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THE PACK A.D. + FOXEAGLE, mercredi 21 mars, Festival Les femmes s’en mêlent, Deep Inside, Dijon (21)

Dans le cadre du festival Les femmes s’en mêlent, la toute jeune association dijonnaise Last Disorder et l’agence de booking Voulez-vous danser proposaient un plateau de choix au Deep Inside ce 21 mars. Au menu, la formule électriquement intimiste de Foxeagle et le rock garage et nerveux du duo canadien The Pack A.D.

21h. Les premiers assauts guitaristiques, émanant tout droit du caveau du café-concert dijonnais Deep Inside, viennent chatouiller les oreilles de la foule venue en masse ce mercredi soir. Après avoir descendu les quelques escaliers qui mènent à cet antre, c’est le rock minimaliste et légèrement torturé de Foxeagle qui ouvre la soirée. Foxeagle, c’est le projet d’une seule et même personne, la jeune dijonnaise (et un peu lyonnaise) Émilie.

Armée de sa Telecaster et d’un nombre réduit de pédales d’effet, la locale affronte l’auditoire à l’aide d’un rock tendu mais jamais abrasif. Distillant une musique sur le fil du rasoir, Foxeagle offre au public des compositions emplies de rage contenue et dont la violence, intériorisée, ne semble jamais s’échapper. Le côté légèrement post-rock (apporté par d’autres instruments sur ces morceaux studios) laisse place ici à un sadcore des plus savoureux, rappelant ainsi des groupes comme Codeine ou Bedhead qui se seraient déplacés sans basse ni batterie. Au bout d’un set d’un peu moins de trente minutes qui se termine sur le mélancolique Circles, issu du premier ep, le « renard-aigle » aura prouvé qu’il suffit parfois d’un seul instrument et d’une voix pour viser juste.

 

 

21h45. Après avoir pris le temps de s’hydrater à l’aide de breuvages issus de différents horizons au bar situé au rez-de-chaussée (au dessus de la salle de concert donc), la foule redescend d’un étage, impatiente de recevoir en pleine face les brûlots du duo The Pack A.D. Venues de Vancouver, la guitariste Becky Black et la batteuse Maya Miller proposent depuis une dizaine d’années maintenant un garage rock vindicatif et déchaîné qui n’est pas sans rappeler les débuts tonitruants de PJ Harvey ou encore des White Stripes. Une promesse plus qu’alléchante faite aux pensionnaires du Deep Inside ayant fait le déplacement un soir de milieu de semaine. Le binôme n’aura d’ailleurs pas besoin de beaucoup de temps pour mettre d’accord les personnes, fans ou non du groupe, venues nombreuses dans ce sous-sol dijonnais.

 

 

Dés les premières notes de l’instrumental March of the Martians, le ton est donné, ce sera sauvage et brut. Arrive ensuite la voix tant attendue de Becky sur le morceau $, issu de leur dernier album Dollhouse (voir notre chronique du 2 novembre 2017). À partir de l’instant où les différentes éléments voix-guitare-batterie se mélangent, l’alchimie opère. Vocalement, on se surprend à reconnaître des relents de Siouxsie Sioux, de Patti Smith ou même du phrasé d’un Jack White. Et ce n’est pas pour rien que le jeu de batterie faussement simpliste et terriblement efficace de Maya ressemble à s’y méprendre à celui d’une Meg White. Sur scène, la production des deux canadiennes est soignée, les instruments et le chant s’équilibrent pour ne former qu’un noyau dur et fédérateur. Certaines sonorités, tantôt bluesy tantôt garage, fleurent bon le bayou propre au Mississippi pourtant à l’opposé du Canada. Quand résonnent les tubes Haunt you et Dollhouse, le public ne s’y trompe pas, ils ont en face d’eux un duo d’une énergie et d’une assurance folle. En fin de set, la guitariste se permet même une incursion française dans le refrain de I Know en scandant « Je sais » à une foule conquise. En guise de rappel, les deux rockeuses joueront Sirens dans un crescendo endiablé et noisy laissant les spectateurs pantois face à un set d’une telle puissance sonique.

 

 

22h45. Une quinzaine de titres et une heure intense de rock plus tard, les vancouveroises laissent en paix leurs outils mettant ainsi un terme à cette soirée placée sous le signe du girl power. Qu’elles se nomment Foxeagle ou The Pack A.D., les formations se produisant ce mercredi soir ont actualisé le temps d’un instant et avec efficacité les codes ancestraux du rock n’ roll. En quelques minutes, elles ont donné une définition féminine à un style quelque peu stéréotypé. Et ce ne sont pas les murs voutés, et encore assommés, du caveau du Deep Inside qui oseront dire le contraire.

 

  • Hugo COUILLARD

 

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