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THE DANDY WARHOLS + TELEGRAM, le lundi 20 février 2017, La Laiterie – Grande Salle, Strasbourg (67)

Le festival GéNéRiQ à peine fini, nous retournons à Strasbourg lundi pour entamer une nouvelle semaine avec les hippies de Portland, The Dandy Warhols. Lancé dans une tournée baptisée Europe Winter 2017, débutée le 10 février à Madrid et comptant 19 dates, leur tour bus fait une escale strasbourgeoise pour notre plus grand plaisir.

La soirée démarre sur les chapeaux de roue avec la faille temporelle créée par les Britanniques de Telegram. Relégués sur le devant droit de la scène, les quatre gaillards vêtus de vêtements old school déboulent le sourire aux lèvres et envoient la sauce en un quart de tour. Le premier titre, FS, est une nouvelle compo foutrement efficace notamment grâce à la basse épileptique d’Oli Paget-Moon. De son côté Matt Saunders, chantre et guitariste de la formation, crie puissamment dans un micro réverbéré à la mode des années 70 des paroles riches en tremolo et avec un accent gallois.

Les morceaux sont très rythmés (Gallows Turin par exemple) et tirent vers un krautrock mêlé à du proto-punk. D’ailleurs porter un t-shirt défraîchi estampillé The Police est à lui seul un geste punk ! L’autre guitariste, Matt Wood, évolue avec une sublime Jazzmaster et se fait tantôt soliste, tantôt bruitiste (sur Aeons) avant de connaître un léger problème de pédales à effets. Le set s’interrompt un temps. Policé, le frontman remercie le public pour sa patience avec de poursuivre avec Follow un single à la ligne mélodique catchy.

Le titre suivant, You said you saw us est « post-apocalyptique, post-Brexit » selon le chanteur. En tout cas, c’est un morceau déchaîné et rebondissant grâce à la batterie de Jordan Cook. Les Dandy ont intérêt à assurer après cela !

Le show compte encore deux titres débordants d’énergie, Taffy come home et Folly. Se terminant dans un florilège de d’effets, dont un phaser outrancier qui transporte une foule de plus en plus compacte, la prestation des Anglais fut remarquable. Promis, on va se pencher sur leur album Operator sorti l’an passé !

 

Après un changement de plateau plutôt rapide sur fond de Rolling Stones, The Dandy Warhols arrivent à l’heure dite. Émergeant d’un épais mur de fumée, quatre silhouettes illustres se laissent deviner et débutent le spectacle avec l’antique Be-In. 20 ans déjà que le groupe écume les salles avec cette chanson lente et prompte à ouvrir le bal. Soyons honnête : après la pugnacité des Londoniens, ce titre fleuve est clivant ! Le show est lancé sur des rails psychédéliques, preuve en est avec le morceau suivant CCR (acronyme de Crack Cocaine Rager) ou la vibrante Get off qui lorgne du côté des frères ennemis de Brian Jonestown Massacre. Tandis que Zia McCabe est dans la lumière, jouant du tambourin en alternance avec son clavier et quelques rares prises en main de la basse (notamment sur Catcher in the Rye), Peter Holmstrom reste dans la pénombre. On entrevoit un vague sceptre au chapeau déformé et garni de deux plumes. Un corbeau en somme dispersant ses arpèges dans un dédale fumeux…

TDW offre un show qui puise dans l’ensemble de leur discographie : tous les albums sont mis à l’honneur, exception faite de This Machine. Quitte à faire de l’ombre au dernier né, Distortland (2016) qui ne jouira que de trois titres interprétés, à savoir la mélodieuse ritournelle STYGGO, la psychotrope Catcher in the Rye et la très pop You are killing me. Ainsi donc, les fans se régalent avec Ride et son avalanche de wah-wah. Courtney Taylor tient des poses lascives avec sa guitare demi-caisse tout en alternant les microphones clean et distordu. Sa voix est lancinante, notamment sur I love you déclamée jusqu’à plus soif avant de laisser place à un tourment stroboscopique. On semble être alors en pleine hallucination collective tant les lumières déferlent avec brutalité.

Plan A redonne de la légèreté au spectacle, la claviériste est goguenarde. On comprend mieux à l’issue de la chanson lorsque le leader invite son auditoire à entonner une « sombre chanson », Happy Birthday, en l’honneur de son batteur de cousin, Brent De Boer. La formation se déride enfin ; Zia enlace chaleureusement l’homme derrière les fûts. Le show reprend avec Holding me up. Plus loin, le groupe interprètera un nouveau titre très abrasif, Thick girls knock me out.

Après cela la troupe se jette dans une plongée finale au cœur de titres imparables. Enchaînant coup sur coup We used to be friends et Bohemian like you, reconnaissables parmi la multitude, la salle s’emballe. Strasbourg s’égosille à grands renforts de Whoa-ho-woo ! L’homme à la guitare et jusqu’alors tapi dans l’obscurité finit par se découvrir, notamment à grands coups de moulinets volés à Pete Townshend. Godless ramène un peu de calme et renvoie à nouveau du côté de la formation d’Anton Newcombe.

Les 4 amateurs de paradis artificiels concluent leur soirée à La Laiterie avec Pete international airport en guise de préambule à l’incontournable Boys Better afin de secouer une dernière fois la Grande Salle. Les trois hommes se retirent laissant encore pendant 5 bonnes minutes Zia McCabe et ses bretelles dans un délire electro. En effet, la soirée n’est pas totalement terminée : Madame va prolonger la fête dans un club du centre-ville sous le sobriquet de DJ Rescue, en tout cas pour ceux qui pourront y accéder…

 

Malgré leur attitude planante à cent lieues de là (un doux euphémisme lorsque le fantasque chanteur décida enfin et à l’issue de la 5e chanson d’échanger avec l’assemblée, déclarant ne pas savoir quel jour nous étions… Grand moment !), les Warhols sont des pros, un point c’est tout. Les titres vieux de plus de vingt ans joués ce soir n’ont visiblement pas pris une ride ; l’harmonie des voix de Zia, Brent et Courtney est parfaite. Mention spéciale pour « Fathead » DeBoer qui lie à la fois groove et aptitudes vocales sur l’ensemble des titres ! Bref, un concert grandiose.

Citons Charles Aznavour pour résumer ce que sont les Dandy Warhols depuis leurs débuts: « La bohème, la bohème / Et nous avions tous du génie. (…) »

 

  • Benoît GILBERT
  • Crédits photos : Benoît GILBERT
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