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FESTIVAL EUROCKEENNES, vendredi 01 juillet 2016, Belfort (90)

C’est avec beaucoup de hâte que nous nous rendons à notre rendez-vous festivalier incontournable de début juillet. Cette année, les Eurockéennes ont mis en place un partenariat avec les Inrockuptibles, responsables de la programmation de La Plage. Qu’un média soit ainsi mis en valeur a forcément encore plus attiré notre attention, en tant qu’acteur du même secteur.

Dès notre arrivée, nous constatons que le site a changé, en mieux : plus propre, plus aménagé (des mange-debouts en bois ont poussé un peu partout), avec une prolifération de food-trucks et de stands en tous genres.

Pour ouvrir cette édition des Eurockéennes, les cinq jeunes parisiens de Bagarre ont mis la scène de la Greenroom en transe. L’esprit Bagarre, c’est un code visuel tout d’Adidas revêtu et une focalisation sur la prestation scénique comme moment cathartique de spontanéité, de fête et de partage. Après un titre introductif, leur tube Le Gouffre retentit : il suffit à provoquer les premiers hurlements du public. Si leur ADN est cette “musique de club”, faite de beats hip-hop ultra-énergiques, de mélodies orientales et de paroles proférées en français, alors Bagarre est génétiquement taillé pour le spectacle.

On retrouvera ce code visuel de bandes Adidas au sein du groupe suivants, les si attendus The Last Shaddow Puppets. Investissant la grande scène des Eurockéennes en cette première soirée, The Last Shadow Puppets délivrent un set efficace et bien taillé, avec une pléiade de titres issus de leur nouvel album intitulé Everything You’ve Come To Expect, qui prennent d’ailleurs toute leur ampleur en live. On retrouvera également des morceaux de la première heure, toujours aussi prenants et repris en cœur par des fans massés devant les barrières.

Le groupe est un peu la cour de récré des deux songwriters. Alex Turner est impressionnant et son charisme opère instantanément. Le songwriter originaire de Sheffield est totalement habité par sa musique, se déhanchant dans tous les sens et prenant des poses insensées. Il s’amuse avec le public, avec son pote Miles et même avec les caméras, ses talents d’acteur ne sont plus à prouver, on trouve même quelques airs de De Niro dans son regard.

Le point d’orgue de la soirée arrive lorsque retentit les premières notes de leur tube The Age of The Understatement, la température monte alors d’un cran et le public est diablement réceptif.  Un hommage à Bowie sera acté avec leur superbe reprise de Moonage Daydream de Ziggy Stardust.

Miles Kane n’est pas en reste non plus. Le comparse de Turner s’acharne sur sa guitare avec des riffs percutants joués avec hargne. Il prend apparemment du plaisir à être là, si on lit son sourire sur ses lèvres. Les voix des deux anglais s’accordent à merveille et leur complémentarité demeure totale.

L’effervescence était bel et bien là, les cordes donnent une profondeur intéressante aux morceaux, tout comme sur les albums studio. Les inspirations romanesques sont présentes à travers les nouveaux titres, malgré l’apparente nonchalance des artistes.

Accompagnée par un orchestre de violons, la prestation du groupe nous a enchanté, tant par son côté festif, passionné et émouvant. Le flux de festivaliers ne cesse de croître tout au long du concert, sûrement à cause (ou grâce) à la présence des Insus qui débuteront leur set dans quelques petites heures.

En parallèle, la scène de la Plage est investie par deux jeunes artistes français, dont les prestations se sont suivies mais ne se ressemblaient guère. MHD et son afro-rap ont fait danser la foule au son de rythmes effrénés africains accouplés à un flow qu’il n’a pas à envier aux plus grands. A sa suite, nous retrouvons VALD, petit génie du rap français. Accompagné par DJ Weedim, sa prestation fait la part belle aux morceaux de l’album NQNT et tout le monde reprend en chœur ses refrains percutants tels Poisson, Infanticide, Selfie et finalement Bonjour qui conclut cette prestation haute en couleur et vulgarité.

Juste à côté de Miles Kane et Alex Turner, les labellisés Born Bad Records de Chocolat investissaient quant à eux La Loggia. Hybride, déstabilisant, leur set fut à la fois constitué de longues plages sonores à la Mogwaï ainsi que de passages beaucoup plus pop.

