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INTERVIEW : DAN TERMINUS

Dan Terminus est le “petit” dernier du trio infernal de la synthwave, celui qui parmi Carpenter Brut et Perturbator a commencé le plus récemment à investir le live. Son parcours musical est pourtant déja rempli, éclectique, se promenant du clavecin au métal en passant par Les Musclés. Où il sera question de souffle amical, de phonèmes et de Cthulhu.

SR : Peux-tu nous dire de quel milieu musical viens-tu ? Parmi les artistes de ce soir, beaucoup sont passés par le métal, quel est ton parcours ?

Dan Terminus : Mon parcours musical académique et scolaire a commencé par le conservatoire et le solfège pendant très longtemps, piano et violon. Ensuite, pour le loisir, c’était batterie et guitare. Très rapidement j’ai versé vers le métal qui est un style qui me convenait et qui me convient toujours. Je trouve que ce qu’on trouve dans le métal aujourd’hui est tout aussi excitant que ce qu’on y trouvait il y a dix ans ou vingt ans en arrière. Donc à la base je suis un métalleux qui a reçu une éducation musicale classique.

Qu’est ce qui t’a alors amené à te tourner vers les machines, comme ce que tu fais actuellement ?

Deux choses. La première, c’est que quand j’étais très jeune mes parents me faisaient écouter de tout, mais surtout du Jean-Michel Jarre et du Vangelis, ce genre de musique là. Lorsqu’on écoute ça à un âge très jeune, c’est ce qui devient non pas une influence mais des racines. C’est-à-dire que c’est ce qui sort en premier quand je dois parcourir mes souvenirs mentaux, ce sont ces sonorités là qui ressortent. La deuxième chose, c’est que j’aime bien tout ce qui est le domaine des “jeux vidéos”, un terme galvaudé qui signifie tout et n’importe quoi, mais j’ai toujours eu beaucoup de plaisir à utiliser des machines. Des machines de jeu, des ordinateurs très primitifs avec lesquels je faisais déja de la musique lorsque j’étais plus jeune.

Comment as tu commencé la scène en tant que Dan Terminus ?

Ca s’est fait par envie de challenger, de me demander jusqu’où je pouvais pousser ma musique. Rester chez soi à élaborer des tracks, c’est très bien, mais le faire en vrai, devant des gens, sans filet, c’est encore mieux. Pour moi, l’un ne va pas sans l’autre. Si je fais des productions de musique, je suis obligé de trouver un moyen de les jouer sur scène. L’un des avantages de la musique électronique, c’est qu’il n’y aucune règle pour en jouer. Chacun doit être à l’aise avec sa propre méthode. J’ai trouvé la mienne, je suis à l’aise, je la fais évoluer et pour l’instant ça me convient. Le live était pour moi une condition sine qua non.

Et quand as tu commencé ?

Il y a quelques mois. Mon premier concert en tant que Dan Terminus était à Helsinki, au Flashback Future Disco Club avec Perturbator et GosT, on a joué devant 850 personnes. Pour un premier concert c’est énorme, tout comme le stress et la pression qu’on avait ! Avant cela, j’avais déja fait des dj-sets.

Le live t’a t-il amené à remanier tes compositions ?

Oui, toutes ! A les rendre plus brutales et plus sauvages pour celles qui étaient déja brutales et sauvages et à les allourdir  et les complexifier pour celles qui l’étaient déja. Pour dézoomer, cela consiste à aller encore plus dans la direction que je pensais avoir trouvé. toutes les chansons que je joue en live sont soit plus violentes, soit plus complexes et délicates. C’est difficile d’avoir du recul sur cela car quand j’ai l’impression d’avoir fait une mauvaise prestation, le public est enthousiaste et quand je suis très content de moi, les gens me disent que ce n’était pas top. Je ne réfléchis plus mais je fais quelque chose qui me plait, me fait plaisir à jouer et qui puisse plaire au public.

Dan Terminus, Terminus, c’est parce que tu veux achever ton auditoire ?

