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FESTIVAL EUROCKEENNES, samedi 02 juillet 2016, Belfort (90)

Le réveil est compliqué en ce deuxième jour de festival mais pas une minute à perdre, il est midi et demi et The Inspector Cluzo improvisent un concert-surprise au milieu du camping. L’ambiance est au beau fixe malgré quelques gouttes de pluie qui viennent gâcher la fête. On espère que cela ne perdurera pas dans la journée, même si les gros nuages gris dans le ciel nous indiquent le contraire. Grosse journée en préparation puisque les balances de Louise Attaque retentissent dès 9h30 le matin.

Le temps de se préparer et il est déjà 16h, le festival ouvre ses portes. Les premiers arrivés se retrouvent sur la scène de la Plage, où un DJ set des Inrocks passent quelques disques en attendant le début des concerts. 16h45, les rockeurs anglais de YAK investissent cette même scène, et comme hier, c’est ce premier groupe qui donne le ton de la soirée en plaçant la barre haute. le batteur enmène cette équipée dans des assauts sauvages. Les londoniens frappent dans une sorte de garage psyché ayant goûté au krautrock, et Jack White n’a qu’à bien se tenir avec ce lavage de tympans -c’est lui qui a d’ailleurs eu le flaire de publier leur premier Ep. Ils délivrent une prestation riche en gros riffs bien gras et les premiers rangs se déhanchent aux rythmes effrénés des morceaux qui s’enchaînent.

Nous quittons leur set quelques minutes avant la fin car le concert attendu de la journée va bientôt commencer au Club Loggia.

Ils sont quatre, ils sont jeunes, ils sont beaux, ils sont frais, ils sont pétillants et leur entrée en scène se fait humblement sous les cris de joie du public (essentiellement féminins, il faut le convenir). Last Train, les enfants du pays, nous font l’honneur d’inaugurer la journée en délivrant un son rock, brut et natif digne des plus grands. Comme à leur habitude, ils s’installent sur une bande-son qui sert d’introduction et démarrent le set comme des furies. Une communion se crée d’emblée entre le public et les quatre jeunes artistes, qui repèrent et saluent de nombreuses personnes dans le public au cœur du set. Quelques problèmes techniques surviennent assez rapidement, mais nous en faisons abstraction car c’est ça le rock’n’roll, le vrai. Les morceaux s’enchaînent, la setlist est quelque peu différente que lorsque nous les avions vu au Rolling Saône en mai dernier, mais le plaisir est d’autant plus intense. Ils prennent un plaisir immense sur scène, c’est un groupe qui est taillé pour faire des concerts, ça se ressent, ils donnent tout ce qu’ils ont et quand on sait qu’ils enchaînaient les concerts depuis jeudi soir, c’est à se demander comment ils peuvent tenir le coup. Mais ils sont là, plus en forme que jamais. Jean-Noël (chant/guitare) prend la parole entre deux chansons à plusieurs reprises, pour remercier le public, introduire une chanson. Depuis qu’ils font de la musique, un de leur rêve était de jouer aux Eurockéennes, festival qu’ils fréquentent depuis de nombreuses années en tant que festivaliers. Cette année, ils sont heureux, émus, honoré d’être là. Mais le message est clair, depuis une dizaine d’années qu’ils font le festival en tant que festivaliers, ils le font également en tant que campeurs et cette année ne déroge pas à la tradition et ils invitent donc le public à se joindre à eux dans la nuit. Une certaine sincérité et humilité est présente, on sent qu’ils sont très heureux d’être là et que ce concert est particulier à leurs yeux. Jean-Noël est particulièrement en forme et c’est un plaisir de le voir descendre dans la fosse à la fin du concert, partager un moment unique avec les chanceuses personnes présentes aux premiers rangs.

Le concert se termine sur Fire, que l’on aime et que l’on adore, les quatre garçons finissent en apothéose, les guitares et pieds de micro volent sur scène, une cymbale se décroche, tout part en live et c’est le moment émotion, ils s’enlacent, s’embrassent et quittent la scène sous les applaudissements en furie du public, qui en redemande encore. Hélas, les sets de festival sont réglés comme du papier à musique et il faut respecter ces horaires. Le groupe revient le temps d’une photo avec son public et quittent de nouveau la scène, sereins et heureux d’avoir vécu un moment grandiose. Nous les retrouverons quelques heures plus tard lors d’une conférence de presse à l’espace presse puis lors d’une séance de dédicaces organisée par le stand FNAC.

Difficile de passer après une prestation aussi énergique, mais la journée ne fait que commencer et nous nous dirigeons ensuite vers la Green Room où Elle King vient de débuter son set. Cette jeune artiste -qui n’est pas sans nous faire penser à une petite soeur de Beth Ditto, tant dans son allure que dans son riott-girlism – propose une pop-rock axée sur un univers un peu country, nous verrons ainsi plusieurs sortes d’instruments défiler sur scène, allant de la guitare folk au banjo et autres joyeusetés typiquement extraites de la culture country.