Pas une minute à perdre, à peine le temps de boire une bière et il faut déjà se diriger vers la Grande Scène pour se placer afin de voir au plus près la tête d’affiche de la soirée. C’était le retour-surprise de cette dernière année, la reformation que l’on n’attendait plus. Et pourtant, ils sont là, sous nos yeux admiratifs. Jean-Louis Aubert, Louis Bertignac et Richard Kolinka sont de retour pour le plus grand bonheur d’une génération de fans incontrôlables. Sur scène, un quatrième membre fait surface, Aleksander Angelov de son petit nom. Une petite place en fond de scène lui est réservée, alors qu’il mériterait amplement une grande place devant, aux côtés de ses acolytes, tellement son jeu de basse est impressionnant.

L’entrée sur scène de ceux qui fût jadis connu sous le nom de Téléphone se fait sous des applaudissements et des cris stridents de fans en délire. Tout de suite, les festivités commencent avec Crache ton venin et ce ne sont que des enchaînements de morceaux culte qui ont lieu ce soir : Hygiaphone, Fait divers, Argent trop cher, la Bombe humaine puis Au cœur de la nuit. Suite à cette première partie déboussolante où les pogos étaient de rigueur dans les premiers rangs, c’est le moment de Bertignac. Après une interprétation quelque peu adaptée de 66 heures, il est temps de passer aux choses sérieuses. Il suffit de lancer quelques notes pour que le public explose de joie et se met à chanter en chœur les paroles de Cendrillon pour une parenthèse émotion tout en douceur, qui se poursuit avec l’installation de Jean-Louis Aubert derrière le piano pour une magnifique version de Le jour s’est levé. C’est un très beau moment que nous vivons car tout le monde chante en chœur avec Aubert, le sourire aux lèvres. Et puis finalement, la dernière partie du concert arrive. S’enchaînent les classiques New York avec toi, Un autre monde pendant laquelle Kolinka lance un gros globe gonflable dans le public qui s’amuse alors avec, puis un final grandiloquent sur ça, c’est vraiment toi !

Le groupe vient alors saluer son public, s’amuser avec et faire une dernière photo puis quitte la scène sous les applaudissements chaleureux d’un public conquis. Tout le monde commence à partir en direction d’une autre scène lorsque d’un coup, les quatre musiciens réapparaissent et interprètent Tu vas me manquer en guise de rappel final. Des basses langoureuses nous attirent et c’est un dernier morceau fort agréable sur lequel tout le monde danse en rythme. Un concert fort plaisant, de part des musiciens en grande forme, souriants et d’une bonne humeur communicative. Seul petit bémol vis-à-vis du bassiste qui vit à peine trop dans l’ombre des trois ex-Téléphone alors qu’il n’a rien à leur envier.

Pendant ce temps-là, la Green Room reçoit la soul de Nataniel Rateliff & the Night Sweats. La musique de Nataniel Rateliff est très difficile à décrire. Elle pourrait néanmoins s’apparenter à un tableau plein de couleurs, un savant mélange de soul, folk, rock. On a envie de s’échapper, de se retrouver dans l’Amérique d’antan, dans un vieux western, le whisky à la main. Le chanteur est doté d’une voix puissante et terriblement attrayante, qui ne manque pas de nous emporter rapidement.

Les musiciens distillent une musique riche et très bien exécutée, le son qui la restitue en façade est fort mais bon. On va assister à un concert mémorable, avec sept musiciens sur scène, à la guitare, basse, trompette, batterie, clavier, percussions. Les arrangements sont riches.

Pendant plus d’une heure, on assiste à un enchaînement de morceaux issus du dernier album et des précédents, passant par des ambiances blues, gospel, voire country, à chaque fois captivantes, et de loin… La formation conclue son set par leur single phare intitulé S.O.B,  la fosse est réceptive et semble apprécier ce moment. Tant mieux, c’est amplement mérité.

Nous prenons alors la direction de La Plage où Ty Segall a revêtu son plus beau bleu de travail pour officier, pied en bord de scène, avec The Muggers. Survolté, il danse avec le caméraman et les amplis, cette énergie se propageant viralement et étant propice à l’un des plus dense passage de barrière de sécurité par les stage-diving.

La soirée se termine sur le set festif et coloré de Mr. Oizo qui développe une électro particulière, mais qui prend tout son charme en live. Le public est très réceptif, et ce sont sur ces notes endiablées que nous quittons le site pour aller nous reposer en prévision de la soirée du samedi qui s’annonce riche en émotion.

Alex : The Last Shadow Puppets, Nathaniel Rateliff & The Night Sweats
Clémence : Intro, Bagarre, Chocolat
Marion : MHD, Vald, les Insus

Crédits photos : Eric

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