur scène, relevée et portée par un membre du staff, laissant s’exprimer le guitariste qui à son tour nous rejoint. Une sortie de scène bien originale donc, un show comme on l’attendait, tendu et torturé.

La jeunesse s’intéresse encore au rock, et les Fontaines D.C nous le confirment juste après. Un peu avant minuit, les Irlandais débarquent sur la scène de la Loggia. le chanteur, habillé so british, suscite toute l’attention dès les premiers titres. Tel un lion en cage, il chante peu, arpente la scène dans tous les sens, main à la poche, regarde le public. Son attitude et son déhanché n’est pas sans rappeler Ian Curtis, renforcé par une musique inquiétante toujours sur le fil du rasoir. Si le groupe a déjà acquis une solide réputation, le public semble encore quelque peu hermétique et le concert se passe dans une ambiance un peu étrange, la scène semblant déconnecter des spectateurs. Avec Too real, l’équilibre commence à prendre forme, l’intérêt semble réciproque, et les titres suivants – potentiels tubes, comme le titre ‘sha sha sha’ haussera le niveau d’un ton, la foule ondulant et répondant au refrain sans bouder son plaisir et fera que la seconde partie du concert est bien plus convaincante. Dommage que le set, comme celui d’Interpol finisse avec presque 10 minutes d’avance sur l’horaire indiquée. Jeune et punk vous avait-on dit.

The Chainsmokers avait le privilège de clôturer cette journée sur une touche plus dancefloor, avec une mise en scène assez impressionnante, pour un show démesuré à l’américaine. Cette jeunesse américaine avec les autres comparses cités après un rap « à l’ancienne » et guitares énervées lance parfaitement la première journée du festival toujours éclectique, émouvante et imprévisible. Malsaucy Styl.

Julien Lagalice et Mars’Ial

Photos :  © Ben Gilbert

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