La jeune femme délivre une prestation haute en couleurs avec beaucoup d’interventions humoristiques. Les chansons de son album s’enchaînent, quelques reprises se cachent au milieu du set, mention spéciale pour Oh, darling transformé en Oh, banana lorsque la demoiselle aperçoit un déguisement de banane au premier rang du public. Un échange très particulier se crée entre elle et le public, elle raconte beaucoup d’anecdotes et crie de nombreuses fois qu’elle aime la France. Son court set se termine sur Ex’s & Oh’s, où les paroles sont adaptées et les chiffres du pré-refrain sont ainsi chantés en français s’il vous plaît. C’est une très belle découverte et nous avons passé un excellent moment en sa compagnie.

Nous nous dirigeons ensuite vers la scène de la Plage où le dj-set des Inrock passe Nirvana et David Bowie avant que The Inspector Cluzo ne fasse son retour, avec un live certifié “sans putain d’ordinateur”. Le début du set est moins péchu que ce matin au camping, mais la seconde partie est finalement plus rock et agréable à écouter. Les deux musiciens ont une complicité qui fait plaisir à voir et comme pour Elle King, ils font passer de nombreux messages au public.

Pour ma part, je ne reste pas très longtemps malgré le fait que ce fut une bonne découverte, et je me dirige alors vers l’espace presse pour la conférence de presse de Last Train. Sur le chemin, je croise Lou Doillon, le chanteur de Foals et Gaëtan Roussel. C’est assez impressionnant comme moment.

Nous nous retrouvons donc au bord du lac, sous une tente, face à trois des quatre garçons de Last Train. La conférence commence et Tim (basse) nous rejoindra en cours de route. Ce moment intimiste fait la part belle à la complicité des jeunes artistes, qui nous parlent un peu de tout et de rien, racontent quelques anecdotes, notamment sur leur van, sur leurs goûts musicaux, sur leur épanouissement au sein du groupe et comment ils arrivent à garder les pieds sur terre. Car oui, nous avons face à nous quatre jeunes artistes d’une vingtaine d’années, qui malgré un succès fulgurant et une montée dans le monde de la musique assez rapide et soudaine, ont des valeurs et savent encore d’où ils viennent. Ils ne savent pas encore où ils vont, mais ils y vont ensemble, et cet amour qu’ils éprouvent les uns pour les autres met du baume au cœur. On passe un agréable moment en leur compagnie et c’est avec regret que la conférence prend fin, assez rapidement soit dit en passant.

Mais ce n’est que partie remise, car quelques instants plus tard, nous les retrouvons une fois de plus pour une séance de dédicaces. Peu de personnes sont averties de l’existence du stand de dédicaces, mais cela nous permet de passer un moment privilégié avec chacun des membres du groupe et de discuter avec eux plus longtemps. Ce n’est pas de ces séances de dédicaces où les personnes passent devant l’artiste, font signer leur feuille, la font passer au suivant et basta. Un réel échange a lieu, chacun peut repartir avec son petit message personnalisé, sa photo, chacun peut échanger quelques mots avec eux et c’est fort agréable.

Immense plaisir au moment du concert de Beck à 21h00 ce samedi à la grande scène. L’artiste américain cultissime s’offre en effet son premier passage aux Eurockéennes (au sein d’une tournée mondiale avec assez peu de dates, notamment en Europe) et du coup son show avait office de sorte de test, tant par le répertoire éclectique (pop, noise rock, folk, funk, hip hop ou r’n’b) que par la réputation qui n’est plus à faire de ce compositeur génial.

D’emblée, le musicien très looké ne fait pas ses 46 ans : il a gardé son look d’éternel étudiant, blond décoiffé, chemise taille XS, veste parfaitement cintrée et haut de forme impeccable. Le premier morceau Devil’s haircut (tiré de l’album Odelay qui a 20 ans cette année) donne le ton : ce sera brut, énergique et classieux. Les titres s’enchaînent, la qualité du son est remarquable, et Beck accompagné par d’excellents musiciens se laisse aller à une première fantaisie musicale : une reprise imparable du I fell love de Donna Summer absolument irrésistible, devant un public conquis.

Dès lors, le set devient irrésistible : la star californienne alterne chansons remarquables (comme le fameux Where it’s at), hymnes intemporels (Loser ou Sexx Laws) avant un détour vers des compositions plus récentes (comme l’excellent Dreams). Beck est définitivement un artiste hors norme, parcourant les genres musicaux avec une extraordinaire habileté, sans oublier de saluer ses musiciens, avec pour chacun un air très célère (Billie Jean pour le bassiste, China Girl de Bowie pour un autre ou 1999 de Prince pour le dernier). Histoire de montrer que Beck a bel et bien sa place dans ce parterre de géants de la musique contemporaine, pour la plus grande joie des festivaliers.