J’aimerais bien ! Non, c’était la volonté de trouver un pseudonyme, un morphème qui soit singulier. Je ne voulais pas m’appeler Beach Night Driving, ça n’aurait aucun intérêt ! Et aussi parce que le film Terminus avec Johny Hallyday m’a toujours beaucoup fait rire.

Chacun de tes albums semble avoir sa propre histoire et sa propre iconographie. Si tu devais résumer chacun par une idée directrice, ce serait quoi ?

Le premier c’est un hommage à Blade Runner. Le deuxième la bande son imaginaire d’un jeu vidéo tout aussi imaginaire. Mon deuxième album aurait dû être la bande son d’un jeu qui n’est jamais sorti. Mon troisième (un Ep), c’est l’univers de joyeux souvenirs. Les gens me disaient “tu es dark, tu es bourrin” et je voulais leur montrer que je pouvais faire quelque chose de très pop, sucré. Mon dernier album, c’est mon hommage au terme cyber-punk. Ma vision (c’est très arrogant ce que je vais dire) du cyber-punk. Si on me disait “j’ai sorti un film cyber-punk”, j’ai la faiblesse de croire que mon album pourrait caler sur chacune des scènes.

Tu es celui qui utilise les plus d’arpèges dans tes compositions…

J’ai commencé enfant par le piano et le clavecin, qui a cette particularité que les notes ne tiennent pas. Ça devait venir de là. Je n’ai pas le budget pour le synthétiseur de mes rêves, le Yamaha CS-80 et le Korg M1, très cheesy – il y a même Framboisier des Musclés qui l’utilisait !- mais on peut faire de bonnes choses avec. The Wrath Of Code est fait à 90 % avec du Korg M1 mais j’ai très lourdement modifié chaque sonorité. Pour des raisons pratiques j’aime la version virtuelle du Korg M1 car je suis très bordélique. Mais même avec un vieux Casio pourri, tant qu’il sonne et qu’on peut mettre de la disto dessus, ça me va.

Est ce que d’autres personnes ont contribué à l’enregistrement ?

D’une façon amicale, Perturbator, Carpenter Brut, Noir Déco, dont l’un des membres m’a beaucoup aidé pour apprendre comment produire du son. C’est leur ombre, leur souffle amical qui m’a permis d’avancer plus vite. GosT, Moustache Machine, Christine, Tommy 86, Nostalgic Fantasy… On est tous assez critiques vis-à-vis de nos propres travaux. On ne se considère même pas comme faisant de la synthwave. Synthwave, dans l’esprit des gens, ce sont des walkmans, des néons laser, des épaulettes, des permanentes improbables…

Il y a beaucoup de monstres sur tes artworks. Quel monstre te représenterait le mieux ?

C’est une question horrible, je ne peux pas m’arrêter à un seul monstre ! Tous les monstres sont plaisants par nature. Une version cyber-punk de Cthulhu. Ça, ce serait moi.

Christine, que tu as cité, a fait une reprise de What A Feeling. Si toi, tu devais reprendre un morceau fou, qu’est ce que tu choisirais ?

Mais Vous Êtes Fou de Benny B ! Pour être sérieux, je prendrais Too Shy Shy de Kajagoogoo.

Au niveau des illustrations de tes albums, qui choisirais tu pour le prochain ?

Luca Carey, mon peintre officiel. Pour mes deux premiers albums, ce sont les artistes de Bad Taste Factory qui ont fait de véritables peintures. Quand elles ont terminé la couverture du deuxième, Luca s’était déja proposé pour travailler pour moi et j’aime beaucoup plus l’univers de Luca, capable de vous tenir la conversation suivante, comme quoi il a mis des cerveaux dans des aquariums, posés au dessus d’un corps, mais qu’il se disait qu’il manquait quelque chose, qu’il devait rajouter une barbe au cerveau pour que le tableau soit complet. Pour l’anecdote, il a été impossible d’imprimer des T-shirts de The Wrath of Code parce que Luca a utilisé beaucoup trop de couleurs. Aucun imprimeur n’y est arrivé.

 

-Clémence Mesnier

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Un grand merci à Dan Terminus pour ses réponses pertinentes et développées !

 

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