Après le concert du vendredi 9 décembre 2016 à la Laiterie, je suis invité en loge pour une interview in extremis avec le groupe. L’accueil d’Antoine, le batteur et Julien le guitariste est chaleureux. Pendant ce temps-là, Jean-Noël (le chanteur et guitariste) et Tim (le bassiste) – qui nous rejoindront au cours de l’entrevue – sont « en train de fumer des bières et boire des clopes » (dixit mes deux hôtes) !
Sensation Rock – Ce soir était le dernier concert de l’année 2016, une grosse année pour le groupe.
Julien – Une année très chargée.
Antoine – C’est vrai, on a commencé la tête dans le guidon. Entre janvier et début avril, on a fait environ 45 dates. Puis, on a enchaîné sur une tournée des festivals, dont les Eurocks. Puis à nouveau une dizaine de concerts en France. On a beaucoup voyagé aussi : la Réunion puis la Chine en juin, un peu l’Europe, les Etats-Unis et plus récemment le Vietnam et on rentre juste de Birmanie.
SR – Que retenir des dates et tournées en Asie ?
Antoine – On n’est pas du tout connu.
(Arrivée de Tim.)
Julien – On a fait des petits clubs avec des promoteurs et on a aussi été invité par des ambassades. Dans ce cas, c’est une organisation importante, avec beaucoup de public.
Tim – Plusieurs milliers de personnes.
Julien – En Birmanie, on a dû jouer devant 35 000 personnes. C’est notre plus gros concert.
Tim – Sur les grosses manifestations, c’est la découverte. Le public ne nous connaît pas mais vient parce que c’est gratuit. A contrario, dans les clubs c’est des habitués des concerts. Finalement, on a toujours eu une très bonne ambiance avec ce public. Très poli et contenu dans les applaudissements, il kiffe réellement le show et bat le rythme avec des bâtons gonflables.
SR – Et cette dernière date en Birmanie particulièrement ?
Antoine – C’était une première manifestation culturelle et hors d’un cadre purement politique là-bas. Le pays s’ouvre. Une belle ambiance pour ce festival dans un parc public avec également des feux d’artifices. Beaucoup n’en avait jamais vus. Adultes comme enfants ; c’était émouvant.
Julien – On avait l’impression de vivre un truc historique.
SR – Donc, comment fait-on pour passer des répétitions entre potes en Alsace à sillonner la France et le monde dans la foulée ?
Tim – On a fait beaucoup de concerts en Alsace, plein de fois les petits clubs du coin. À 6 ou 7 reprises le Noumatrouff notamment.
Antoine – On a compris que pour se sentir chez nous, il faut partir pour que les gens voient que tu fais plein d’autres dates, plutôt que vingt fois le même club. La preuve, les gens ont été marqués à l’issue de notre première tournée européenne, parce que l’on a fait des grandes villes. Ce fut une super expérience mais réellement, on a fait surtout des petits clubs.
Tim – On a aussi compris qu’en multipliant les concerts on progressait dans notre instrument ensemble. Il faut bien jouer parce ce que t’es pas tout seul. En plus, quand tu vas jouer plus loin, tu roules pendant 5/6h dans la journée, il faut que tu fasses le même concert que la veille, avec la même énergie. Du coup, tu t’appliques. En définitive, les voyages forment la jeunesse !
(Julien, encore convalescent – voir le live report du concert – doit s’éclipser).
SR – Projetons-nous dans quelques jours : quid de 2017 ?
Antoine – Une nouvelle année chargée en perspective. Même si l’on est d’abord en repos, pour janvier-février on va bosser le set. Puis, on enchaîne avec une tournée fin février, la sortie de l’album le 10 mars. Rebelote en mars-avril avec une série au moins 20 concerts. Une date importante : le 9 mai au Bataclan. Ensuite, 3 mois de festival pour l’été. Durant l’automne, on prévoit à nouveau un tour conséquent et peut être, des événements hors de France.
Tim – Je vais pouvoir me poser dans mon appart à Lyon. Après deux ans de tournée, ouf ! Pendant deux mois, on va vivre normalement. Faire des courses, aller à la salle de sport (rires). On s’est rarement mis en pause cette année, sauf avant de partir aux Etats-Unis.
SR – Justement les Etats-Unis, quel retour d’expérience ? Vous avez notamment joué dans un studio.
Antoine – Oui, on a joué chez Fab Dupont au Flux Studios à New York. On a filmé quelques titres que nous avons interprétés. C’est un gros studio à l’américaine. Il a participé à de nombreux projets, comme Waka Waka de Shakira (rires). Plus sérieusement, il a fait aussi le premier disque des Strokes. Son studio s’est vraiment une industrie qui enregistre 24h/24.
Tim – Pour le coup, les Etats-Unis c’était que des concerts roots, des clubs avec 10-50 personnes chaque soir… puis l’enregistrement dans le studio, ça a fait chaud au cœur. Super cool.
Antoine – Tiens, Jean-No pour la fin de l’interview !
SR – Comment définir votre son actuellement ? Quelles influences ?
Jean-Noël – On pense à Led Zep, Black Sabbath (?) et Rival Sons, mais quand on discute avec d’autres groupes de rock, on constate que l’on partage tous des références communes. On aime la pop, le rock, l’électropop. Il n’y a pas de limite aux influences. Et puisque l’on a des fuzz, des réverb, de gros amplis, ça sonne fort. Je gueule un peu plus que je ne chante… ça sonne rock.
SR – Une ressemblance avec BRMC ?
Jean-Noël – Oui, c’est un de nos groupes phares. On est très fan. Néanmoins, on ne fait pas de copier-coller de Black Rebel Motorcycle Club, ça n’a aucun intérêt. D’ailleurs, pour avoir partagé un plateau avec eux, je me suis rendu compte ce jour-là que l’on ne faisait pas la même musique. Nous sommes plus pop et eux blues.
SR – Enfin, vous travaillez avec Holy Two. Quel est le lien entre les deux groupes ?
Antoine – Aucun lien.
SR – Fils unique… (rires) (private joke, cf La cité de la peur)
Jean-Noël – Il y a quelques temps, on a monté un label, une maison de disque et une agence de booking. On était motivé par l’idée de se produire nous-mêmes, de monter nos propres tournées. Et le faire aussi pour d’autres. Holy Two fut le premier groupe signé. C’est devenu une belle histoire de famille entre Cold Fame (ledit label), Colt Silvers et puis Wallace Vanborn avec qui on a tourné là. Prochainement, Holy Two va faire le festival Génériq (passage par le Stade Bonal à Sochaux le dimanche 19 février 2017) et ça va être très cool …
La loge ne cesse de se remplir ; munis d’une sono, les Wallace Vanborn investissent les lieux et posent clairement l’ambiance. Il est temps de mettre un terme aux questions.
- Benoît GILBERT
Crédit photo : Benoît GILBERT
De gauche à droite : Tim, Julien & Antoine (manque Jean-Noël)
Merci à Julien Hohl du label strasbourgeois Deaf Rock Records pour l’interview de dernière minute !