Pendant ce temps, Lou Doillon offre un concert rempli d’intimité sur la Greenroom devant un parterre de festivaliers bien plein. La jolie jeune femme nous transporte dans son univers cotonneux et nous offre plusieurs titres de son dernier album en date, le très bon Lay Low. La foule se laisse bercer par ces titres séduisants et paisibles. La fille de Jane Birkin prend la parole entre deux morceaux pour dire qu’elle est très heureuse de fouler à nouveau le sol des Eurockéennes et invite chacun à s’éclater sur ses morceaux, de faire ce qui lui plaît, voire de s’embrasser langoureusement, elle confie adorer que sa musique suscite ce genre de réaction chez son public. Cependant, la trop grande jauge de festivaliers présente ce soir casse un peu la proximité et l’intimité que Lou Doillon essaye d’installer tant bien que mal. On a préféré la voir dans un endroit plus restreint il y a quelques mois, car les concerts de Lou se savourent lorsque la proximité avec l’artiste est maximale. Lou Doillon a tout de même rempli le contrat et s’échappe de la scène sous les applaudissements nourris.

A peine le temps d’avaler un sandwich et il est déjà l’heure d’aller se placer pour Louise Attaque, concert un peu particulier puisque retransmis en direct sur une chaîne de télévision française.

Le groupe entre sur scène en toute humilité, Gaëtan Roussel adresse quelques mots d’introduction avant de débuter le set, chose assez particulière et rare, et le concert commence sur Ton invitation. Le groupe joue la carte d’alterner une chanson récente avec une chanson moins récente et tous les classiques sont ainsi visités, de Léa à Nuits parisiennes, pour un final pré-rappel sur Je t’emmène au vent. Les nouveaux morceaux ne sont pas non plus oubliés avec la présence d’Anomalie en début de concert. Tout le monde chante et danse, c’est un vrai moment de communion, les 32 000 personnes du public sont en osmose et c’est un réel moment de partage très appréciable. Nous quittons le concert au début du rappel car nous souhaitons être bien placé pour Foals qui va débuter quelques minutes plus tard sur la Green Room.

Un concert de Foals ne se raconte pas, il se vit. Que de classiques, que de morceaux que l’on aime, tout est bon chez Foals et nous ne serons pas surpris qu’ils deviennent encore plus forts et plus médiatisés dans les années à venir tellement c’est un groupe au potentiel énorme.

Le quintette originaire d’Oxford en Angleterre est en grande forme. La bande menée par Yannis Phillipakis débute leur show avec le très énergique Snake Oil issu de leur dernier album intitulé What Went Down. Jack Bevan derrière les fûts s’en donne à coeur joie et offre un beat ciselé qui donne le ton. L’ensemble des morceaux sont tous joués avec une hargne hors du commun. Yannis est totalement dans son set, en s’amusant avec le public et tentant même un slam coupé court par la sécurité en alerte. Le très beau Spanish Sahara envoûte, malgré une petite fausse note du guitariste en intro, gentiment moqué par ses amis musiciens. Le morceau tout en retenu prend de l’ampleur au fil des secondes, jusqu’à son final explosif totalement ravageur.
Ce soir, nous aurons même le droit à une surprise car le groupe nous offre leur titre Cassius en live, première depuis plusieurs années. Le tube issu de leur premier opus Antidotes et incroyable de groove et d’ardeur. Leur single intitulé Moutain at My Gates arrive ensuite, les gimmicks de guitare accompagnant des beats groovy mettent l’assistance en délire. Et ce joyeux délire ne cessera pas jusqu’à la fin du concert, Late Night, A Knife In the Ocean sont merveilleusement bien interprétés. Nous avions vu la formation à Lyon quelques mois auparavant, et leur entrain est toujours le même.

Yannis remercie le public d’être resté aussi tard et d’avoir été aussi réceptif, clame sa gêne d’appartenir à un pays qui quitte l’Europe, et nous informe qu’il a bien profité du festival un peu plus tôt dans la journée en se baladant sur le site. Les Eurockéeennes de Belfort est décidément un des meilleures festivals de notre pays selon le frontman.

La fin de soirée se fait sur la grande Scène avec les deux frères de Disclosure et leur électro tapageuse ; pour notre part, nous avons préféré en rester à la setlist entre new-wave et groove solaire des quatre oiseaux de nuit de DBFC. Drombance et David Shaw sont à la proue de ce groupe de “pop-clubbing”, avec quatre pôles d’instruments  (batterie, basse, guitare, machines : la recette d’un groupe de rock réhabilitée aux couleurs des clubs) sur scène qui ont réussi  fait danser La Loggia. Une révélation en live, au même titre que YAK.

-Marion

-Julien : Beck

Alex : Foals, Lou Doillon

-Clémence : YAK et DBFC

Crédits photos : Eric

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