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LIVE-REPORT : EUROCKÉENNES, Samedi 4 juillet 2015, lac de Malsaucy, Belfort (90)

Vacances obligent, c’est en short et tongues que j’arrive sur le Green Room en ce samedi 4 juillet, tout aussi caniculaire que la veille. Eurockéens et eurockéennes lézardent ici et là sous l’ombre des bosquets et récupèrent d’une nuit torride (au 1er sens du terme !) dans les hamacs mis à leur disposition.

Je me sens moi-même d’humeur flemmarde. D’ailleurs, j’ai fait l’école buissonnière en manquant les premiers concerts. Je démarre donc mon programme avec les 2 sœurs franco-cubaines, Ibeyi. Mise en scène minimaliste, les jumelles cultivent leurs différences : l’une en noire, l’autre en blanc, l’une cheveux libres, l’autre savamment coiffée, leurs personnalités s’affirment mais leur complicité s’affiche en scène dans l’harmonie de leurs voix entrelacées. C’est simple et samplé. Cela donne envie de s’asseoir à la fraiche pour plonger dans leur univers vocal, chose qui reste de l’ordre du fantasme sous le soleil de plomb de cette fin d’après-midi.

Départ pour la grande scène où le mythique Seasick Steve, amis des grands Janis Joplin et Kurt Cobain, s’est installé pour une pure session de Blues tout droit venu du Mississipi. Lui et son batteur font la paire : vieux blue jeans miteux, longues barbes blanches, look de vieux roublards, ils semblent tout droit sorti des Aventures d’Huckleberry Finn. Au fur et à mesure du concert, Seasick Steve sort des instruments de plus en plus improbables : une vieille guimbarde à 4 cordes puis une banjo à 2 cordes pour arriver à des objets de sa propre conception, composée d’une planche à laver, d’un manche de banjo et d’une plaque d’immatriculation rafistolés ensemble. Aux dires de son créateur, cet instrument doté d’une unique corde possède “a sound of shit”. En tous cas, ce son là semble plaire au parterre de plus en plus rempli duquel jaillit régulièrement des giclées d’eau. 3 cordes pour 3 accords, la country blues bien rythmée de Seasick Steve est sans surprise mais vraiment réjouissante. Cela n’empêche pas quelques moments de poésie comme cette chanson d’amour réalisée en tête à tête avec une festivalière montée sur scène pour l’occasion. Auditrice privilégiée qui nous donne une sensation d’intimité tout à fait inattendue. Cependant, lorsque je quitte la grande scène, le naturel est revenu au galop : le batteur est en train d’effectuer une auto-libation avec la bouteille de vin rouge qu’il s’est amené sur scène. On nous le répète assez souvent, par ces fortes chaleurs, il faut s’hydrater et mouiller son corps plusieurs fois par jour !

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Mais vacances seraient imparfaites si je n’allais pas à la plage. J’y trouve un banc entre scène et coucher de soleil sur le lac pour y écouter la fin du concert de Petite Noire. Moment de grâce paisible. Je reste distraite durant une bonne partie du concert plus électrique qu’électronique finalement. J’en retiens l’impression paradoxale d’une langueur pleine de force mais des retrouvailles impromptues finissent de me faire totalement décrocher de la prestation de cette formation pourtant attendue.

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L’extrême chaleur de ces derniers jours commence à se faire sentir. Ma volonté fond comme neige au soleil (ah!ah!ah!). Je boycotte donc les concerts suivants, temps mis à profit pour me mettre à l’ombre et manger un morceau (et on a que l’embarras du choix ; on pourrait écrire un guide du Food truck ici !). C’est donc requinquée que je me rends sur le parterre de la grande scène pour y attendre le très attendu Major Lazer. 20 minutes avant le début du concert, l’espace est plein à craquer. Il faut dire que la formation a laissé un souvenir mémorable lors de leur venue à Belfort en 2013. Si on y ajoute les nombreux curieux (dont je fais partie), cela fait une bonne poêlée de festivaliers prêts à en découdre. On ne peut pas dire que je sois une fan incontestée d’ Electro, Dancehall, Moombahton, Reggae Fusion, Hip-Hop, Soca, Baile Funk, Trap (c’est Wikipédia qui le dit !) mais je salue en revanche leur sens de la mise en scène. Pour résumer un peu : un collectif hybride, 2 animateurs, 4 danseuses survoltées et environ 20000 danseurs de zumba occasionnels mettent tout sens dessus dessous pendant 90 minutes. C’est du grand spectacle, à vrai dire un véritable show à l’américaine avec distributions d’objets divers et variés, canons à serpentins, homme marchant sur la foule dans une bulle entre autres choses, dans un esprit particulièrement festif. A la hauteur de sa réputation, Major Lazer constitue à n’en pas douter l’acmé de ce festival.

Reste encore à clôturer cette 2è journée avec un des autres noms particulièrement attendus aux Eurocks : les Chemical Brothers sont de retour après une dernière prestation remontant à 10 ans ! Les pionniers de l’électro-beat sont passés maîtres dans le show musical et visuel de haut niveau. De façon traditionnelle maintenant et comme un appel, c’est le titre Hey Boy, Hey Girl qui ouvre le bal. Avec un savoir-faire et une expérience que beaucoup doivent leur envier, les Chemical Brothers ont créé une véritable alchimie entre son et visuel. Chaque clip passant sur l’écran géant est en soi une vraie perle de l’art vidéo et interagit avec les nombreux projecteurs et lasers installés sur scène. En revanche, les festivaliers en cette heure tardive semblent rincés. Cela piétine sur ce qu’il reste de la pelouse de Malsaucy, plus que cela ne danse vraiment. Le corps du concert manque de nerf pour pouvoir tenir en haleine celles et ceux qui ont déjà dépensé une énergie folle toute la soirée. Mais en spécialiste, le duo a gardé le meilleur pour la fin. Tout d’un coup surgissent de la pénombre 2 énormes robots comme 2 grands jouets de géants lançant des lasers par les yeux. Un vrai rêve de gosse réalisé pour les grands enfants des Eurocks. L’enthousiasme revient, les yeux brillent, les mains s’envolent. 2 titres de l’album attendu pour le 17 juillet concluent ce qui n’est déjà plus un concert mais une véritable performance dans une apothéose visuelle et sonore.

Il est 3h, les pieds mâchés, on se demande comment on pourra tenir une journée de plus mais on sait pertinemment qu’on y sera pourtant, comme si de rien n’était…voilà le miracle eurockéen !

-Caroline Dreux

Crédits photos : Eric

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